La grande guerre chimique : 1914-1918
officier (officier ZP) [710] ayant suivi le « Cours
spécial des gaz » et chaque division, d’un officier ayant assisté à ce
même cours, chargé de tous les aspects défensifs contre les gaz. À partir d’avril 1916,
le ministère de la Guerre approuva le contenu d’une « notice sur la
protection contre les gaz asphyxiants » [711] qui fut dès lors
largement diffusée dans les armées et périodiquement mise à jour.
En 1917, entre six et neuf Anti-Gas Schools britanniques
étaient en activité sur le territoire français. À la fin de la guerre, elles
avaient formé près de 1,5 million de soldats de divers rangs.
Les Allemands disposaient également d’une formation à la guerre
des gaz dispensée à Berlin par l’équipe du KWI à des officiers de l’armée. Dans
l’armée allemande, jusqu’à l’automne 1916, les aspects défensifs étaient
gérés par les services médicaux militaires. De fait, les Stabs-Offizier Gas ou
Stogas, présents dans chaque corps d’Armée, étaient responsables au sein des
services médicaux de la distribution et de la formation au port des protections
respiratoires. Mais les graves négligences dans le domaine défensif constatées
lors des incidents du début du mois d’avril 1916 près de Hulluch
conduisirent à une réforme des services allemands de défense chimique. Un
Stabs-Offizier Gas de la VI e armée allemande du nom de Fuchs
émit de sérieuses mises en garde au cas où de nouvelles attaques chimiques
alliées viendraient à se déclencher et un rapport du P r Haber
vint confirmer les graves lacunes de la défense chimique allemande. L’OHL
décida donc de promouvoir, au sein de chaque armée, les Stabs-Offizier Gas à un
grade supérieur et de doter chaque division d’un officier responsable de la
défense chimique [712] .
Fin 1916, les effectifs des services allemands de défense chimique comptaient
plus de 250 personnes.
La qualité des défenses chimiques dépendait également de la
capacité des belligérants à identifier rapidement les substances utilisées par
l’ennemi pour être capables, si besoin était, de modifier le contenu des
cartouches filtrantes des protections respiratoires. Les Britanniques
disposaient d’un laboratoire central, situé à Saint-Omer, en liaison permanente
avec le DGS. Il fut dirigé par le colonel W. Watson, puis par B. Mouat
Jones. Il comprenait une trentaine de chimistes et disposait d’un matériel de
pointe lui permettant de mener toutes les investigations scientifiques
nécessaires avec célérité. Ses travaux se révélèrent particulièrement
fructueux. Les Français disposaient de structures équivalentes avec les centres
médicaux-légaux dirigés par le P r Kling. Ces centres mettaient
en œuvre trois laboratoires mobiles qui étaient répartis entre les trois
groupes d’Armées. Le compte rendu des travaux considérables menés par l’équipe
de M. Kling est aujourd’hui conservé au SHAT à Vincennes [713] .
Le traitement médical des gazés
D’un point de vue médical, les premiers développements de la
guerre chimique prirent les médecins militaires de court [714] . Il s’agissait
de pathologies nouvelles auxquelles on ne connaissait pas grand-chose. Il
fallut attendre le printemps 1916 pour que des méthodes de soins
véritablement appropriées vissent le jour.
Avant cette date, les traitements relevaient plus de l’improvisation
que d’une véritable approche thérapeutique. Les documents médicaux français de
la fin de l’année 1915 sont particulièrement éloquents à ce sujet. Ils
préconisaient dans les cas d’intoxication graves « des saignées générales » [715] ou « des révulsions thoraciques par ventouses » [716] . Les gazés n’étaient
pas séparés des autres blessés et les seuls soins prodigués consistaient en un
repos prolongé dans un lieu aéré propice à la guérison des poumons.
Dès septembre 1915, les postes de première urgence du 7 e corps
de l’armée allemande avaient été dotés de bouteilles d’oxygène pressurisé.
Cette mesure fut rapidement étendue à toutes les unités de l’armée allemande et
fut également adoptée par la plupart des belligérants. Les premiers manuels
médicaux virent le jour au début de l’été 1916 [717] . À cette date,
suffisamment d’expérience avait été accumulée en matière de pathologies liées à
l’inhalation de chlore ou de phosgène pour que le corps médical soit en
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