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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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dans le ventre ténébreux de la terre.
    Penché sur l’épaule de la jeune femme, il lui murmura d’une voix douce :
    —  Regarde un peu la longueur de ces murailles… Sous les Ming, Nankin fut une fière capitale   ! C’est là que Hongwu, le fondateur de cette dynastie, restaura l’empire des Han après avoir chassé de Pékin la dynastie mongole des Yuan   !
    —  La ville paraît belle en effet. J’aimerais bien connaître aussi bien que vous l’histoire de notre passé… répondit, songeuse, la jeune contorsionniste. ,
    —  C’est là que nous quitterons le bateau. Nous pourrons visiter Nankin à loisir… Quant à l’histoire de la Chine, je compte bien te l’apprendre, petit à petit…
    C’est alors qu’elle planta ses beaux yeux dans les siens, ce qui le fit chavirer, et lui dit :
    —  À Pékin, vous m’avez dit que nous irions vers le sud, sur les rives du fleuve Bleu…
    —  Nankin n’est qu’une étape. Mais c’est le seul endroit où il est possible de quitter la péniche officielle sans trop attirer l’attention des autorités… La ville est grande, et surtout il y a un changement d’équipage à l’escale. Avec un minimum de précautions, nous pourrons nous éclipser en douce.
    —  Nous allons devenir des fugitifs   ?
    Tang se mit à rire.
    —  En quelque sorte   ! Tu me fais prendre des risques immenses   ! Je suis sûr qu’à Pékin, ils nous cherchent déjà…
    —  Je ne vous ai obligé à rien.
    Avec humour, il ne put s’empêcher d’ajouter, en pensant au fait qu’il ne s’était rien passé entre eux depuis leur départ de Pékin, l’unique dortoir du navire ne comportant pas moins d’une dizaine de lits, tous occupés par des passagers de marque :
    —  Moi non plus   !
    Jasmin Éthéré ne releva pas.
    —  Vous connaissez Nankin   ?
    —  J’y suis né et j’y ai passé toute mon enfance.
    —  Vos parents y résident   ?
    —  Hélas   ! ils sont morts depuis longtemps. Mon grand-père était l’archiviste en chef du gouverneur de la ville. Mon père était un mandarin « hors circuit   », c’est-à-dire qu’il refusa de collaborer avec les Mandchous… En revanche, j’y ai toujours une vieille connaissance.
    —  Qui est-ce   ?
    —  Un sage qui a pour nom Prospérité Singulière. Si du moins il est encore en vie.
    —  Il est âgé   ?
    —  Il doit avoir quatre-vingts ans bien tassés. Il fut mon père spirituel. Ses conseils me furent toujours extrêmement précieux. C’est lui qui m’a enseigné à lire et à écrire avant ma prise de bonnet viril. Il revenait du Yunnan où il avait été nommé préfet.
    —  J’ignore ce qu’est un préfet.
    —  Un préfet est le chef des mandarins d’une région. Les préfets en réfèrent directement au Fils du Ciel   !
    —  Vous êtes un préfet   ?
    —  J’aurais pu l’être   ! Depuis que les Mandchous règnent sur ce pauvre pays, ces fonctions sont devenues beaucoup moins prestigieuses. En fait, les Tartares se méfient des mandarins parce qu’ils sont tous d’origine Han   ! Le pays est dirigé par des barbares incultes… soupira Tang.
    —  Pourquoi les Han ne les chassent-ils pas   ?
    —  Ta remarque est fort juste, Jasmin Éthéré. C’est en effet une vraie question. D’ailleurs, les Ming, qui étaient des Han, n’auraient jamais dû perdre le pouvoir…
    —  Pourquoi l’ont-ils perdu   ?
    —  Les Mandchous étaient de redoutables guerriers. Les Han s’étaient trop assagis. De même que l’homme obèse est incapable de se défendre, gêné par sa corpulence, le luxe et l’opulence sont les ennemis des nations parce qu’ils émoussent leurs capacités de défense.
    Si les Ming avaient été plus maigres, ils auraient donc repoussé les Mandchous   ?
    —  L’image est parfaitement exacte   !
    —  Depuis quand n’êtes-vous pas revenu à Nankin   ?
    —  Une dizaine d’années… depuis la mort de mon père.
    —  Et votre mère   ?
    —  Maman avait déjà quitté ce bas monde cinq ans avant mon père.
    —  En dix ans, la ville a dû changer… C’est votre professeur qui va être surpris de vous revoir   ! fit-elle, déjà plus enjouée.
    —  Ce fin lettré est un homme délicieux, un grand sage qui enrichit l’esprit de ceux qui le rencontrent. Cela m’étonnerait qu’il nous refuse l’hospitalité.
    Une secousse assez violente mit un terme à leur conversation. En s’immobilisant, la péniche officielle

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