La Guerre Des Amoureuses
protestants.
— Connaissez-vous M. de Mornay ?
Les trois cavaliers se regardèrent, puis l’un
d’eux répliqua :
— Oui.
— C’est lui que nous allons voir.
Les trois cavaliers se concertèrent à nouveau.
— Avez-vous un passeport ? demanda l’un
d’eux.
— J’ai une lettre de M. de Montaigne,
l’ancien maire de Bordeaux ! cria Olivier.
— Et un laissez-passer de monseigneur de
Navarre, compléta Nicolas.
De nouveau, les cavaliers échangèrent quelques
paroles jusqu’à ce que l’un d’eux propose :
— Posez-les sur le chemin et reculez.
Olivier prit le papier que lui tendait Nicolas,
puis descendit de cheval, plaça les lettres sous un caillou et remonta en selle.
Tout ceci sous la vigilance de ses amis. Mais les cavaliers n’avaient pas bougé.
Olivier tourna bride avant de s’arrêter
cinquante pas plus loin, Nicolas et Il Magnifichino firent de même. La
voie libre, les cavaliers s’approchèrent et ramassèrent les lettres. Ils les
lurent et se concertèrent encore un moment. Puis celui qui avait parlé le
dernier demanda, d’un ton hostile :
— Vous êtes Olivier Hauteville ?
— Oui.
— Où est ma fille ? Je suis Philippe
de Mornay ! lança-t-il avec agressivité.
En disant ces mots, il s’avança, menaçant, tenant
cette fois son épée à la main.
— Je suis venu vous prévenir, monsieur. On
veut enlever Cassandre, répondit Olivier en rangeant ses armes.
— Nous cherchons Cassandre qui a disparu
depuis quatre jours, répliqua rageusement Mornay. Elle a écrit qu’elle partait
pour vous retrouver !
— Sang du Christ ! s’exclama Olivier,
bouleversé. C’était un piège, monsieur ! C’est Mme de Montpensier
qui a tout fait !
— La sœur de Guise ? Expliquez-vous !
Que savez-vous ? s’enquit durement Mornay.
En quelques mots hachés, Olivier, qui s’était
approché du père adoptif de Cassandre, raconta d’où ils venaient et ce qu’ils
savaient.
— Vous avez suivis le chemin d’Angoulême ?
s’enquit Mornay, un peu moins hostile.
— Oui, monsieur. Nous sommes venus aussi
vite que nous avons pu depuis Loches.
— Et vous n’avez rien remarqué en chemin ?
Nous ne savons pas ce qui s’est passé, mais Cassandre a laissé une lettre
disant qu’elle allait aux tuileries de Montauban, que là, vous l’attendiez, qu’elle
reviendrait avec vous. Inquiète, ma femme s’y est rendue. Il y avait les traces
d’une lourde voiture et d’un grand nombre de cavaliers, plus de trente…
Le ton de sa voix était maintenant presque
désespéré.
— … Si ce que vous dites est vrai, vous
auriez dû les croiser…
— Nous n’avons pas rencontré de coche et
de soldats, monsieur. Nous sommes partis le 24 octobre de Loches, dès que nous
avons connu le projet d’enlèvement, mais Mme de Montpensier avait
presque deux semaines d’avance sur nous.
Constatant que la méfiance s’effaçait, les
autres s’approchèrent. Poulain leva son casque, l’un des cavaliers fit de même.
— Monsieur Caudebec ! s’exclama
Nicolas.
— Monsieur Poulain ? Quelle surprise…
Les deux hommes s’approchèrent, rengainèrent
leurs armes et s’accolèrent amicalement par l’épaule.
L’affaire de Paris, où Caudebec avait menacé
Poulain de le tuer, était oubliée. Provisoirement…
— Nous avons pris la mauvaise route, dit
Caudebec en s’adressant à Mornay, ils ont dû filer vers Villefranche et Périgueux.
— Nous pouvons encore les rattraper… Messieurs,
nous ne sommes que trois, Venez-vous avec nous ? demanda Mornay en
regardant nos amis.
— Bien sûr ! Mais pourquoi êtes-vous
si peu nombreux, s’ils sont trente ?
— Je n’ai pu prendre plus d’hommes, car
mes gentilshommes doivent rester pour protéger Montauban. Je réglerai seul mes
affaires de famille. Seul Caudebec m’a suivi, ainsi qu’Antoine, mon écuyer.
— Je me souviens de lui, il était à Paris
avec vous, dit Poulain. Mais imaginons que nous rattrapions les ravisseurs, que
ferons-nous s’ils sont trente ou plus ?
— Nous verrons ! répondit sombrement
Caudebec.
Poulain secoua négativement la tête en
grimaçant.
— Je suis prévôt, je poursuis souvent des
brigands et je n’ai pas pour habitude d’agir ainsi !
— Alors ne venez pas ! répliqua
sèchement Mornay.
Poulain inspira longuement pour se calmer.
— Cessons de nous quereller, monsieur, voulez-vous ?
Je ne vous dois rien, je suis
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