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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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meurtrie. »
    Ont suivi des murmures de colère, des hochements de tête, et une tentative quasi générale pour retourner à l’intérieur de la salle, car nous savions tous qu’une enfant était morte, et tout ce que pouvait ajouter ce docteur nous paraissait sans intérêt. Cependant, le juge ne l’entendait pas de cette oreille, et il a empêché toute retraite, faisant même signe au médecin de poursuivre.
    « L’étendue des blessures, messieurs… euh… internes… et… euh… externes, montre qu’un individu adulte… euh… a appliqué une force considérable. » Hésitation. « Dois-je expliciter les choses, monsieur le juge ? Tous les détails seront consignés dans mon rapport. Il me semble superflu en la circonstance… Fort bien. Contentons-nous de dire que la défunte a trouvé une mort violente en raison de déchirures internes infligées par un assaillant encore inconnu. Et, j’irais jusqu’à dire, contre sa volonté. »
    Une fois de plus, nous avons essayé de passer sur toutes ces horreurs, et de nouveau, nous y avons été ramenés.
    « Il est une dernière chose que je me dois de porter à l’attention du jury, a dit Mr Skinner. Il s’agit de la manière dont elle a été étranglée. L’enfant était jeune, petite et de constitution frêle. Un homme adulte n’aurait eu aucun mal à lui ôter la vie de ses propres mains. Pourtant, la marque sur sa gorge suggère autre chose – et je dois admettre que je n’ai vu cela jusqu’ici que sur des victimes adultes –, il s’agit de l’application d’un garrot. »
    Un mouchoir rouge m’est apparu devant les yeux telle une malédiction.
    Nous sommes rentrés dans la salle du Two Spies et je me suis assis près d’un homme au teint blafard, sans doute un débardeur ou un porteur. Il a fait tourner son chapeau entre ses mains pendant plusieurs minutes, puis, comme les autres, a juré, à l’intention du président du jury comme de tous ceux qui voudraient bien l’écouter, qu’il ne pourrait supporter le discours du docteur une minute de plus, que cela lui suffisait de savoir ce qu’il avait déjà appris sans qu’on lui répète la chose de cent manières différentes dans un jargon médical. Puis la conversation s’est arrêtée sur la façon dont l’enfant était morte, et si le viol était une chose atroce, l’avoir ainsi étranglée mettait toute l’assistance dans une colère terrible. C’était un châtiment qu’on ne pouvait infliger aux femmes et aux enfants. C’était un crime vil et lâche. À la fenêtre, un groupe d’ouvriers et de charretiers s’est mis à parler de rassembler des volontaires – ce qui ne manquait pas – pour aller « chercher le démon qui avait fait ça et s’en débarrasser une bonne fois pour toutes ».
    Le juge semblait comprendre notre émoi, car il a laissé le public exprimer son courroux, menacer le Parlement, les « dix grands » (jugés responsables) et la police (pour ne pas avoir su empêcher ce crime). Puis, dans l’intervalle, après avoir ordonné ses papiers devant lui, le juge s’est éclairci la gorge et a repris :
    « Merci, docteur Skinner, pour ce compte rendu très utile. Messieurs, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de débattre des causes de la mort, de plus, ce sujet dépasse nos compétences. Toutefois, il demeure des éléments dont nous devons nous entretenir. Nous avons entendu la police et le corps médical. En revanche, nous n’avons vu aucun témoin qui aurait pu connaître l’enfant. Qui l’ait aperçue, jouant dans la rue, ou allant à l’église avec ses parents. Cette fillette – belle enfant dont nous ignorons encore le nom, et que personne n’est venu réclamer – demeure un mystère. Elle doit sûrement manquer à quelqu’un ! Sa mère a dû arpenter les rues, se renseigner auprès des hôpitaux et des commissariats ? »
    Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il déclare les débats clos et conclue à un « décès non naturel, infligé par une personne inconnue », et que la salle se vide. Je n’avais pas révélé ce que je savais. J’étais resté assis dans mon coin, à écouter sans broncher. Mais à présent que tout le monde était parti, que je demeurais seul avec le médecin et le juge, peut-être pourrais-je y arriver. Pas devant une foule d’inconnus, mais dans le calme de la salle ou de la cour.
    Le docteur était encore là, il se lavait les mains avec vigueur dans un seau d’eau tout en

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