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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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Stuttgart,
avait pourtant rejoint l’équipe du KWI pour travailler sur ces questions.
Malgré ce renfort, les chimistes allemands ne parvinrent pas à résoudre
complètement ces problèmes. Comme le soulignait le major-général Foulkes :
« Il n’y a aucun doute sur le fait que l’ennemi surévalua le potentiel des
obus croix bleue ; leurs effets sur nos troupes furent
insignifiants et je ne crois pas que ces munitions aient causé la mort d’un de
nos fantassins. » [548] Ce constat s’explique
largement quand on sait que le poids relatif de la substance chimique délétère
dans les munitions croix bleue était particulièrement faible. Pour
l’obus de 77 mm, ce poids s’élevait à 1,6 % du poids total de la
munition ; pour le 105 mm, 2,6 % et 2,2 % pour le 150 mm [549] .
Pour toutes ces raisons, cette substance, potentiellement intéressante, fut
largement gaspillée [550] et les 10 millions d’obus tirés entre 1917 et la fin du conflit sans
véritables effets.
    Lors de l’offensive allemande du 21 mars 1918
(Michael), des obus croix bleue furent tirés de manière extensive
pour la première fois. Toutefois, lors de circonstances très exceptionnelles, c’est-à-dire
lorsque les concentrations efficaces étaient atteintes, ces munitions se
montrèrent particulièrement pernicieuses : le 27 mai 1918, la 21 e  division
britannique fut soumise, dans la région du Chemin des Dames, à un bombardement
intensif d’obus croix bleue. Après le pilonnage, les hommes
présentèrent les symptômes suivants : pour les plus légèrement atteints, « une
perte importante de tonus et un effondrement de la résistance physique des
hommes » [551]  ;
quant à ceux qui avaient été contraints d’ôter leur masque, ils présentaient
les signes de l’empoisonnement par le diphosgène.
    Les chimistes britanniques, français et américains menèrent
également des travaux sur les arsines. À l’automne 1917, les autorités
britanniques demandèrent à quelques industriels de la chimie (Nobel’s
Explosives, May and Baker et Wellcome) de fournir aux armées des échantillons
de chlorure de diphénylarsine (nom de code DA). Mais, pour des raisons
techniques, l’industrie chimique se révéla vite incapable de répondre à cette
demande. Devant ces difficultés, Sir William Pope recommanda le dichlorure
de triphénylarsine (nom de code TD). Quand les premiers échantillons furent
disponibles au début du printemps, les tests révélèrent que le TD était
inapproprié à un usage militaire. Le 6 mai, le MoM prit donc la décision d’abandonner
le TD et décida la construction d’une usine à Sutton Oak pour produire du
chlorure de diphénylarsine [552] . La production
débuta vers le 20 juin 1918 et près de 61 t de DA furent
produites jusqu’à l’armistice [553] .
    Les chimistes britanniques portèrent leur attention sur le
chlorarsine de diphénylamine ou Adamsite [554] (nom de code DM)
dont la production était beaucoup plus aisée que celle du DA. Ils se heurtèrent
néanmoins au même problème que les Allemands avec l’obus croix bleue, à savoir la mise au point d’un thermo-générateur susceptible de créer des
nuages de micro-particules capables de déjouer les masques respiratoires
allemands. Les essais britanniques [555] permirent
néanmoins d’entrevoir des résultats prometteurs [556] , qui n’eurent
pas le temps d’être confirmés par une utilisation opérationnelle.
Les agents létaux
    La particularité des agents létaux tenait au fait que leurs
qualités étaient liées à leur toxicité. Aussi, chaque nouvel agent surpassait
en nocivité le précédent, au terme d’une véritable escalade à la toxicité.
    Nous avons déjà évoqué le chlore, le phosgène ainsi que le
diphosgène [557] ,
qui furent les principaux suffocants utilisés tout au long de la guerre. Un
quatrième suffocant, auquel nous avons déjà fait allusion, était la
chloropicrine. Au moment de son introduction sur le champ de bataille, elle
présentait l’insigne avantage de passer au travers des masques respiratoires
les plus récents ; aussi sa production fut rapidement entreprise par l’ensemble
des belligérants. La chloropicrine était un suffocant lacrymogène qui avait la
particularité d’être mortel à des concentrations relativement faibles. Sa
synthèse était aisée et le produit fini se présentait sous la forme d’un
liquide qu’il était facile de stocker dans la

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