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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sinon son
épée à quelques pas, sa miséricorde, ses éperons et quelques pièces de ses
vêtements. Les loups avaient dû traîner son corps pour le dévorer. Elle
descendit chercher l’épée, puis, dans le silence, murmura doucement un psaume.
    … Ailleurs qu’à
toi notre pensée,
    Seigneur, ne s’est point adressée…
    Après quoi, elle
remonta en selle et prit le chemin dans le bois. À cette heure, jugea-t-elle, les
loups, repus, devaient dormir. Elle chevaucha ainsi une heure, peut-être deux, puis
s’arrêta pour donner ce qu’il restait de fourrage à son cheval. La faim la
faisait cruellement souffrir. Elle ramassa quelques châtaignes qu’elle rongea, mais
n’osa faire de feu en plein jour. On devait être à sa recherche. Elle arracha
aussi quelques feuilles de plantes rabougries qu’elle mâchonna avant de les
recracher tant elles étaient amères.
    Elle leva à nouveau les yeux au ciel. Les
corbeaux tournaient en rond au-dessus de l’endroit d’où elle venait. Ils
seraient là tant qu’ils auraient à manger.
    Elle distingua alors vaguement le soleil. Elle
allait vers le nord, donc dans la bonne direction, se dit-elle. Elle finirait
bien par arriver, tôt ou tard, à la Côle. Ensuite, elle n’aurait qu’à suivre la
rivière. Elle remonta en selle.
    C’est à un détour qu’elle découvrit la troupe
d’hommes d’armes, juste devant elle. Immédiatement, elle fit faire demi-tour à
son cheval et le lança au galop.
    La horde fit de même, ils la talonnaient, elle
le sentait. Puis il y eut des coups de feu. Elle sentit sa bête sursauter. Elle
était touchée et elle l’arrêta. Immédiatement le pauvre cheval s’écroula et
elle roula au sol.
    — Vous nous avez fait perdre bien du
temps ! dit le capitaine Cabasset alors qu’elle se relevait.
    Elle tira son épée.
    — Que comptez-vous faire ? ricana-t-il.
Rassurez-vous, nous ne vous voulons pas de mal. Je dois seulement vous ramener
à Mme de Montpensier, mais essayez de vous battre et je vous fais
fouetter.
    Ils étaient une dizaine. Deux avaient encore
une arquebuse à rouet à la main. Fouettée devant eux ? Ils n’attendaient
que ça.
    — J’ai votre parole que je serai bien
traitée ?
    — Vous l’avez. Où est Rouffignac ?
    — Il est mort.
    — Vous l’avez tué ? demanda-t-il, songeant
que le jeune homme avait peut-être tenté de la violenter.
    — Non, ce sont les loups.
    — Ils vous ont attaqués ?
    Elle hocha sombrement du chef.
    — Il a eu de la chance, remarqua Cabasset.
La duchesse voulait le faire écorcher vif pour la mort de son gentilhomme.
    Il s’arrêta de parler, alarmé par le visage
hâve et les traits tirés de la jeune femme. Depuis quand n’avait-elle pas mangé ?
    — Vous avez faim, mademoiselle ? Soif ?
    Elle hocha la tête, ne voulant pas quémander.
    — Pierre, donne-lui du pain et une gourde
de vin.
    Cabasset était soldat mais n’était pas un
mauvais homme. Il était même secrètement admiratif de ce qu’avaient fait
Rouffignac et la jeune femme. Lui n’était pas parvenu à s’évader quand il avait
été fait prisonnier.
    — Vous monterez derrière moi, décida-t-il.
Je ne vous attache pas si vous me donnez votre parole de ne pas tenter de vous
enfuir.
    — Vous l’avez, soupira-t-elle.
    Le nommé Pierre, un jeune soldat, l’aida à
monter en selle, puis lui donna un morceau de pain noir et un flacon de vin en
terre cuite.
    La colonne se mit en route. Elle but et mangea,
presque soulagée, mais songeant déjà à une nouvelle fuite. En aurait-elle l’occasion ?
Elle avait toujours la dague contre sa jambe.
    Au bout de deux heures, ils arrivèrent à une
rivière qu’ils longèrent. Jusque-là, elle n’avait pas dit un mot, Cabasset non
plus.
    — Comment m’avez-vous trouvée ? demanda-t-elle
enfin.
    — Les corbeaux ! On les a remarqués
tournoyer ce matin tandis qu’on bivouaquait dans le bois.
    Après qu’ils eussent traversé la rivière à gué,
elle reconnut les grosses tours rondes crénelées de La Chapelle-Faucher.
    Elle se souvint de ce que son père lui avait
raconté sur le château. Après la défaite de Jarnac, l’amiral de Coligny et
trois mille reîtres allemands étaient passés par Brantôme, où ils avaient exigé
le gîte et le couvert, puis ils avaient poursuivi jusqu’à La Chapelle-Faucher
où ils avaient rencontré une bande de paysans catholiques. Ceux-ci, trop peu
nombreux pour se battre, s’étaient

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