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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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d’accord avec vous. Le serpent ne perd pas sa nature retorse même quand il entre dans un tuyau de bambou.
    —  Lorsque j’étais préfet, ce maudit personnage faisait continuellement écran avec le Fils du Ciel, si bien que je ne savais plus très bien qui commandait et surtout quelle était la véritable pensée de l’empereur…
    —  La situation n’a pas changé. Il continue à s’exprimer en lieu et place de Daoguang. Je parle d’expérience   !
    —  As-tu eu seulement accès au Fils du Ciel   ? lâcha tristement le vieux maître.
    Les souvenirs désagréables remontaient à sa mémoire et lui rappelaient ce temps, fait de faux-semblants, de tromperies, de duels au fleuret moucheté entre courtisans et de basses intrigues où il avait été le plus malheureux des hommes, avant que ce fameux événement extraordinaire ne vînt miraculeusement l’en extraire…
    Les cloaques les plus infâmes sont plus propres que la cour des rois puissants.
    —  Une seule fois   !
    —  Quand ça   ?
    —  Le jour où il me remit mon collier chaozu AB , en même temps qu’à la fournée des autres princes ralliés qui lui faisaient également le serment d’allégeance   ! L’empereur se contenta de me gratifier d’un pâle et lointain sourire. Voilà tout   !
    Après quelques instants de silence, le vénérable lettré prit un air contrarié.
    —  Depuis que les Mandchous t’ont pris à leur service, tu ne rends donc de comptes qu’à Toujours Là   ?
    —  Exclusivement   !
    —  C’est inacceptable   ! À ta place, je me serais méfié   !
    —  Qu’est-ce à dire   ? Par son intermédiaire, le Fils du Ciel me confia une mission qui ne souffrait aucun atermoiement… s’écria Tang, quelque peu déstabilisé.
    —  En l’absence du tigre, les singes sont les rois de la montagne   ! Daoguang serait bien inspiré de mieux contrôler ses eunuques.
    —  Au demeurant, la mission dont j’étais chargé paraissait des plus sérieuses… lâcha Tang en se raclant la gorge.
    —  De quoi s’agit-il   ?
    —  De retrouver l’un des fils naturels de l’empereur du Centre.
    —  Rien que ça   ?
    —  Si l’on peut dire…
    —  D’après ce qu’on murmure ici et là, les bâtards de Daoguang se comptent par centaines   ! L’affaire ne doit pas être simple   !
    —  Là où les choses se corsent, c’est que l’enfant en question dispose d’un certificat officiel de reconnaissance par l’empereur qui lui permettrait d’exciper à tout moment de sa qualité de prince héritier.
    —  Et Toujours Là veut récupérer ce document…
    —  En quelque sorte… Mais au fait, comment le savez-vous   ?
    —  Simple déduction. Chacun sait que le Fils du Ciel risque de ne pas faire de vieux os compte tenu de son âge… Dans la guerre de succession qui est ouverte, le clan des eunuques a sûrement fait son choix.
    —  Comment pouvez-vous être aussi sûr de vous   ? s’écria le prince estomaqué par tant de clairvoyance.
    —  J’ai sur toi un seul avantage : mon âge avancé. Et une longue expérience des hautes sphères… et de leurs intrigues. Si tu savais ce que j’ai pu en voir…
    —  Je veux bien le croire   ! murmura Tang, ébranlé par le calme avec lequel le vieil homme décortiquait la situation.
    —  Si j’étais à la place de ces maudits castrats, je n’aurais pas agi autrement… Il faut toujours se mettre à la place de l’adversaire, ne jamais le sous-estimer, si l’on veut le contrer…
    —  Selon vous, j’aurais été manipulé   ?
    Le visage défait du noble Han était devenu rouge de colère.
    —  Tu m’avoueras, mon cher Tang, que ce genre de question vaut réponse… Dans l’entourage du Fils du Ciel, il y a beaucoup de macaques parés des plumes du paon. Quand l’arbre est renversé, les macaques se dispersent {14}   ! Le jour viendra où l’arbre finira arraché   ! lâcha, l’air de rien, Prospérité Singulière, dont les yeux en fente brillaient à présent d’un malicieux éclat.
    A cet instant précis, Tang, déjà largement convaincu par les arguments de son vieux maître, fut certain qu’il avait été berné par le clan des eunuques. C’était aveuglant. Il s’en voulait terriblement d’avoir à ce point manqué de clairvoyance   ! Avec rage, il revoyait le sourire en coin de cette vieille peau de Toujours Là, postée en lieu et place de l’empereur, lui enjoignant d’accomplir sa vile tâche au plus

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