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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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constituer une brigade. Pour
enrôler les 2 000 hommes nécessaires, le major Foulkes initia, dès le
mois de mars, une importante campagne de recrutement dans toute la Grande-Bretagne.
À la fin février, Foulkes constitua un cinquième bataillon composé de quatre
compagnies. Cette unité était plus spécialement chargée de délivrer les gaz
toxiques au moyen du Stokes Mortar [408] , un mortier de 4 inches
(101,6 mm) mis au point par Wilfred Stokes en 1914 [409] . Ce système,
dont la charge pouvait être mise à feu en la laissant tomber dans le tube du
mortier, présentait l’avantage de permettre des cadences de tir élevées. Servi
par des hommes aguerris, le mortier permettait de tirer quinze projectiles
avant que le premier ne touchât le sol [410] . Les munitions
pouvaient contenir deux litres de toxique liquide (chlore ou phosgène). Foulkes
ne parvint pas à obtenir ces munitions en quantité suffisante avant le mois d’août 1917,
aussi le mortier Stokes fut-il essentiellement employé, jusqu’à cette date, à
délivrer des fumigènes. Par la suite, près de 180 000 projectiles
chimiques Stokes furent tirés par les forces britanniques. Ils pouvaient
contenir indifféremment de l’iodacétate d’éthyle, de la chloropicrine ou du
phosgène.
    En 1915, les Britanniques s’étaient tournés vers le chlore,
seul gaz immédiatement disponible et dont la production industrielle ne posait
pas, à court terme, de problèmes insurmontables. Pourtant, dès le mois de juin
de la même année, des essais débutèrent avec le phosgène qui reçut le nom de
code « White Star ». Des problèmes techniques dans l’unique usine de
production, située à Calais, retardèrent son utilisation sur le front. Foulkes,
qui entendait délivrer ce toxique sous la forme d’un nuage dérivant, avait noté
la tendance du phosgène, beaucoup plus léger et volatile que le chlore, à s’élever
trop rapidement au-dessus du sol. Parvenant à la même conclusion que les
chimistes allemands, il décida d’utiliser un mélange de chlore et de phosgène
dans des proportions à peu près égales [411] . C’est au moment
où le major Foulkes envisageait d’inaugurer ce nouveau mélange toxique que de
profonds bouleversements intervinrent dans la structure des services militaires
britanniques dévolus à la guerre chimique. Jusqu’au début de l’année 1916, les
services chimiques offensifs et défensifs étaient strictement distincts. Les
premiers étaient placés sous la juridiction de l’état-major tandis que les
seconds dépendaient du Medical Service. De tous bords, on s’accordait sur la
nécessité d’unifier ces départements mais personne ne parvenait à déterminer
lequel de ces services allait absorber l’autre. Foulkes était bien évidemment
partisan de l’absorption de la branche défensive par la Special Brigade [412] .
L’état-major trancha et décida, le 25 janvier 1916, de regrouper les
deux services au sein d’une nouvelle entité baptisée Gas Services. En mars, sa
direction fut confiée au brigadier-général Thuillier (Director of Gas
Services ou DGS), Foulkes devenant Assistant Director of Gas Services pour les
aspects offensifs. Enfin, le colonel S. L. Cummins du Royal Army
Medical Corps prit la direction de la branche défensive, avec la même position
hiérarchique que Foulkes [413] . Cette nouvelle
organisation laissait toutefois à Foulkes une totale latitude opérationnelle ;
seule entrave aux initiatives du major Foulkes, la naissance, aux termes de
cette réforme, d’une multitude de commissions civiles composées de
scientifiques et de politiques, dont la plus importante était le Scientific
Advisory Committee. En effet, ces commissions comprenaient un certain nombre de
farouches détracteurs de l’arme chimique. De plus, à cette date, ces voix
commençaient déjà à trouver un écho favorable au sein des plus hautes sphères
politiques et militaires. Dans un mémorandum daté de mars 1916 dans lequel
Kitchener exposait son opinion à l’égard de l’arme chimique, ce dernier se
montrait extrêmement tiède : « (…) dès juin, la guerre des gaz devra
probablement être abandonnée (…) dans la mesure où les moyens de défense qui
seront mis en œuvre annihileront les effets des substances chimiques (…) et que
le moment de surprise sera révolu. » [414] La désillusion
de Loos faisait son effet. Ce n’était évidemment pas l’avis du major

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