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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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à Montauban, entre deux
missions pour Navarre, il n’était pas rare de le voir sur les remparts
encourager les ouvriers ou faire manœuvrer les soldats. Avec sa femme et ses
enfants, il habitait la grande maison de l’ancien consul Hugues Bonencontre, conseiller
à la chambre de Castres et un des plus respectables représentants de la
bourgeoisie de la ville.
    L’après-midi du 13 novembre, sous une petite
pluie glaciale, Aymar de Puyferrat arriva au faubourg de Ville-Bourbon
accompagné de deux hommes d’armes. Maurevert avait proposé que Rouffignac l’accompagne,
car le jeune homme était de plus en plus apprécié pour sa fidélité, mais
celui-ci avait expliqué qu’il était venu à Montauban quand il était voleur et
qu’on le reconnaîtrait immanquablement.
    À la porte de la ville, Puyferrat présenta au
capitaine de la milice bourgeoise un passeport signé par Henri de Navarre dont
la description lui correspondait. Au cours de la campagne, Mayenne avait capturé
et fait pendre bien des messagers ou des espions huguenots. À chaque fois, il
conservait précieusement leur passeport qui pouvait être utile. Bien sûr, on
faisait de même dans le camp opposé !
    Puyferrat dut à nouveau présenter son
passeport pour passer la porte en forme d’arc de triomphe qui barrait le pont
en briques sur le Tarn. Dans la vieille ville, posant habilement des questions
aux marchands devant leur étal, il apprit où logeait la famille de Mornay. Lui
et ses deux compagnons prirent ensuite une chambre à l’hôtellerie de l’Amiral
située non loin de la maison de Hugues Bonencontre.
    Durant deux jours, en alternant la
surveillance, ils observèrent les allées et venues des gens de la maison. Très
vite, ils repérèrent Mme de Mornay et Cassandre.
    Au troisième jour, on était un samedi, Puyferrat
vit Mme de Mornay sortir seule. C’était ce qu’il attendait. Maurevert
et la duchesse de Montpensier avaient bien insisté : il devait rencontrer
la jeune femme sans Mme de Mornay, car celle-ci ne laisserait jamais partir
sa fille.
    Il prévint ses deux compagnons pour qu’ils
sortent de la ville et l’attendent, puis, ayant fait préparer son cheval, il
alla frapper à la maison de Bonencontre. Le concierge vint lui ouvrir. Puyferrat
lui remit une lettre à porter à Mlle Cassandre de Mornay, en expliquant qu’il
attendait la réponse. On le fit donc asseoir dans une minuscule antichambre
sombre et glaciale.
    Cassandre était dans
sa chambre, encore sous le coup de la colère après la lecture de la lettre qu’elle
et sa mère adoptive venaient de recevoir du pasteur de leur quartier, M. Bérault.
    Cela faisait plus d’un an que Mme de Mornay
était en chicane avec lui. Ministre du culte d’une grande rigidité, M. Bérault
appliquait à l’excès les prescriptions du synode, en particulier celles sur la
décence des vêtements, aussi refusait-il que participent à la Cène [66] les femmes portant des coiffures à la mode, comme c’était le cas pour Mme de Mornay
et sa fille.
    Seulement, pour éviter de se mettre à dos le
gouverneur, le refus de M. Bérault était toujours sinueux. L’une de ses
manières était de ne pas donner de méreau, ce jeton de métal distribué avant la
communion dans des réunions catéchétiques [67] . Le pasteur les refusait à Mme de Mornay et à ses enfants
sous le prétexte qu’ils étaient étrangers à la ville. Or on ne pouvait
participer à la Cène si l’on n’en avait reçu un.
    La querelle avait déjà éclaté d’autres fois et
le pasteur avait toujours été débouté par le consistoire. Il venait de
recommencer, car il savait que le gouverneur était en chevauchée, loin de
Montauban. Mme de Mornay s’était rendue chez lui pour le mettre en
garde de la colère de son mari.
    C’est dans cet état d’esprit que Cassandre
prit la lettre apportée par le concierge qui lui précisa que le gentilhomme l’ayant
portée attendait dans l’antichambre. Ayant fait sortir sa femme de chambre, elle
examina le pli le cœur battant, car elle avait reconnu l’écriture. Le cachet de
cire, sans marque, n’avait pas été brisé. Elle l’ouvrit.
    Cassandre,
    Vous m’écriviez : Mon cœur, si jamais vous
m’avez fait cet honneur de m’aimer, il faut que vous me le montriez à cette
heure.
    J’ai voulu vous le montrer. J’ai traversé
la France. L’homme qui vous remettra cette lettre est un ami. Je vous attends
près de Montauban, il vous

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