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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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soir-là, pour recevoir Mme de Montpensier,
ses gentilshommes et le capitaine Cabasset, Maurevert avait demandé au fermier
de leur laisser sa cuisine, la seule pièce chauffée. Lui-même était avec son écuyer
et ses spadassins italiens.
    Maurevert avait déjà rencontré Aymar de
Puyferrat, le premier gentilhomme de la duchesse. La cinquantaine, maigre avec
une fine barbe grise qui lui donnait un air cruel, Puyferrat venait du Périgord.
Il avait été au duc de Montpensier – le mari de la duchesse – et en avait gardé
une grande férocité envers les hérétiques. Le second gentilhomme se nommait
Arnaud de Saveuse. Il avait vingt ans et son frère, ligueur forcené, appartenait
au duc de Guise. Saveuse compensait son étonnante bêtise par une obéissance
servile. Maurevert avait remarqué que la duchesse s’en arrangeait.
    Sur une carte, Cabasset avait tracé la route à
suivre pour en expliquer les dangers. Entre Tours et Poitiers stationnaient les
troupes d’Armand de Gontaut, maréchal de Biron. Biron était loyal au roi mais
désormais en bons termes avec Henri de Navarre. Cependant, il respecterait le
laissez-passer du duc de Mayenne et leur fournirait une escorte, s’ils la
demandaient.
    Plus loin en Saintonge, leur chemin pourrait
croiser des détachements de l’armée que Joyeuse avait conduite quelques mois
plus tôt. Ceux-là, Cabasset préférait les éviter, car ces franches compagnies
qui ne respectaient rien étaient réputées pour les colliers d’oreilles
arrachées à ceux qui n’étaient pas de leur parti !
    En Gascogne se trouvait l’armée du maréchal de
Matignon, mais comme elle était cantonnée dans les villes, ils ne devraient pas
croiser de soldats. Matignon ne faisait rien pour aider M. de Mayenne,
avait affirmé Cabasset, mais il leur donnerait une escorte pour rejoindre le
duc. Ce serait nécessaire, car autour de Bordeaux beaucoup de déserteurs
battaient la campagne.
    C’étaient ces troupes qui inquiétaient
Cabasset.
    — Quand j’ai quitté Chenonceaux, je
croyais monseigneur le Duc vainqueur, avait-il dit. Je me trompais : le
siège de Castillon avait ruiné son armée et ses meilleures troupes avaient été
décimées par M. de Turenne. De surcroît, il y avait eu la famine, la
peste, et surtout le non-paiement des soldes par le roi. La plupart des soldats,
affamés, avaient déserté. Des huit mille hommes du début de la campagne, il ne
restait que quatre compagnies quand je suis arrivé à Castillon, ce qui signifie
que des centaines de mercenaires allemands ou albanais travaillent à leur
compte. Ils s’attaquent aux villages, aux fermes et aux voyageurs sans les
interroger sur leur parti ou leur religion.
    — Ce ne sera donc pas une promenade !
avait plaisanté Maurevert, qui n’était pas poltron.
    — Nullement, monsieur ! D’autant que
je n’ai pas terminé, car il y a aussi les huguenots ! Saintonge, Aunis et
Angoumois sont les berceaux du protestantisme et des détachements de Navarre ou
de Condé se cachent au détour de chaque chemin. La population nous sera hostile
et nous croiserons quelques bandes de pillards qui, sous couvert de la religion,
s’attaquent aux villages catholiques et aux gens de passage. Pour toutes ces
raisons, aucun de nous ne doit arborer les croix de Lorraine du duc de Guise
sur son manteau.
    — Vous y veillerez, monsieur de Puyferrat,
avait ordonné la duchesse.
    — Pour passer à travers tout ce joli
monde, avait conclu Cabasset, nous ne ferons que de courtes étapes, d’autant
plus que nous ne trouverons que rarement des chevaux, et qu’il faudra ménager
les nôtres. Je commanderai la troupe et conduirai l’avant-garde. Monsieur Le
Vert vous tiendrez l’arrière-garde, et monsieur de Puyferrat, avec le gros de
nos hommes, vous défendrez le coche en cas d’attaque.
    — Combien serons-nous ? avait
demandé Maurevert.
    — Les cinq hommes que m’a donnés M. de Mayenne
et cinq ou six gardes du corps que j’ai choisis parmi les meilleurs. Le reste
de la maison de Mme la Duchesse rentrera à Paris.
    — C’est peu…
    — Oui, mais si nous étions plus, il
serait encore plus difficile de trouver de la nourriture et du fourrage, et
nous irons plus vite peu nombreux. De surcroît, Mme la Duchesse pourra
obtenir des escortes des gouverneurs des villes fidèles au roi que nous
traverserons.
    Le jour du départ, ils
étaient donc une quinzaine d’hommes d’armes, sans compter le valet de

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