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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Laura.
    Le jeune Chinois, habitué au climat, ne s’y était pas trompé. À peine avait-il achevé sa phrase que le Dragon Rouge se mit à bouger dans tous les sens comme un vulgaire petit esquif. Aussitôt, les dîneurs se turent et quittèrent leurs places les uns après les autres pour se diriger en file indienne à l’étage inférieur du bateau ballotté par les vagues.
    Niggles, qui avait déjà l’estomac dans les boyaux, demanda à Vuibert :
    —  Vous êtes sujet au mal de mer   ?
    —  Entre Ceylan et Malacca, alors que tous les passagers étaient au lit, j’étais le seul à me rendre à la salle à manger. J’ai la chance de supporter à peu près les tempêtes…
    —  Heureux homme   ! En mer, je crains les typhons comme la peste   ! lâcha l’Anglais en portant la main à sa bouche avant de se précipiter vers le bastingage pour rendre à la Rivière des Perles les morceaux du poisson-chat qui lui avait été pris.
    —  Nous ne sommes pourtant pas en haute mer   ! gémit Laura, apeurée et livide, que son amant avait rejointe.
    —  Mais c’est tout comme   ! hurla Antoine, au moment où le roulis le propulsait violemment vers la montagne de chaises que le tangage du navire venait de projeter contre son bastingage avant.
    Lorsqu’il se redressa, légèrement étourdi, il ne dut qu’à ses réflexes et à la chance, qui lui avaient fait saisir au hasard une chaîne d’amarrage, de ne pas se retrouver projeté dans les flots déchaînés sous le regard de Niggles défiguré par l’épouvante. Des éclairs traversèrent l’obscurité ambiante et une pluie battante s’abattit sur le pont du bateau-restaurant. Le vent qui montait en puissance s’était mis à mugir. Les volatiles emprisonnés dans leurs cages poussaient des cris d’orfraie tandis que les chiens hurlaient à la mort. Il n’était plus possible de rester à l’air libre. La Pierre de Lune décida de prendre les opérations en main. Saisissant le poignet de Laura, il entraîna la jeune femme vers la salle à manger du pont inférieur où régnait un indescriptible désordre. Au milieu des tables renversées, chacun se cramponnait comme il pouvait à tout ce que ses mains pouvaient trouver. Laura, qui continuait à s’agripper à la ceinture de La Pierre de Lune, pleurait à chaudes larmes.
    —  N’aie pas peur, mon amour… Ici, on dit : plus une tempête est violente, plus elle est courte… lui murmura ce dernier.
    —  Ce doit être mon état… Je n’ai jamais ressenti un tel mal au cœur… gémit-elle.
    —  Je n’ai jamais vu ça   ! souffla à son tour Niggles, pâle comme un linge, devant l’ampleur des creux qui s’étaient formés à la surface des flots déchaînés et faisaient tellement pencher le navire, tantôt à droite et tantôt à gauche, que ses passagers manquaient à chaque fois de tomber à l’eau.
    D’un seul coup, le typhon redoubla de violence, obligeant les rameurs à déployer des efforts inouïs pour tenter d’empêcher le navire, désormais ballotté au gré des courants du fleuve, de chavirer et de sombrer corps et biens. Dans la salle à manger, le temps semblait s’être arrêté pour ses occupants terrorisés et hagards. Dégoulinants de pluie, les joyeux lurons qui, tout à l’heure, faisaient bombance en hurlant des chansons paillardes rendaient à présent leurs boyaux en gémissant, accroupis contre les parois de bois qui craquaient de toutes parts.
    Au bout d’un moment qui parut des siècles à Laura, et alors que les rafales de vent étaient devenues si fortes que le navire s’était mis à tourner sur lui-même, la partie frontale du masque de sa proue se détacha d’un seul coup et disparut dans les flots écumants, privant le malheureux dragon Taotie de ses cornes bénéfiques. La puissance du courant était telle que le navire s’enfonça brusquement dans l’eau, ce qui produisit un souffle de l’air semblable au claquement d’une oriflamme.
    —  Serre-moi très fort la main, mon amour   ! lança d’une voix rauque, à l’adresse de son amant, la jeune Anglaise, persuadée que leur dernière heure était venue.
    La Pierre de Lune s’exécuta, puis, prenant son courage à deux mains, il lui déclara d’une voix ferme :
    —  N’aie pas peur, on va s’en sortir   ! De même que la paix succède à la guerre, le calme vient toujours après la tempête. La nature exige des eaux et des vents qu’ils s’accordent.
    Pour rien au monde il

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