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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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un scientifique allemand, le D r  Gerhard
Schrader, découvrit le Tabun, un neurotoxique dont la nocivité
surpassait les gaz utilisés pendant la Grande Guerre. D’autre part, il est
frappant de constater que lors de la guerre qui opposa, entre 1980 et 1988, l’Iran
et l’Irak, l’ Ypérite, ou sulfure d’éthyle dichloré, fut en tonnage l’agent
chimique le plus utilisé par les belligérants. De plus, il ne suffisait pas de
synthétiser une substance chimique nocive, encore fallait-il être en mesure de
la « militariser ». Il convenait en effet d’élaborer un système d’arme
dans lequel les facteurs de dissémination des toxiques se révélaient
extraordinairement complexes. D’une manière générale, et si l’on excepte la
bombe Livens, les ingénieurs ne parvinrent pas à mettre au point une
munition satisfaisante du point de vue de la dissémination. Cela eut pour effet
de limiter de manière significative le potentiel des agents chimiques. Ce
palier technique ne fut d’ailleurs véritablement atteint qu’après la Seconde
Guerre mondiale.

CHAPITRE VIII

Guerre chimique, guerre d’attrition
    « If the Hun lets off some gas ;
Never mind.
If the Hun attacks in mass,
Never mind.
If your dug-out’s blown to bits,
Or the C.O.’s throwing fits,
Or a crump your rum jar hits,
Never mind.
    Minor Worries, dans Wipers Times, 1 er  mai 1916.
    Si les deux premières années de la guerre chimique avaient
été caractérisées par des développements scientifiques tenant plus de l’artisanat
éclairé que de la science appliquée, la période qui s’ouvrit en 1917 fut celle
de l’entrée des hostilités chimiques dans l’ère technico-industrielle. Cette
évolution fut à la fois quantitative et qualitative. De fait, au cours de l’année
1917, non seulement la quantité de substances chimiques utilisées sur le champ
de bataille augmenta de manière impressionnante (+ 130 % en tonnages
entre 1917 et 1916) mais on vit également apparaître des agents toxiques aux
propriétés véritablement infernales, dont l’ypérite ou gaz moutarde, qui allait
devenir le plus terrible symbole de cette « guerre dans la guerre »
que constituèrent les hostilités chimiques. En 1915, les initiateurs de la
guerre chimique pensaient que cette arme nouvelle permettrait d’atteindre des
objectifs interdits aux formes conventionnelles de la guerre, et
particulièrement de parvenir à percer les lignes de défense ennemies. Sauf
circonstances exceptionnelles, les combats révélèrent que ces espoirs étaient
largement déplacés. En conséquence, et à défaut de pouvoir faire gagner la
guerre, l’arme chimique allait devenir l’arme de l’attrition, du harcèlement,
de l’usure. L’ypérite concentrait en quelque sorte les affres de la guerre des
tranchées. En ce sens, elle devenait la figure emblématique de cette course à l’épuisement
mutuel que fut la Grande Guerre…
L’ypérite, gaz de la guerre d’usure
    Au mois de juillet 1917, un nouvel agent chimique de la
famille des vésicants vint bouleverser les certitudes acquises depuis le début
du conflit dans le domaine de la guerre chimique. Si la période qui s’étendit d’avril 1915
à juillet 1917 avait vu une extension graduelle de l’utilisation militaire
des gaz de combat, leur efficacité relative ne cessait de décroître, reléguant
l’arme chimique au rang d’un auxiliaire. Cette situation tenait bien évidemment
aux constantes améliorations apportées aux masques respiratoires, ainsi qu’à la
discipline toujours plus stricte que les fantassins devaient adopter face aux
gaz. Les agents chimiques qui furent employés entre 1915 et juillet 1917
devaient, pour produire leurs effets, être inhalés et, pour la majeure partie d’entre
eux, étaient non persistants. Aussi, revêtus de leurs protections
respiratoires, les hommes étaient saufs. Le seul facteur qui autorisait une
offensive chimique efficace était donc la surprise. Dès la fin de l’année 1916,
on assista à une relative neutralisation des vecteurs de la guerre chimique par
les moyens de protection passive les plus récents. Ainsi, Sir Douglas Haig
notait dans un rapport daté de décembre 1916 : « Il est assez
satisfaisant de constater (…) que si l’ennemi a subi de lourdes pertes à la
suite de nos attaques par les gaz, nos matériels de protection ont permis de
nous protéger efficacement des toxiques de l’adversaire. » [569]
    Dans ces

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