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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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d’importance, puisque je
sais exactement où ils se sont rendus, dit Isabella d’une voix égale. Je pense
qu’ils ont simplement choisi un itinéraire leur permettant d’éviter Jarnac où
il y a beaucoup de protestants.
    — Vous savez où ils sont allés ? s’exclama
Olivier.
    — Oui, dit-elle en posant son regard sur
lui, ce qui lui demanda un effort surhumain.
    Elle poursuivit en s’efforçant de contenir son
émotion :
    — Tandis que les gens de la duchesse
préparaient leur départ, j’ai demandé à mes compagnons de se rendre dans l’écurie
et de se mêler aux soldats pour découvrir où ils allaient. L’un des nôtres s’est
approché de Cabasset qui examinait un plan avec un gentilhomme. Les écoutant, il
a surpris deux mots qui l’ont frappé et qu’il m’a rapportés : garde… épée.
    — Je suppose qu’il s’agissait d’un
conseil : Garde-toi… ou : Accroche ton épée, suggéra Poulain.
    — Non, les deux mots se suivaient, et
surtout il a pu voir le plan qui représentait la Charente et les chemins aux
alentours.
    — Cela ne nous avance pas, dit Olivier, brusquement
découragé.
    Elle lui sourit, toujours aussi tristement, et
poursuivit.
    — À Chenonceaux, après l’arrivée de
Gabriella et ses mises en garde, j’avais fouillé la malle de Ludovic. Je n’avais
rien trouvé pouvant l’incriminer, mais au fond de son coffre il y avait
plusieurs lettres pliées. Vous ai-je dit que Ludovic est le fils de Vincenza
Armani, une des grandes comédiennes des Desiosi, morte il y a deux ou trois ans ?
Une des lettres était envoyée par un gentilhomme français dont j’ai oublié le
nom, et qui était apparemment le père naturel de Ludovic. Il avait cédé un fief
à un marchand de ses amis, au cas où il viendrait à disparaître, de manière à
ce que ce fief n’entre pas dans sa succession et revienne à Ludovic. Pour cela,
son fils devait demander les actes de propriété à un prieur à qui il les avait
confiés.
    Voyant que Poulain et Olivier s’impatientaient,
elle ajouta :
    — Le fief se nomme Garde-Épée ou L’Espée
de Garde, et se situe entre Cognac et Jarnac. Flavio s’est renseigné.
    — C’est une maison forte à Saint-Brice, intervint
Flavio.
    — Ils sont là ! murmura Poulain, qui
venait de tout comprendre.
    — Merci ! dit Olivier en se levant.
    — Vous partez ? demanda-t-elle.
    — Oui, madame. Nous n’avons guère de
temps.
    Isabella se tourna vers son mari pour lui
demander, les larmes aux yeux :
    — Monsieur mon époux, je voudrais dire
deux mots en tête à tête à M. Hauteville.
    Francesco resta impassible un instant, puis
hocha le chef. Tous sortirent, mais en laissant la porte ouverte comme la
décence l’exigeait.
    — Monsieur Hauteville, pardonnez-moi si
je sors du profond respect que je vous dois, c’est la première fois que je vais
être assez hardie pour vous parler ainsi, et ce sera aussi la dernière.
    Elle déglutit avant de dire :
    — Je ne m’explique pas ce qu’il s’est
passé à Loches.
    — Que s’est-il passé, madame ? demanda-t-il,
surpris par ses paroles.
    — Après que je me fus évanouie, sans que
j’en connaisse la raison, je vous ai découvert devant moi en ouvrant les yeux. Je
ne sais ce qui m’a pris. Mon cœur s’est mis à battre comme le jour de mes
quinze ans quand je rencontrai mon époux. Je fus prise d’une passion aussi
violente qu’inexplicable.
    Olivier ne savait que dire tant il était
interloqué.
    — Je suis morte de honte en vous avouant
cela, mais je crois que vous ne vous êtes aperçu de rien, dit-elle, avec
douceur. Vous ne m’avez même pas témoigné de l’intérêt. C’est alors que nous
avons parlé du départ de la duchesse, et que j’ai fait allusion à l’enlèvement
de mademoiselle de Mornay. Vous m’avez déclaré que vous l’aimiez, et vous êtes
parti sans un regard pour moi. Vous étiez alors l’homme le plus malheureux du
monde…
    Elle soupira.
    — … Et moi la femme la plus malheureuse
de la Terre ! Ah ! monsieur, quel mal que la jalousie ! Je dois
vous l’avouer, mon esprit fut pris d’un dépit si violent et si mal fondé que je
ne peux toujours pas me l’expliquer. Je ne sais ce qui m’a pris, j’ai pensé
pouvoir être vengée par la punition que vous recevriez. Après votre départ de
Loches, je suis allé voir la reine, et je vous ai dénoncés…
    — Vous, madame !
    Ainsi s’expliquaient les gens d’armes de

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