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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918
Autoren: Olivier Lepick
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qui caractérisait cette chronique des réalisations scientifiques
nationales, ce parti pris obérait quelque peu l’intérêt historique de la
publication.
    L’après-guerre fut marqué par la profusion de publications
allemandes. Il importait en effet aux autorités allemandes de se justifier face
aux accusations alliées, consacrées implicitement par le traité de Versailles,
qui rejetait sur l’Allemagne la responsabilité du déclenchement de la guerre
chimique. L’ouvrage du général Max Schwarte, quoique rédigé sans beaucoup
de recul puisqu’il fut publié en 1920, fut l’une des premières études sérieuses
traitant de la dimension chimique du conflit qui venait de s’achever [11] .
Toutefois, cette monographie était marquée au sceau de la controverse
franco-allemande de l’immédiat après-guerre à propos de l’identité de l’initiateur
de la guerre chimique. En fait, l’intérêt de l’ouvrage du général Schwarte
tient essentiellement à la description du programme chimique allemand. Quelques
années plus tard vint l’ouvrage de Rudolf Hanslian [12] , dont la première
édition fut publiée en 1925. Cette étude est d’autant plus précieuse qu’elle
utilise un bon nombre de sources allemandes aujourd’hui disparues. En dépit de
quelques imprécisions et d’omissions inexplicables, Rudolf Hanslian et ses
collaborateurs rédigèrent là une contribution majeure, véritable bible dont les
conclusions furent reprises, souvent sans examen critique, par la plupart des
historiens jusqu’au début des années 70. Rudolf Hanslian publia également,
quelques années plus tard, une monographie consacrée à l’attaque allemande du
22 avril 1915 [13] .
Si l’on excepte les travaux de Augustin Prentiss [14] , auteur, en 1937,
d’un ouvrage consacré à la guerre chimique contenant quelques statistiques
intéressantes mais d’autres complètement farfelues, la plupart des auteurs de l’entre-deux-guerres
reprirent servilement les informations contenues dans les ouvrages de Schwarte
et Hanslian. Seul le chef d’escadron Paul Bloch, dans une série d’articles
publiée dans la Revue militaire française, aborda superficiellement le
thème de l’arme chimique [15] . Il était clair
que les autorités françaises ne souhaitaient pas voir divulguer des
informations sur un sujet aussi sensible et si directement lié à la sécurité du
pays. En conséquence, les archives de l’armée française demeurèrent
inaccessibles. La guerre froide relança l’intérêt des militaires pour les armes
chimiques. Au début des années 50, le Pentagone, inquiet de voir l’Union
soviétique se doter d’un arsenal chimique important, commandita une série d’études
confidentielles consacrées à la menace chimique. L’un de ces travaux, confié à
Dorothy Clarck de l’Université John Hopkins, avait trait à l’efficacité
tactique réelle des armes chimiques sur le champ de bataille de la Grande
Guerre [16] .
Ce document, commandé par l’ US Army, demeura confidentiel jusqu’à une
période récente. Au milieu des années 70, un historien américain, Ulrich
Trumpener, décida, dans un article publié dans The Journal of Modern History [17] ,
de se pencher sur la question délicate de l’identité réelle de l’initiateur de
la guerre chimique. La brillante contribution de M. Trumpener constituait
la première véritable étude universitaire consacrée à cet aspect du conflit. L’étude
apportait enfin, au terme d’une démarche dénuée de toute passion partisane, un
regard serein et rigoureux sur les premiers mois du conflit chimique. Quelques
années plus tard, Ludwig Friedrich Haber, historien et fils du P r  Fritz
Haber, publiait ce qui constitue à ce jour la meilleure monographie consacrée à
la guerre des gaz. La seule critique que l’on puisse émettre à l’égard de cet
ouvrage tient dans l’absence relative de sources d’origine française. Cette
carence explique largement les inexactitudes et les jugements quelque peu
excessifs portés à l’encontre du programme de guerre chimique français [18] .
    En définitive, l’historiographie de la guerre chimique se
caractérise par son extrême pauvreté. À l’évidence, la sensibilité politique et
militaire de cet aspect du conflit, qui poussa les autorités militaires des
États concernés, et en particulier la France, à repousser longtemps l’ouverture
des archives, contribua directement à cette situation.
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