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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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m’intima l’ordre d’accepter que mon nom figure sur la liste des princes ralliés. Si j’avais refusé, malheur à moi… c’eût été caresser la croupe du tigre   ! poursuivit le prince sans prêter attention à l’air accablé du vieil homme.
    —  Je n’ai rien à te reprocher, mon cher Tang. Tu n’as fait là que ton devoir… Un fils se doit de faire en sorte de ne pas laisser ses parents mourir de faim… murmura doucement le vieil homme sur l’épaule duquel venait de se poser un papillon.
    Ces propos apaisèrent le prince, qui se radoucit, non sans regretter ce manque d’humilité et cette susceptibilité mal placée qu’il n’avait pas été capable de contenir devant son vieux maître.
    —  J’aime votre sagesse. À vrai dire, c’est un peu pour cela aussi que je suis devant vous aujourd’hui… Je devrais davantage m’inspirer de votre attitude. À cet égard, j’ai encore beaucoup à apprendre.
    Devant l’édicule de bambou, le concierge venait de dresser une table basse. Quelques instants plus tard, un cuisinier posa sur celle-ci un plateau avec un tripode fumant rempli de viande en sauce.
    Tang fit signe à Jasmin Éthéré de les rejoindre. La jeune femme était affamée. Quoique très intimidée par le charisme du vieux maître, face à lui, elle se sentait en confiance.
    —  Ce mets est délicieux… s’écria-t-elle, après y avoir goûté.
    —  Le cuisinier a fait bouillir des nerfs de cerf dans du jus de chevreau… Mon médecin me prescrit de prendre ce plat très énergétique comme s’il s’agissait d’un remède   !
    —  Je ne mange pas de viande… Je suis au régime taoïste   ! souffla Tang.
    —  Tiens donc   ! Il y a un début à tout   ! Lorsque j’avais ton âge, je m’abstenais également de manger de la viande. Je me bourrais de pousses de soja ; crues ou cuites, peu m’importait. À présent que les forces me manquent, j’ai été obligé de reprendre une alimentation carnée… rassure-toi, tout ce qu’il y a de plus modéré.
    Leur repas s’acheva en silence, par une assiette de bananes cuites au four. Après avoir jeté les restes aux poissons, le vieil homme se leva et conduisit son visiteur au salon.
    —  Parle-moi de ce que tu fais, mon cher Tang… ou plutôt de ce à quoi t’emploient les scélérats d’envahisseurs. D’ordinaire, ils ne font pas spécialement de cadeaux aux Han de haut lignage qui acceptent de se mettre à leur service.
    —  Je ne suis plus des leurs.
    —  C’est la meilleure nouvelle que tu pouvais m’annoncer   ! Quand leur as-tu envoyé ta démission   ?
    —  En réalité, j’ai fait défection. Devant vous, ô Prospérité Singulière, se tient un fugitif, un homme qui aura bientôt les polices du royaume à ses trousses.
    —  Tu as pris une voie risquée… Pour ce qui me concerne, lorsque j’ai renoncé à mes fonctions, je l’ai fait par missive officielle.
    —  Je n’avais pas le choix… D’abord, j’en avais assez, je n’en pouvais plus… Et puis, j’ai sorti cette jeune femme de leurs griffes… souffla-t-il, étonné par sa propre franchise, en désignant Jasmin Éthéré qui était penchée sur un minuscule massif de narcisses dont elle humait les senteurs délicates.
    —  Elle est fort belle… Tu as bon goût… De ta part, ça ne m’étonne pas…
    Nulle ironie ne transpirant dans les propos du vieux sage, le prince, rassuré, poursuivit :
    —  L’eunuque Toujours Là exigeait que je livre Jasmin Éthéré au Gynécée Impérial. Elle est contorsionniste, éprise de liberté. Elle va de cirque en cirque. La prison, très peu pour elle… lâcha-t-il maladroitement.
    —  L’amour n’est pas une maladie honteuse…
    —  Comment avez-vous deviné que je l’aimais   ?
    —  Il ne faut pas être un grand devin pour s’en apercevoir… En l’espèce, les sentiments que tu portes à cette jeune fille t’ont orienté vers la bonne direction… celle de la liberté et de la dignité. Un Tang de haut lignage a mieux à faire qu’à jouer les utilités pour l’illégitime Fils du Ciel qui gouverne ce pauvre pays   ! Je suis fier de toi   !
    —  Dès que Toujours Là apprendra que je me suis évaporé à l’escale de Nankin, ce qui ne saurait tarder, en raison de comptes que j’ai à lui rendre, il mettra ma tête à prix et lancera ses sbires de la police secrète à mes basques…
    —  Méfie-toi de cet eunuque comme d’un serpent…
    —  Je suis

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