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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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n’aurait fait en sorte d’accroître l’angoisse qui s’était répandue dans le cœur de celle qu’il aimait. Laura n’eut pas le temps de lui répondre qu’elle ressentit un choc sourd. Il semblait provenir des entrailles du navire. Puis elle fut violemment projetée contre le pied d’une table. Quelques secondes plus tard, lorsqu’elle reprit ses esprits, tout était immobile. Pas plus le sol que le plafond ne bougeaient. Le Dragon Rouge venait de s’immobiliser. À en juger par la pente du plancher de la salle à manger, presque à la verticale, sa proue était fichée dans la vase. Les hurlements et les pleurs fusaient, parmi les passagers traumatisés. La plupart étaient couverts de plaies, d’autres avaient les jambes ou les bras en miettes. Le sang ruisselait sur les boiseries du plancher, mêlé à la nourriture éparpillée et à la vaisselle brisée.
    La Pierre de Lune, auquel revenait l’idée de ce dîner sur ce malheureux bateau, regrettait amèrement d’avoir embarqué Laura dans une telle aventure.
    C’est alors qu’un des matelots restés sur le pont supérieur se mit à hurler :
    —  On vient de s’échouer sur un banc de sable   !
    —  C’est mieux ainsi. Au moins, ce maudit navire a cessé de bouger   ! maugréa Niggles dont le ventre n’avait plus rien à rendre aux eaux du fleuve.
    —  Ceux qui ne savent pas nager attendent. Les autres peuvent se jeter à l’eau. La rive est toute proche et le fleuve est moins courroucé   ! cria le matelot qui avait placé ses mains en porte-voix.
    La pluie avait commencé à décroître et au mugissement des vents déchaînés avait succédé un sifflement qui ne cessait de décliner jusqu’à devenir une sorte de murmure.
    —  Aussi rapidement qu’ils fondent sur les hommes, les mauvais souffles sont capables de regagner les nuées humides où ils prennent naissance   ! chuchota dans le creux de l’oreille de Laura le fils caché de l’empereur.
    La jeune Anglaise, qui avait du mal à respirer dans l’atmosphère étouffante de la salle à manger, fit comprendre à son amant, d’un geste de la tête, qu’elle souhaitait remonter à l’air libre. Lorsqu’ils se hissèrent sur le pont, après s’être frayé tant bien que mal un chemin au milieu de la foule, suivis par Vuibert et Niggles, ils faillirent glisser vers l’avant à moitié immergé du navire tellement la pente de celui-ci était raide. La lumière de la pleine lune éclairait la surface à peine ridée de la Rivière des Perles. Seule la puissance palpable du courant qui charriait des troncs d’arbres, des branchages, des cadavres d’animaux et des ordures diverses témoignait de la violence de la tempête qu’ils avaient essuyée.
    —  Te sens-tu mieux, mon amour   ? lui murmura La Pierre de Lune.
    —  Oui   ! Mais j’ai hâte de rentrer à la maison… fit-elle, épuisée.
    —  J’entends des sauveteurs   ! s’écria, guilleret, Antoine Vuibert.
    Des cris montaient de la rive.
    La Pierre de Lune, qui s’était précipité avec Vuibert à l’avant du navire, ne tarda pas à déchanter lorsqu’il aperçut des hommes s’agiter et vociférer autour d’un brasier qu’ils avaient allumé au bord du fleuve. En prêtant un peu mieux l’oreille, ils entendirent des injures et des menaces.
    —  Ces gens ne me disent rien de bon… lâcha le jeune Chinois.
    À en juger par leurs vociférations excitées, il ne pouvait, hélas   ! s’agir de sauveteurs. Certains brandissaient des lances et d’autres de vieux fusils à tromblons. Après être montés à bord de deux barques, ils mirent le cap vers l’épave qu’ils atteignirent en quelques coups de pagaie.
    —  C’est également mon avis… ajouta Antoine, au moment où les individus, après avoir lancé des cordes munies de crochets, se hissaient sur le pont avec une facilité déconcertante qui trahissait une longue habitude de la prise d’assaut des navires de commerce.
    Ils étaient une dizaine, tous vêtus de noir, à avancer en arc de cercle, face aux deux matelots terrorisés qui avaient vainement essayé de les empêcher de monter à bord.
    —  Il ne manquait plus que ça   ! Des pirates   ! murmura en grimaçant Jack Niggles, qui était resté aux côtés de Laura Clearstone.
    —  Ne bougez pas. Si vous obéissez au doigt et à l’œil, il ne vous sera fait aucun mal   ! hurla l’un des hommes à La Pierre de Lune et à Antoine Vuibert, tandis que ses compagnons les

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