La grande Chasse
« auxiliaires féminines », la tête enserrée du cintre qui supporte l'écouteur. Les postes de radar échelonnés le long de la côte leur signalent les incursions de l'aviation ennemie, la position et la direction de ces forces. Par un moyen de projection lumineuse, elles reportent ces indications sur la carte divisée en carrés. D'autres auxiliaires enregistrent la position de nos propres formations de chasse, situées grâce au procédé Y, et la reportent également sur la carte.
Devant la paroi de verre, se dresse une seconde estrade équipée de microphones et d'un tableau qui permet de passer sur-le-champ d'une fréquence à une autre. C'est de cet observatoire que chacune de nos formations est dirigée séparément par un contrôleur dont les ordres sont transmis directement par ondes ultra-courtes. Les renseignements portés sur la carte donnent ainsi à chaque instant une image exacte de la situation.
Dominant le tout, le « trône » du commandant de la division aérienne, qu'assistent le chef des opérations et celui du service des renseignements. Un immense tableau de contrôle combiné avec un petit standard téléphonique permet de centraliser toutes les liaisons radio, bélino et téléphoniques de la région divisionnaire. Un bureau voisin transmet au grand patron les observations des postes de météo, après en avoir traduit le jargon scientifique en indications nettes et compréhensibles.
Au-dessus de cette salle, deux étages abritent les directions techniques et tactiques, ainsi que le service du personnel.
Quelque mille officiers, sous-officiers, soldats, ingénieurs, météorologues, et une centaine de (plus ou moins) jolies filles assurent le fonctionnement du centre de contrôle, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Les pilotes de chasse — ceux qui se battent — ont déjà trouve un surnom pour cette véritable usine. Ils l'appellent « la Pieuvre ».
18 août 1942.
Au cours des deux mois précédents, j'ai accompli plus de deux cents vols d'essais. Parfois, ces sorties ont failli se terminer par une catastrophe. Plusieurs fois, nous avons été pris en chasse, au-dessus de l'embouchure de l'Escaut, par des formations largement supérieures de Spitfire. Je ne sais pas très bien moi-même comment nous avons toujours réussi à leur échapper.
Les résultats obtenus avec le procédé Y sont extrêmement encourageants. Bientôt, tous les appareils de chasse engagés sur le front de l'ouest seront équipes de postes à ondes ultra-courtes.
En outre, on va entreprendre la construction d'autres centrales de contrôle au sol, à Stade, Metz, Munich, Vienne et Berlin.
Manifestement, le Haut Commandement de la Luftwaffe s'attend, depuis l'entrée en guerre des Etats-Unis, à une intensification des attaques aériennes contre le territoire du Reich.
2 octobre 1942.
Il y a quelques mois, nos Messerschmitt 109 E ont été remplacés par une version améliorée, le 109 F. Il y a quelques jours, nous avons vu arriver les premiers appareils de la série G. Ils représentent un progrès énorme. Le Me 109 G, surnommé « Gustave », est nettement supérieur au Spitfire.
En une seule sortie, le fameux capitaine Marseille, à bord d'un « Gustave » a abattu seize Spitfire. Un chiffre qui se passe de commentaires.
Il y a environ un mois, Marseille reçut, des mains du Führer, les brillants pour les feuilles de chêne et glaives de sa croix de chevalier, à l'occasion de sa 150e victoire dans le ciel d'Afrique.
Et puis, le 30 septembre, Hans-Joachim Marseille a trouvé la mort au-dessus d'El Alamein. Il venait de descendre son 158e adversaire quand, brusquement, son « Gustave » prit feu. Il essaya de sauter, mais fut projeté, par le vent, contre l'empennage. Des camarades qui assistèrent à sa chute le retrouvèrent, mort, dans les dunes brûlantes du désert...
Or, aujourd'hui, quelques heures après l'annonce de mort de Marseille, s'est produit un accident bizarre.
Vers midi, je m'étais envolé, escorté par l'adjudant Wenneker, pour tenter d'intercepter un Mosquito de reconnaissance qui se promenait dans la région d'Oldenbourg.
Wenneker volait derrière moi, légèrement plus bas. Comme nous arrivions à l'altitude de 4 000 mètres, je constatai tout à coup qu'il avait disparu.
Je l'appelle, à plusieurs reprises. Pas de réponse.
Soudain, j'aperçois, au beau milieu de la lande, un brasier surmonté d'une fumée noire. Pas de doute, c'est l'appareil de
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