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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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d’accomplir avec lui ce miracle qu’il attendait depuis si longtemps   !
    Dans ce cas, il la donnerait à la Cour sans le moindre état d’âme.
    Mais il avait senti tant de bonnes ondes venant de cette jeune femme qu’il était à peu près sûr de son coup…
    Lorsqu’il déboula dans sa chambre, il découvrit la contorsionniste endormie dans le grand lit carré. Comme un petit animal, elle s’était pelotonnée sous une couverture et dormait à poings fermés.
    Il s’approcha de la jeune femme, s’assit sur le bord du lit et resta de longues minutes à contempler son visage juvénile auquel le sommeil avait rendu son innocence sans pouvoir s’empêcher d’effleurer de la main son épaule.
    Aussitôt, elle se redressa.
    C’est alors qu’il découvrit qu’elle avait troqué sa vilaine robe grise pour un ravissant pyjama de soie imprimée d’animaux célestes apporté par le valet de chambre.
    Qu’elle eût accepté de passer ce vêtement qu’il demandait à ses amantes de revêtir avant qu’elles lui rendissent hommage était plutôt un bon signe et l’encouragea à aller droit au but :
    —  Jasmin Éthéré, demain, nous partons d’ici   !
    —  Mon directeur m’a dit que je devais reprendre le spectacle demain soir… souffla-t-elle, l’air morose.
    —  Demain soir, nous serons loin de Pékin…
    —  Et si je refusais de vous suivre   ?
    —  Veux-tu finir tes jours dans la prison dorée où les femmes restent à la disposition du Fils du Ciel   ? À la Cité Pourpre Interdite, ils connaissent ton existence…
    —  Comment est-ce possible   ?
    —  Ils avaient un espion au Toi et Moi   ! L’entourage de l’empereur exige que je te livre à l’Intendant du Grand Gynécée.
    Jasmin Éthéré se mit à trembler.
    —  Jamais   ! Plutôt mourir   ! Je ne finirai pas ma vie entre quatre murs à la disposition d’un homme qui m’aura été imposé   ! Jamais   !
    Elle avait repris son air farouche de bête traquée.
    —  Il faut que tu le saches, Jasmin Éthéré, je veux ton bien…
    —  Comment en être sûre   ? gémit-elle à voix basse.
    Elle alla se jeter sur le lit et s’y enroula dans le couvre-pieds doublé de zibeline.
    Quand Tang la vit ainsi, pelotonnée comme un chat, il se sentit fondre un peu plus. Dans la chambre où les brûle-parfums perpétuellement réactivés embaumaient l’encens, les miroirs démultipliaient à l’infini l’image de cette jeune femme dont il était en train de tomber amoureux.
    Avec elle, la Grande Fusion était évidemment possible…
    —  Ce soir, je ne te toucherai pas. Je ne te forcerai pas. J’ai trop de respect pour toi, ma mie. Quand on serre trop l’oiseau, on l’étouffé.
    —  Et demain   ?
    —  Demain, si tu l’acceptes, nous partirons d’ici… Nous prendrons un bateau et descendrons vers le sud par le Grand Canal Impérial Y .
    —  Et si je refusais   ? protesta-t-elle, toujours aussi réticente.
    —  Nous n’avons pas le choix, Jasmin Éthéré   ! Veux-tu être l’esclave du bon vouloir du Fils du Ciel   ?
    La belle contorsionniste, dont les yeux étaient mouillés de larmes, bien que désireuse de ne pas entrer de plain-pied dans le jeu de l’homme qui lui faisait face, esquissa un « non   » de la tête.
    —  Pourquoi pleures-tu, ma mie   ?
    Prendre un bateau et glisser sur les eaux calmes d’un canal : elle en rêvait depuis toute petite pour fuir le torrent furieux du monde où elle avait vécu jusqu’alors : un monde hostile, fait de chausse-trappes et de faux-semblants, où rien n’était jamais donné à autrui, un monde où il fallait sans cesse compter sur ses propres forces et lutter pour sa survie. Mais comme elle était fière et méfiante, elle éluda.
    —  Ce n’est rien… Partir vers le sud, mais où précisément   ?
    Il lui prit la main. Pour la première fois, elle se laissa faire.
    —  Là où coule le majestueux fleuve Bleu. Je rêve depuis toujours de m’asseoir au bord de ses rives pour en admirer les flots tumultueux au fond desquels sommeillent les li …
    —  Qu’appelez-vous li   ?
    —  Les dragons aquatiques… Ils dorment dans les algues, tapis sur les galets au fond des fleuves et des rivières. De temps à autre, ils se rendent dans le monde des humains et alors, le fleuve déborde…
    —  Et s’ils nous dévoraient, ces dragons li   ? Ma grand-mère disait que les dragons dévorent les gens.
    —  Pas tous, il y a beaucoup de

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