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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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l’occasion, partageant sa bouteille. Mais à présent, il se comportait comme si tout cela n’était jamais arrivé. Il a bondi en repoussant ma main avec rage, puis s’en est pris à Barney. Le garçon l’a esquivé en se cachant derrière moi, effrayé, alors Pikemartin a voulu se jeter sur nous, à grands moulinets de bras et de poing, nous hurlant des injures en pleine figure. C’était des coups d’ivrogne, faciles à éviter, mais les mots, c’était autre chose.
    « Vous savez pas ce qu’on me fait faire, soyez damnés tous les deux ! À quoi on m’oblige ! Ah, toi et les saloperies de ton père ! »
    Barney a aussitôt réagi : il ne pouvait supporter qu’on attente à la mémoire de son père.
    « Vous savez rien sur mon père ! Il a été piégé, tout le monde sait ça ! »
    Pikemartin s’est essuyé les lèvres d’un revers de main en chancelant.
    « Ouais, mais est-ce que tout le monde est au courant pour les photos ? Hein ? Et ce qu’on a fait à ces petites filles ? Hein ? Ce que je dois voir, chaque fois qu’on m’envoie là-bas ! C’est ton père qu’a lancé l’affaire ! Sois maudit, George Kevill ! J’espère que tu grilles en enfer ! »
    Alf Pikemartin était blanc comme un linge, les yeux injectés de sang, l’écume au coin des lèvres. Luttant contre les effets de l’alcool et le désespoir, il vacillait, et c’est alors que nos regards se sont croisés et que le monde s’est arrêté de tourner. Si à cet instant il m’avait flanqué un bon coup dans la mâchoire, je ne l’aurais pas ressenti avec plus d’intensité. S’il m’avait exposé les choses avec simplicité, clarté, me les avait répétées encore et encore, jusqu’à ce que je comprenne, cela ne m’aurait pas éclairé davantage. Car à ce moment-là, j’ai su que c’était lui, l’homme de l’étable. Celui qui prenait les photos. Avait enveloppé le cadavre de la fillette dans le tapis pour le dissimuler sous le plancher, puis plus tard était allé le déposer dans le tunnel, où les forçats l’avaient trouvé. Il avait hérité de la place de George Kevill, et cela le rendait fou.
    Il s’est à nouveau essuyé la bouche en titubant.
    « Écoute donc ça, Bob Chapman ! Tu crois que c’est la fin du monde parce qu’il t’a pris tes clébards ? Regarde-moi un peu ! Il m’a pris mon âme ! Et maintenant, il veut ma fille ! »
    C’est donc ainsi que procédait le Grand Méchant. Il avait menacé George Kevill de… de quoi ? De s’en prendre à son fils ? De le tuer ? S’il ne faisait pas ces photographies et ne se débarrassait pas des corps. Et comme George avait tenté de se rebiffer, qu’il avait écrit une lettre, ou tout raconté à quelqu’un, il l’avait piégé, et lui avait fait danser la gigue du pendu. Mais il restait les photographies – étaient-elles perdues ? détruites ? – et le Grand Méchant était prêt à tout pour s’en emparer. Même à détruire la vie d’un homme, à le rosser, lui prendre son gagne-pain, lui voler ses chiens. À terrifier le jeune Barney. Et Pikemartin était prisonnier du même engrenage destructeur. Menaces, chantage, qui pouvait savoir à quoi il devait se soumettre pour se protéger, lui et sa fille Em ?
    Nous aurions pu rester plantés jusqu’au Jugement dernier si Mrs Gifford n’était arrivée d’un pas pressé. Toujours affairée, entre deux endroits, deux commissions, elle nous est presque tombée dessus, s’arrêtant juste à temps. Un petit attroupement s’était assemblé autour de nous, car Pikemartin semblait prêt à en découdre, et que la population londonienne est toujours prête à assister à une bagarre. Mais Mrs Gifford ne pouvait le tolérer et, faisant fi de toute prudence, elle a attrapé Pikemartin par le coude.
    Toutefois, il semblait impossible de le raisonner. Il l’a repoussée sans ménagement, a reculé en vacillant d’une demi-douzaine de pas, puis, nous toisant à nouveau, Barney et moi, il s’est précipité sur nous dans un terrible hurlement, et je suis sûr qu’il nous aurait tous les deux envoyés au tapis si un costaud d’ouvrier ne s’était interposé entre nous en s’excusant, et n’avait décoché à notre agresseur un formidable coup de poing dans la mâchoire, qui l’a tout de suite mis par terre.
    « C’est pas un spectacle pour les dames et les mioches. C’est lui qui vend les tickets à l’Aquarium, pas vrai ? »
    Il a hissé l’homme

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