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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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Foulkes
qui continuait inlassablement à promouvoir l’action de ses unités et l’efficacité
des gaz de combat.
    Dans le cadre de l’offensive prévue sur la Somme au début de
l’été 1916, Foulkes dépêcha sept Cylinders Companies ainsi que trois
Stokes Mortar Companies auprès de la IV e  armée britannique,
commandée par le général Rawlinson qui, entre Hebuterne et Maricourt,
devait conduire l’assaut principal. Une émission majeure du nouveau mélange
chlore-phosgène (White Star) devait être réalisée en prélude de l’offensive
générale. Les chimistes de la Special Brigade avaient exprimé le souhait de
pouvoir disposer pour l’ensemble de ces opérations de 32 000 cylindres.
Cependant, à la date du 10 juin, seuls 16 600 d’entre eux étaient
parvenus sur le front. En outre, un grand nombre de ces cylindres s’avérèrent
défectueux et durent être remplacés par des modèles plus anciens contenant
uniquement du chlore [415] .
Au fur et à mesure que le matériel arrivait sur le front, les Special Companies
commençaient, tâche exténuante, à installer les cylindres en premières lignes. À
partir de l’été 1916, les problèmes de fabrication industrielle des
cylindres furent finalement résolus. De plus, un service de reconditionnement
des matériels déjà utilisés fut mis en place entre la France et la
Grande-Bretagne et la pénurie de cylindres prit fin à l’automne. Plus le jour
de l’offensive approchait, plus Foulkes semblait réaliser que ses espoirs de
voir les gaz jouer un rôle déterminant dans les opérations à venir n’étaient
pas partagés par Haig et Rawlinson [416] . En outre, les
hommes de Foulkes rencontraient des réticences de plus en plus vives de la part
des commandants d’unités. Ces difficultés étaient en partie motivées par l’escalade
toxique que représentait le passage du chlore au phosgène ; escalade qui,
d’une part, révoltait beaucoup d’officiers britanniques et, d’autre part, leur
faisait craindre pour la santé de leurs hommes. Plus préoccupant encore,
Foulkes apprit bientôt que le général Rawlinson entendait libérer les gaz
dès que les vents seraient favorables, c’est-à-dire dans le cadre des
opérations préparatoires, et non lors de l’offensive principale. Les plans
chimiques des opérations sur la Somme sacrifiaient ainsi à la fois l’élément de
surprise, et la possibilité d’exploiter immédiatement par une attaque de l’infanterie
les ravages éventuels causés par le chlore et le phosgène. En d’autres termes,
le nuage gazeux dérivant serait cantonné dans un rôle auxiliaire lors des
bombardements qui précéderaient l’offensive.
    Le 20 juin 1916, Rawlinson donna l’ordre aux
commandants de corps de relâcher les gaz dès que les vents seraient adéquats.
Cela ne fut pas possible avant la fin du mois de juin. Le 27 juin, le général Allenby
de la III e  armée, fort impatient après plusieurs reports, ordonna
que « le gaz soit libéré le plus tôt possible, de nuit ou de jour, dès qu’un
vent favorable se manifesterait » [417] . Il semblait en
effet que de nombreux chefs de corps étaient pressés de se débarrasser des
substances chimiques disposées dans leurs lignes et cela même s’il fallait « gaspiller »
cette opération. Même le général Rawlinson, qui s’était montré
particulièrement enthousiaste à l’égard des gaz à l’automne 1915, avait
révisé son jugement. Il écrivait ainsi le 26 juin : « Nous
devons nous débarrasser des gaz puis entamer les bombardements préliminaires. » [418] Et, de fait, la
IV e  armée termina de libérer ses nuées toxiques dans la nuit du
27 au 28 juin 1916, soit quatre jours avant le début de l’offensive
générale. Il était évident que, dans cette mesure, les émissions de gaz n’eurent
aucun effet tangible sur les actions ultérieures de l’infanterie alliée. Jamais
au cours de la guerre le major Foulkes ne rencontra autant de réticences, voire
d’obstruction, à l’utilisation des gaz que pendant l’été et l’automne 1916.
Toutes les raisons semblaient bonnes aux officiers de l’infanterie britannique
pour justifier la non-utilisation des toxiques : une division allait être
retirée du front dans quelques jours… pas de gaz ; une division n’était
pas familiarisée avec ses positions… pas de gaz ; un commandant n’appréciait
pas les nuées toxiques… pas de gaz. Les prétextes

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