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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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que le capitaine qui
commandait la troupe protestante avait lancé des cordes sur les murs et fait
entrer ses hommes par escalade. Je m’armais, prêt à défendre chèrement ma vie, mais
personne ne monta à l’étage où j’étais, alors que j’entendais les cris et les
coups de feu dans l’auberge. Puis le silence revint, ponctué par les cris des
servantes violentées. Je décidai de fuir par la fenêtre. J’étais au premier
étage et, m’agrippant à un lierre, je sautai dans la rue. Hélas, à peine en bas,
un parti de huguenots me prit. Ils étaient armés de mousquets et de pistolets, je
dus rendre mon épée.
    » On m’enferma dans une cave avec d’autres
habitants. Quelques heures plus tard, on nous fit sortir, garrottés par les
mains, et on nous conduisit sur la place publique où se trouvait l’église et
des halles à piliers.
    L’église avait été pillée. Les hérétiques
avaient même sorti les vases sacrés et le saint ciboire qu’ils avaient remplis
de saintes hosties avant d’uriner dedans.
    À la table, tous les convives se signèrent.
    — Plusieurs habitants étaient pendus par
les pieds à la charpente des halles. Quelques-uns remuaient encore et des
femmes étaient attachées aux piliers. Mon voisin m’expliqua que les pendus
étaient le maire et les échevins. Quant aux femmes, c’étaient leurs épouses, leurs
mères ou leurs sœurs. Violentées, la plupart étaient inconscientes. Le capitaine
huguenot nous interrogea à tour de rôle. Suivant les réponses faites, on était
rangé à droite ou à gauche. J’expliquai que j’étais à Mayenne et que je pouvais
payer rançon, aussi on me mit à droite, comme le bourgeois qui m’avait
renseigné.
    » Ensuite, le capitaine fit signe à un de
ses hommes qui portait un bonnet rouge sur la tête et qui avait à la main un
poignard bien aiguisé. Il s’approcha des femmes et à chacune coupa une oreille
qu’un autre vint clouer à la porte de l’église. Tandis que les femmes hurlaient,
les huguenots riaient à gorge déployée, comme des démons, et le capitaine s’exclama :
“La prochaine fois, ne vous trompez pas de religion !”
    » Ils emmenèrent ensuite les hommes
placés à gauche ainsi que le prêtre de l’église pour les conduire sur la
muraille. Moi et mes compagnons de droite les suivîmes, mais nous restâmes en
bas de l’enceinte. En haut, un soldat faisait déshabiller les prisonniers et
les faisait monter nus sur le parapet de la courtine. Là, il les perçait d’un
coup d’épée pour les faire tomber dans le fossé. Ils en tuèrent ainsi plus de
cinquante. “Je crois qu’ils n’ont plus assez de corde.” m’a murmuré mon
compagnon.
    » Tous les catholiques prisonniers furent
ainsi mis à mort de sang-froid, sans autorité, forme, ni procédure de justice.
    » On nous ramena ensuite dans la cave. En
chemin, je vis partout des corps arquebusés ou dagués, et des pendus… hommes, femmes
et enfants. Plus tard, on nous conduisit à l’auberge où chacun écrivit une
lettre précisant la rançon à payer. Pour moi, elle fut fixée à cinquante écus. À
mon compagnon qui avait un frère négociant à Bordeaux, ils demandèrent cent
écus, mais pour ce prix-là il obtint qu’on lui rende sa femme qui avait subi
toutes sortes d’outrages.
    » Je restai enfermé dix jours dans le
noir, avec un seau d’eau et un morceau de pain noir pour toute nourriture. Enfin,
on me sortit de ma cave. Les pendus étaient toujours accrochés aux branches. Les
odeurs de mort et de brûlé étaient encore plus prenantes. On me conduisit au
pont-levis où m’attendait un gentilhomme de monseigneur de Mayenne avec un
cheval. En chemin, je vis que les maisons avaient été pillées et saccagées, certaines
abattues jusqu’aux fondements. Je n’ai pas su ce qu’était devenu mon voisin [60] .
    Quand il eut terminé, personne ne dit mot. Tous
avaient connu la guerre et le pillage. Tous les hommes les avaient pratiqués, mais
tous aussi en avaient honte. Sauf Maurevert, peut-être, car il n’avait pas de
conscience.
    La duchesse de Montpensier était restée
impassible durant le récit. Avant de quitter Chenonceaux, Foulques Cabasset
avait tenté de la dissuader de faire le voyage. Prise, il lui arriverait ce qui
arrivait à toutes les femmes, peut-être perdrait-elle ses oreilles, et en plus
elle servirait d’otage. Pourtant, elle n’avait pas changé d’avis, même quand il
lui avait raconté la prise

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