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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la
reine qui les avaient poursuivis, songea Olivier.
    — Mais très vite la honte, le dégoût
envers l’ignominie que j’avais commise m’ont envahie. Je fus au désespoir. Je
ne pouvais plus rester à la Cour. J’ai supplié Flavio de partir, mais même
après, je ne pensais qu’à la noirceur de mes actes. Pourquoi avais-je agi ainsi ?
Aujourd’hui encore je l’ignore et je ne le comprends pas. Car sachez, monsieur
Hauteville, que je n’éprouve aucun sentiment amoureux envers vous et que je n’ai
même pas eu à vous chasser de mon cœur.
    — Je… je ne sais que vous dire, madame.
    — Il fallait que je me rachète, aussi, quand
j’ai appris que la duchesse était ici…
    — Vous vous êtes rachetée au centuple, madame !
    — Non ! Mais si vous m’accordez
votre pardon, je crois que je pourrais me consoler et retrouver un peu d’estime
envers moi.
    — Mais, madame, sans vous, je n’aurais eu
aucun moyen de retrouver Cassandre ! Songez-y ! Si je parviens à la
libérer, ce sera vous qui serez la cause de mon bonheur !
    Des larmes coulèrent sur les joues d’Isabella
alors qu’elle sanglotait un : « Merci ! »
    Olivier, bouleversé par ce qui venait de se
passer, retrouva les autres dans la grande salle de l’auberge. Venetianelli
dévorait un morceau de jambon après avoir terminé une soupe aux choux. Nicolas
venait de se faire porter la même soupe. Malgré son émotion, Olivier avait faim
et se joignit à eux.
    — Nous partirons dès que tu auras fini de
manger, déclara Nicolas. On m’a dit à peu près où se trouvait Garde-Épée. Il y
a dix bonnes lieues et nous devrons faire étape en route.
    — Cela signifie qu’on arrivera vendredi, le
jour précédant la conférence. Que fera-t-on avec si peu de temps ?
    Nicolas haussa les épaules pour marquer son
indécision.
    — Repérons les lieux et essayons de
savoir si Mme de Montpensier est là, et avec combien d’hommes. Ensuite
nous irons chercher M. de Mornay, Caudebec, les lansquenets, et s’il
n’y a rien d’autre à tenter, nous prendrons d’assaut cette maison. Nous
réglerons ainsi, en une seule fois, tous nos comptes avec la sœur du duc de
Guise.
    — Je préférerais une solution moins
sanglante, soupira Olivier. N’oublie pas que Cassandre est leur otage.
    Nicolas grimaça. Il n’avait aucune autre
solution.
    Ils reprirent leurs affaires à l’hostellerie, ainsi
que le cheval qu’ils avaient laissé à l’écurie, puis sortirent par la double
porte Saint-Martial et passèrent la Charente au premier pont.
    Le temps était gris et humide, mais ils
avaient connu pire. Après quatre heures de chevauchée, ils trouvèrent à se
loger à Hirsac, dans une maison ouverte pour les voyageurs par les moines de l’abbaye
de la Couronne.
    Ils repartirent à la pique du jour et
contournèrent Jarnac. La trêve limitait les risques d’être attaqués par des
rôdeurs, mais autour de Jarnac, les patrouilles de huguenots étaient nombreuses.
Nicolas Poulain dut montrer deux fois le laissez-passer d’Henri de Navarre.
    Enfin ils arrivèrent sur le chemin de la
Pierre-Levée. Ils aperçurent le gros dolmen sur leur droite, puis, un peu plus
loin, ils découvrirent une vaste maison forte entourée d’une enceinte crénelée,
avec un gros pigeonnier à l’extérieur, en face du porche. La route contournait
la bâtisse en passant juste devant.
    Ils étaient restés casqués, avec une écharpe
blanche autour du cou comme des gentilshommes de Navarre. Ainsi, si le boiteux
manchot était dans une des échauguettes à les observer, il ne pouvait voir leur
visage. Ils longèrent la façade, s’attardant un instant devant le porche, comme
s’ils s’assuraient que ce n’était pas une maison hostile. Dans la boue, ils
virent des traces de roues d’une lourde voiture, et surtout des piétinements de
cavaliers. Une troupe très nombreuse était entrée dans Garde-Épée.
    Ils poursuivirent ensuite leur route vers
Saint-Brice, jetant un ultime regard sur l’enceinte. C’est à cette occasion que
Nicolas Poulain aperçut des casques qui brillèrent quand un rayon de soleil
filtra entre deux nuages.
    Ils sont là, se dit-il. Ce ne peut être qu’eux !
    Dès qu’ils furent hors de vue de la maison
forte, il proposa à Olivier et Lorenzino :
    — Prenons par les bois, je veux voir l’arrière
de cette maison.
    Ils empruntèrent une sente avant de se
retrouver dans une forêt. Ils ne voyaient plus

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