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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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escalier, ils disparurent par une porte basse qui communiquait avec le troisième dessous de la scène.
    — Suivez-moi ! dit alors Stanislas à ses gardes…
    Dans tout l’édifice, des soldats en armes prenaient position pour filtrer la foule à la sortie.
    Sous la scène il y avait fort peu de monde. Du personnel, machinistes, choristes, danseuses, commentaient l’événement. Chacun était encore en costume.
    Á la vue de Stanislas arrêté par deux Allemands, Méphisto-Benoît se détacha d’un groupe.
    L’épée au côté, la plume au chapeau, il s’adressa à ces deux officiers, qu’il croyait authentiques :
    — Bravo ! Messieurs, dit-il d’une voix caverneuse. Nous n’aimons pas les criminels ! Mon Dieu, non ! Pas du tout !
    Et les voyant s’arrêter, indécis :
    — Vous cherchez la sortie ? Suivez-moi, je vais vous guider, vous ne trouveriez pas…
    Il ouvrit une porte coulissante qui donnait sur le magasin des accessoires. On se serait cru au milieu du décor d’un des Contes d’Hoffmann.
    Là, surgis de toute part, des figurants, choristes, machinistes, électriciens armés de sabres, de piques, de hallebardes, les pointèrent sur les « Allemands » de façon menaçante.
    Reginald et Augustin croyaient leur dernière heure arrivée.
    Mephisto s’approcha de Stanislas avec déférence :
    — Vous êtes libre, Maître ! Mais que fait-on de ces deux-là ? demanda-t-il en désignant les deux pseudo-allemands. On les exécute ?
    Stanislas, avec la liberté, retrouvait la parole et son irrémissible mauvaise humeur. Il grimaça à la basse diabolique :
    — Vous n’en êtes toujours pas à une fausse note près ! Ces deux là sont un Français résistant… et un aviateur anglais de la Royal Air Force !
    — Oui ! dit Reginald avec vivacité et il faut que je sache tout de suite la vérité sur mon camarade caché ici.
    Á ce moment, Méphisto prit une petite revanche. Le doigt pointé vers le ciel, il chanta d’une voix satanique, parodiant le premier acte du Faust de Gounod :
    — Le voici !…
    Du plafond où se trouvaient suspendus quelques douzaines de lustres de styles variés, l’un deux se détacha, descendant avec une lenteur majestueuse. C’était un dispositif lumineux en forme de régime de bananes qui jouait dans les Indes Galantes. Parmi les fruits exotiques, Mac Intosh fit une entrée aussi réussie que celles de Joséphine Baker dans les Revues du Casino de Paris d’avant-guerre.
    Reginald ne paraissait pourtant pas convaincu de l’identité de l’envoyé des cieux. Il le détaillait soupçonneux :
    — Ça ? Mac Intosh ?
    Il ne voyait qu’une jeune fille blonde travestie en «  femme du peuple de la vallée du Rhin  ». C’est ainsi que les femmes choristes, farouches résistantes, avaient transformé l’aviateur britannique pour qu’il passe inaperçu dans les coulisses.
    Mac Intosh se figea en une impeccable garde-à-vous et saluant son chef :
    —  Good evening, Sir ! prononça-t-il, Glad to see you !
    Á cette voix masculine, le Squadron-Leader sursauta. C’était bien Mac !
    La stupéfaction ahurie de Reginald provoqua dans l’assistance un énorme éclat de rire.
    — Mais, maintenant, qu’allons-nous faire ? se lamentait Stanislas. Paris, mon cher Paris, est devenu pour moi une ville ennemie !
    — Pour moi aussi, appuya Augustin.
    — Pour nous également, mais, depuis mai 1940, précisa Reginald qui semblait tenir à ce droit d’antériorité.
    Méphisto se gratta la tête entre les cornes…
    — Suivez-moi ! dit-il mystérieusement.

XVIII
    Un moment après, dans les profondeurs de l’Opéra, c’était la basse qui dirigeait le chef d’orchestre. Le groupe des fuyards suivait.
    — Toutes les issues sont bouclées… sauf celle-ci ! jubilait l’artiste lyrique.
    Ils descendirent un petit escalier sombre, et gluant d’humidité dont les dernières marches se perdaient dans une eau noire qu’on entendait mollement clapoter.
    Une barque à fond plat était là, et semblait les attendre.
    Ils y prirent place : la femme du peuple, le maestro en habit, et les deux officiers allemands.
    Méphisto lança d’une forte poussée l’esquif qui s’éloigna.
    — Dieu vous garde ! dit le diable, les bénissant du geste, car il jouait aussi le Pape, dans don Carlos de Verdi.
    Bientôt, au détour de la rivière souterraine, il disparut.
    La barque glissait sans bruit sur l’eau d’encre.
    — Est-ce que cette

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