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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Chine gravée par le jésuite Matteo Ripa X qui était accrochée au mur, derrière la table de travail de Daoguang, et écrasa rageusement son index sur l’emplacement de Canton avant de crier :
    —  C’est au sujet du gosse… Pourquoi l’a-t-on laissé s’échapper   ?
    —  L’oiseau s’est envolé in extremis , juste avant sa capture. Ce sont des choses qui arrivent. La police municipale est à ses trousses. Pour le moment, malheureusement, sans résultat. Tôt ou tard, nous l’aurons, tu peux le dire de ma part au Fils du Ciel. Je m’en porte garant.
    —  Canton n’a pas été fouillée de fond en comble   !
    —  C’est pourtant ce que j’ai exigé…
    —  De loin, on ne se fait jamais obéir comme il faut   ! Si on n’est pas sur le terrain, les hommes n’en font qu’à leur tête. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent… hurla l’eunuque.
    Puis, conscient de sa bévue, il tenta de se rattraper en ajoutant :
    —  Sauf ici   !
    —  Dois-je comprendre que je dois y descendre moi-même   ?
    —  La question ne vaut-elle pas réponse   ? Si j’étais à ta place, j’y songerais sérieusement… poursuivit Toujours Là, qui savait fort bien où il voulait en venir.
    Considérant la mine désappointée de gamin pris en faute affichée par son interlocuteur, le vieux castrat jugea que le moment était propice à l’estocade.
    —  Au fait, ajouta-t-il mine de rien et parfaitement impavide, cette fille du Toi et Moi, capable de prendre des postures de singe, quand nous l’amènes-tu   ?
    Le prince Tang accusa le coup et demeura quelques instants sans voix, avant de répondre, furieux :
    —  On ne peut vraiment rien vous cacher au Palais Impérial   !
    Le vieil eunuque se mit à ricaner et ses yeux se plissèrent au point de devenir de simples fentes entourées d’un gros ourlet de peau.
    —  Heureusement que l’empereur du Centre a de bons yeux et des oreilles efficaces… sinon, il y a belle lurette que d’autres auraient pris sa place…
    Tang eut soudain conscience qu’il n’était qu’une sorte d’otage de luxe à la merci de l’empereur mongol auquel il avait vendu son honneur, comme certains vendent leur âme à un démon gui et sont condamnés à devenir ces âmes errantes affamées parcourant les enfers avec les lèvres cousues, ce qui les empêche d’absorber la moindre miette.
    Les traîtres n’ont que ce qu’ils méritent.
    Il repensa, accablé, à la jeune femme qui l’attendait sagement dans sa chambre et qu’il faudrait bientôt amener au gynécée où elle serait enfermée jusqu’à la fin de ses jours.
    Nombreux sont les beaux oiseaux habitués à voler à l’air libre qui finissent par s’étioler et mourir après avoir été enfermés dans une cage, fût-elle dorée…
    C’était révoltant.
    —  Voilà en tout cas une bien piètre façon de faire pression sur moi   !
    Toujours Là fit le tour de la table de travail de l’empereur et vint se poster à l’endroit précis où le souverain apposait le cachet impérial sur les décrets administratifs et les nominations des généraux et des préfets.
    —  Je suis sûr que ta contorsionniste plaira au Tout-Puissant Fils du Ciel… D’après ce qu’on m’a dit, elle possède des atouts capables de réveiller un mort   !
    L’eunuque ricanait.
    —  Comme d’habitude, si elle en vaut la peine, je la présenterai au gynécée… souffla le prince d’une voix expirante.
    —  Chacun sait que Tang le Beau, à défaut d’accomplir correctement les tâches qui lui ont été officiellement dévolues, n’essaie que des jeunes femmes qui en valent la peine   ! conclut, goguenard, le vieil eunuque avant de faire signe à un garde de raccompagner son visiteur vers la sortie.
    Tel un automate, Tang effectua le trajet inverse, du Palais Impérial à chez lui, maudissant Daoguang et tous les autres. Il ne voulait à aucun prix de ce destin du papillon qui, pour s’être trop approché du soleil, finit par y brûler ses ailes fragiles et inflammables.
    Il ne tenait qu’à lui de refuser une telle issue.
    Et même s’il risquait gros en désobéissant à l’ordre qui ne tarderait pas à venir de la maison impériale, le sommant de remettre la fille au gynécée de Daoguang, sa décision était prise : il était hors de question d’obéir à l’injonction de Toujours Là.
    À moins que Jasmin Éthéré ne fût, comme toutes ses autres partenaires en amour, incapable

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