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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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chambre
capable lui aussi de manier le pistolet. Tous étaient armés en guerre et
arboraient barbute italienne, casque à bourguignotte ou bassinet arrondi. Leur
manteau dissimulait leur cuirasse de fer ou leur brigantine. Seul Cabasset ne
portait qu’une jaque de mailles sous son pourpoint matelassé. Quant aux
gentilshommes, ils étaient protégés par des corselets ciselés, des cuissards de
lames d’acier et des gantelets. Arquebuses à main et pistolets étaient
accrochés au flanc de leur selle, ainsi que de lourdes épées de cavalier.
    Derrière le coche, en longe, suivaient cinq
chevaux de remplacement qui portaient bagages, nourriture et fourrage, car en
Saintonge, ils ne trouveraient pas d’approvisionnement.
    Foulques Cabasset était certainement un très
vaillant soldat, comme l’avait écrit Mayenne à sa sœur, mais il était aussi
méfiant et peu loquace. C’était sans doute ce qui lui avait permis d’atteindre
un âge bien avancé pour un capitaine. Il n’adressait que rarement la parole à
Maurevert – qu’il appelait Le Vert – et encore moins aux Italiens ou aux autres
soldats.
    Pourtant, le soir de la première étape, comme
ils étaient reçus dans le château fortifié d’un féal des Guise, Maurevert le
questionna :
    — Capitaine Cabasset, Mme la
Duchesse m’a dit que, en vous rendant chez monseigneur le Duc, le mois dernier,
vous avez été capturé par un parti de protestants. Comment vous en êtes-vous
sorti ?
    Ils étaient autour d’une grande table, dans la
grande salle du château. Le souper était terminé. Il avait été copieux malgré
la pénurie dans les campagnes. Leur hôte était avec eux, ainsi que ses deux
fils, tous très honorés de recevoir la sœur du duc de Guise.
    Cabasset grimaça, n’ayant guère envie d’en
parler.
    — Racontez, monsieur Cabasset ! lui
demanda la duchesse. Vous n’avez pas à avoir honte de ce qui s’est passé, et
cela permettra à chacun de prendre la mesure des dangers de la route.
    Il hocha du chef, obéissant visiblement à
contrecœur.
    — Je devais être à une vingtaine de
lieues de Bordeaux, fit-il. J’avais réussi à passer entre toutes les compagnies
qui rôdaient dans les campagnes, qu’elles soient catholiques ou hérétiques. Il
est vrai que c’est plus facile pour un homme seul. Je dormais souvent dehors, dans
des fourrés, évitant chaque fois que je le pouvais les villages qui changent si
facilement de maître. Mais j’étais épuisé et il pleuvait. La fatigue est
mauvaise conseillère ! Ce soir-là, j’aperçus un village fortifié avec de
solides murailles. Les gens étaient de bons catholiques, m’avait assuré un
paysan en chemin. Je me présentais au pont-levis et on m’y accueillit d’autant
plus facilement que j’étais seul et que j’avais un laissez-passer de
monseigneur de Mayenne. Il y avait même une sorte d’auberge. Cela faisait
plusieurs jours que je n’avais pas dormi dans un lit. Après un repas plus que
frugal, car il n’y avait plus rien à manger dans le pays, on me donna une
paillasse pouilleuse et je m’endormis comme une souche.
    » Le matin, j’allais repartir quand on me
prévint que la porte du village était fermée. Une compagnie de huguenots venait
de s’installer devant l’enceinte et préparait un siège. Je montais sur les
murailles. Les huguenots n’étaient que quatre douzaines, alors que le village
avait plus de trois cents feux, aussi les habitants n’étaient nullement
inquiets. Ils avaient connu d’autres sièges que les parpaillots avaient
toujours abandonnés. Mais moi, j’étais bloqué là, sans doute pour plusieurs
jours.
    » Les assiégeants avaient une petite
couleuvrine avec laquelle ils tirèrent un grand nombre de boulets de pierre sur
les murailles sans rien faire d’autre que de les égratigner. J’étais finalement
rassuré et, après avoir passé une partie de la nuit sur la muraille, j’allai me
coucher.
    » Je fus réveillé par le tocsin. Il
faisait nuit noire et je compris aussitôt que le village était attaqué. Mais en
vérité, il n’était pas attaqué, il était pris ! Déjà les hurlements des
femmes retentissaient et les incendies éclairaient la nuit. Je regardai dans la
rue et l’épouvante me prit. On tuait, on massacrait, on violait. Des groupes de
furieux, porteurs de falots et de torches, brisaient les portes des maisons et
jetaient les habitants dehors, meurtris et ensanglantés.
    » J’appris plus tard

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