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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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centre de leurs toiles.
    Aussitôt qu’il fut à l’air libre, Mac Intosh se mit à déambuler comme il l’avait vu faire aux demoiselles de petite vertu. Grâce à la nuit, la silhouette était séduisante.
    Des hommes sortirent de la nuit.
    — Tiens ! Une nouvelle, constata l’un.
    — Et bien roulée ! remarqua l’autre. Un peu campagnarde… mais j’aime ça…
    Le premier s’éloigna, le second resta.
    Mac Intosh l’attendait de pied ferme.
    L’amateur fit un pas vers l’amour. Une œillade l’encouragea. Il fit un second pas. Au troisième, il s’écroula dans la bouche d’égout où des poings solides le mirent K.O. et s’emparèrent de ses vêtements.
    Le costume fut pour Reginald.
    Il en fallait encore trois, de tailles différentes, mais le jeune Anglais ne pouvait pas, hélas ! choisir les clients.
    C’était un gros homme qui s’approchait maintenant, accueilli par un sourire troublant et des battements de cils enjôleurs.
    Le gros roula vers la blonde « fille » aussi vite que son embonpoint le lui permettait.
    Il bascula de la même façon, manquant seulement de sortir vainqueur de l’affaire : ses 135 kilos faillirent écraser le petit Stanislas. Grâce à une contre-offensive, il fut dépouillé, ligoté et laissé en caleçon dans un coin.
    Le troisième était un mauvais garçon.
    — Tu me plais, dit-il à l’aviateur-cour-tisane par nécessité patriotique. Si je suis ton genre, on pourra faire affaire. Je te fournirai l’affection, toi tu me fourniras le pognon… ça colle ?
    — Ça colle ! répondit Mac Intosh.
    L’autre n’eut pas le loisir de s’étonner de cette voix d’homme et de cet accent anglais.
    Mac Intosh lui fit un subit croc-en-jambes et le livra aux tarenrules à l’affût en bas.
    Sur les trottoirs des rues voisines, des filles passaient en rasant les murs, les angles noirs, les culs-de-sac.
    Après plusieurs chutes, on dénombra le butin. Il y avait maintenant un costume pour chacun des hommes.
    Pour les chaussures, ce fut plus difficile, question de pointure. Stanislas dut garder aux pieds ses escarpins de soirée. Le vêtement qu’il reçut était trop grand, et celui d’Augustin était trop étroit, ce qui faisait un moyenne.
    Mac Intosh, héros modeste de cette opération délicate eut la récompense du choix. Il demanda que lui fût attribué le costume du maquereau parisien.
    On lui accorda cette faveur. Il l’avait bien méritée.

XX
    Reginald et Mac Intosh, Augustin et Stanislas arrivèrent à la Gare de Lyon, par le métro. Il était huit heures. Ils avaient six minutes pour atteindre le train !
    Une énorme foule s’était massée sur le quai. Il n’y avait qu’un seul convoi par jour pour cette direction. Les wagons étaient déjà pleins, compartiments et couloirs se trouvaient surpeuplés.
    Juliette et Peter étaient là depuis une demi-heure. Ils auraient pu occuper des places. Mais ils s’étaient promis d’attendre d’abord l’arrivée de leurs amis.
    Peter ressentait une sourde inquiétude. Comment s’était passée la soirée ? Reginald avait-il réussi à récupérer Mac Intosh ? Il consulta la grosse horloge de la gare.
    —  Five minutes…, dit-il à Juliette.
    Il désespérait de voir arriver à temps son chef et leurs amis français. Il ne pouvait se douter qu’ils ne se trouvaient qu’à quelques mètres d’eux, derrière le mur humain de candidats au voyage.
    Juste au-dessus, dominant toutes les voies des chemins de fer, l’Obergruppenführer qui avait renoncé à l’uniforme noir trônait dans le bureau vitré du chef de gare. Il était en tenue feldgrau réputée moins salissante. Devant lui, au garde-à-vous, le major Achbach recevait l’orage des injures, le torrent des invectives, la grêle des calomnies.
    Imitant le grand Adolf Hitler, Otto Weber avait l’accent rocailleux des Bavarois, et un répertoire inépuisable de mots offensants. Une bave rageuse aux commissures des lèvres, l’Obergruppenführer glapissait :
    — Bouvet, Augustin, Lefort, Stanislas ! Des bandits ! Des terroristes ! Des valets de l’américano-russo-anglo-gaullisto-judéo-ploutocratie ! Vous avez toutes les forces de police à votre disposition et qu’en faites-vous, major Achbach ? Avez-vous déjà arrêté ces hommes ? Nein ! Avez-vous une piste ? Nein ! Vous n’avez rien ! Être nul à ce point, c’est trahir !
    Achbach objecta timidement :
    — Mon honneur de soldat est sans tache, Herr

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