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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Quercy. J’ai trouvé ici les nouvelles que j’attendais.
De surcroît, je vous avais demandé à tous de venir me rejoindre au début de ce
mois. Je n’allais pas vous faire défaut quand c’est moi qui vous appelais à l’aide !
    Le prince de Condé resta le visage renfrogné. À
trente-quatre ans, et contrairement à son père Louis, le petit homme si joli, mort à Jarnac, Henri de Condé n’avait jamais fait preuve de grandes
capacités militaires. C’était un homme de faible constitution et de santé
fragile. Contrairement à Navarre, il avait eu une enfance triste et sans affection.
Il disait n’avoir connu que la douleur et les misères de la guerre. D’une
immense ferveur envers la religion réformée, il avait pourtant été contraint d’abjurer
à la Saint-Barthélemy. Il avait ensuite épousé Marie de Clèves qui l’avait
trompé avec le duc d’Anjou – l’actuel Henri III, l’assassin de son père !
Il en était resté meurtri, ombrageux, aigri. Le visage déjà fort ridé, on le
disait las de l’existence et il ne rêvait que de mourir sur un champ de
bataille.
    De même que Navarre et beaucoup de huguenots, il
était en blanc. C’était un hommage à son père Louis de Condé qui, le premier, avait
arboré cette couleur. Un jour où il devait négocier avec Catherine de Médicis
dont l’entourage portait des habits cramoisis, alors à la mode à la Cour, le
prince était venu accompagné de ses fidèles, tous en blanc. « Mon cousin, pourquoi
vos hommes ressemblent-ils à des meuniers ? » avait ironisé la reine
mère. « Pour bien montrer, madame, qu’ils peuvent battre vos ânes ! »
avait-il répondu.
    Aussi spirituel que cruel, Louis de Condé
goûtait particulièrement ces reparties. Mais son fils ne lui ressemblait en
rien.
    — Brisons là ! Il n’y a pas querelle,
ajouta Navarre en posant affectueusement sa main calleuse sur celle de son
cousin.
    C’était un geste d’apaisement, mais aussi
celui du seigneur accordant sa protection à son féal. Condé eut un maigre
sourire en reconnaissant ainsi son allégeance.
    La scène avait été brève. Elle n’était pas
inhabituelle. Le roi de Navarre rappelait ainsi à tous que, s’il acceptait le
débat et la critique, c’est lui et lui seul qui détenait l’autorité, et qui
décidait. Comme il aimait à le dire : Je vous ferai voir que je suis
votre aîné !
    À gauche du Béarnais, Henri de La Tour d’Auvergne,
vicomte de Turenne, trente-trois ans, petit-fils du connétable Anne de
Montmorency, premier gentilhomme de Navarre, et sans doute son meilleur général,
opinait gravement devant la leçon à laquelle il venait d’assister. Quant à
Rosny, il était toujours debout, attendant respectueusement du roi l’autorisation
de s’asseoir.
    — Installez-vous, Rosny, il reste une
place près de Philippe, dit Navarre d’une voix rocailleuse en dissimulant un
sourire.
    Philippe de Mornay réprima une grimace quand
Maximilien de Béthune – le baron de Rosny – s’assit près de lui. Les deux
hommes ne s’aimaient pas, mais servant et admirant le même maître, ils devaient
se supporter. Et puis Philippe, tout comme Maximilien, avait compris qu’Henri
voulait qu’ils soient l’un à côté de l’autre.
    Un valet, qui jusqu’à présent allumait des
lanternes, sortit un plat de châtaignes de la cheminée pour le déposer sur la
table. Il remplit ensuite à nouveau les verres de vin, puis sortit, refermant
soigneusement la porte.
    — Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour
parler avec vous depuis hier soir, c’est pourquoi j’ai décidé ce conseil. J’ai
besoin d’entendre l’avis de mes fidèles conseillers. Mais maintenant que nous
sommes seuls, je peux vous l’annoncer, je n’ai jamais envisagé de faire massacrer
les habitants de Nérac !
    Il prit une châtaigne et, après avoir poussé
le plat vers Condé pour qu’il se serve à son tour, il commença, avec beaucoup
de concentration, à enlever la peau à l’aide de sa dague.
    — Il fallait que les espions de Mayenne
croient que j’allais livrer ici mon dernier combat, poursuivit-il. Si j’ai
passé une partie de la nuit sur les chemins de ronde bien éclairés par des
flambeaux, ce n’était pas pour vérifier que tout était en place pour la défense
de la ville, c’était uniquement pour être vu des batteurs d’estrades.
    Il ne dit pas qu’ensuite il avait rejoint la
Belle Corysande [8] . Après tout, il n’était

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