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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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entendu son pas lourd qui grimpait l’escalier de service. Mr Abrahams s’est à nouveau tourné vers moi. Il a dit qu’il était déçu, même s’il comprenait qu’un homme puisse succomber à la bouteille quand ses nerfs étaient mis à aussi rude épreuve que les miens. Mais cela n’était pas une réponse aux difficultés que je traversais, et il était ennuyé de me voir dans cet état entre les murs de son établissement, l’Aquarium, où tout le monde me tenait en haute estime. J’étais gêné et, sous son regard triste, je me suis mis à balayer le hall, maladroit, puis je suis allé chercher la serpillière et le seau. Je voulais faire pénitence.
    Mrs Gifford m’a bousculé en sortant faire une course. Je n’ai pas revu Pikemartin de la journée, et quand Conn est passé chercher la seconde bouteille d’Old Tom, j’ai su où il s’était réfugié. Il m’est donc revenu d’éteindre les lumières de cet étrange endroit, en commençant par le dernier étage, et en tâchant de ne pas prêter attention aux sanglots de Pikemartin, ni de voir des ombres là où il n’y en avait pas. J’arrivais de la galerie de cires quand on a frappé à la porte d’entrée principale, une série de coups, suivie d’un véritable martèlement qui a fait bondir mon cœur dans ma gorge.
    Will et Trim se tenaient sur les marches telle une paire de serre-livres, rayonnants, le souffle court.
    « Va chercher ton pardessus, Chapman ! s’est écrié Trim. Et vite ! On a retrouvé Brutus et Néron ! »
    Will m’a pris le bras et m’a emmené dans la rue, véritable moulin à paroles.
    « Ne lui donne pas trop d’espoir, Trim, c’est vrai, Bob, nous avons eu vent d’une rumeur selon laquelle des chiens qui ressembleraient aux tiens se trouveraient dans un établissement de bas étage tout près d’ici.
    — S’il s’agit de voleurs de chiens professionnels, a repris mon ami auteur, je pense que tu peux même les poursuivre. Il faudrait que tu en parles à mon avocat, Carpenter. Il s’occupera de tout. »
    Ils étaient dans un tel état d’excitation, chacun me tenant un bras, m’entraînant de-ci, de-là, par les longues rues sombres de l’hiver, répétant à qui mieux mieux combien ils étaient heureux de leur découverte et que ces deux chiens adorables soient enfin retrouvés, que je me suis laissé aussitôt gagner par leur optimisme, au point de friser le délire.
    « Ça y est ! s’est exclamé Will. Il sourit pour la première fois depuis des semaines, Trim ! »
    Oui, et si j’avais pu crier ma joie, chanter, je serais grimpé sur un réverbère, risquant l’arrestation, et je me serais rendu complètement ridicule ! Je me sentais si euphorique, ivre de bonheur, que je n’ai prêté aucune attention à la direction que nous avions prise, jusqu’à ce que nous commencions à marcher dans la boue, le long de la palissade qui bordait l’immense tranchée du chemin de fer, et que Trim m’attrape le bras pour me montrer l’affiche du Royal Crown Theatre.
    « Et voilà, Bob ! Ton nom, et plus important, celui de tes talentueux compagnons, volés en vain ! Quelqu’un t’a pris tes chiens, ton nom et aussi ton spectacle !
    — J’ai déjà vu arriver ce genre de choses. Un jour, une espèce de terreur s’est fait passer pour moi dans un établissement minable : il se faisait appeler Bill Lovegrope, ou quelque chose comme ça ! Quelle impudence ! »
    J’étais effondré et j’ai failli en pleurer, là, dans cette rue. Mes amis ne comprenaient pas pourquoi je leur montrais mon nom et ceux de Brutus et Néron, inscrits sur cette affiche battant au vent, tout en secouant la tête. Il y avait des semaines qu’on les avait collées là, aucune date n’apparaissait (c’est toujours comme ça – encore un truc de bonimenteur). Comment auraient-ils pu savoir ?
    Mais Trim refusait d’abandonner cette piste.
    « Je sais bien que ça semble être une coïncidence, a-t-il fait avec chaleur en me poussant plus loin, mais crois-moi, j’invente des coïncidences tous les jours, et ça arrive qu’elles se produisent dans la réalité ! Allons donc jeter un coup d’œil à ce théâtre pour les prendre sur le fait, tu vas voir. »
    Comment ces affiches avaient-elles pu survivre aux intempéries, ne pas être recouvertes d’un nouveau placard, je n’en avais pas la moindre idée, mais une chose était certaine, elles n’avaient pas bougé depuis la dernière fois où je

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