La Guerre Des Amoureuses
semaines pour le dégager et l’explorer jusqu’au bout.
— Et cette porte qui le ferme ?
— Elle est en fer, je ne suis pas allé
plus loin.
— Pourquoi les moines ne se sont-ils pas
cachés là quand l’abbaye a été attaquée ? demanda Olivier.
— Sans doute ignoraient-ils l’existence
de ce souterrain ? Ce passage est certainement oublié depuis des siècles, répondit
Ludovic.
Nicolas Poulain avait déjà saisi la lampe de
terre cuite posée sur une pierre.
— Il y a de l’huile de noix dans ce
flacon, proposa le jeune Gouffier. Je vous accompagne…
— Non, si c’est tout droit, je n’aurais
pas de mal à trouver mon chemin.
Personne ne remarqua l’ombre de contrariété
qui passa sur le visage de Ludovic. Nicolas emplit la lampe avec l’huile et
glissa le flacon dans une poche de son pourpoint. La lampe n’était qu’un simple
godet en fer avec d’un côté un bec qui portait une mèche de coton et de l’autre
une anse assez longue. Il alluma la mèche avec son briquet à amadou.
Suivi des autres, il se rendit au puits, saisit
l’anse de la lampe entre ses dents, attrapa la corde, se glissa à l’intérieur
du puits, et se laissa descendre, non sans faire un dernier signe amical à
Olivier.
La lampe éclairait peu, mais il repéra
aisément le début du souterrain. Le puits étant étroit, il posa facilement ses
pieds sur le sol de l’orifice, puis il s’engagea dans le tunnel.
Il ne pouvait rester droit. Au début, l’avancée
fut pourtant assez rapide bien que fatigante, car il devait se baisser et tenir
la lampe devant lui à bout de bras pour éviter de se cogner. Les parois du
souterrain étaient en pierre et par endroits le mur s’était écroulé sous la
pression des racines. Ludovic l’avait plus ou moins redressé en empilant les
pierres.
À un moment, le boyau devint plus étroit, moins
haut, et il dut s’accroupir pour avancer. Il sentit des courants d’air, l’humidité
des sous-bois. Sans doute le tunnel affleurait-il le sol de la forêt. Il avança
ainsi péniblement durant près d’une heure. Deux fois la lampe s’éteignit et il
ne parvint à la rallumer qu’à grand-peine. Il arriva enfin à la porte rouillée,
bardée de fer et hérissée de clous, mais si vieille que des morceaux entiers s’effritaient.
Il colla un long moment son oreille au battant. Que pouvait-il y avoir derrière ?
N’entendant rien, il jugea que ce devait être une cave rarement utilisée. Il
examina un moment les clous, les arrachant facilement avec sa dague, puis, avec
la lame, il gratta les gonds scellés dans l’encadrement de pierre envahi par le
salpêtre et constata qu’il n’y aurait aucune difficulté à les desceller. Il
serait facile d’enlever le bardage de fer et de détacher les pentures. Il
suffirait ensuite de pousser la porte qui s’ouvrait vers l’intérieur, en
évitant juste de la faire tomber pour ne pas provoquer d’alerte. S’il y avait
une cave de l’autre côté, il fallait seulement espérer qu’on n’ait pas entreposé
trop d’objets derrière.
Ne pouvant rien apprendre de plus, il fit
demi-tour.
De nouveau, la lampe s’éteignit plusieurs fois
et, alors qu’il ne devait plus être très loin du puits, il ne parvint pas à la
rallumer.
Il resta un long moment dans le noir à frapper
la pierre de son briquet, puis décida d’avancer à tâtons. Après tout, c’était
tout droit et il devrait juste faire attention à ne pas tomber dans l’eau en
arrivant.
Il s’aperçut vite que le tunnel n’était pas
vraiment droit. À plusieurs reprises il heurta les murs dont les empilements de
pierres s’écroulèrent. À chaque fois, il restait immobile, le cœur battant, craignant
que la voûte entière ne s’écroule sur sa tête. C’est lors d’un de ces
éboulements qu’il fut surpris par le bruit métallique. Ce n’étaient pas des
pierres qui tombaient cette fois, mais des objets qu’il tâta dans le noir. Des
coupes, des vases ?
Voulant savoir de quoi il s’agissait, il s’installa
confortablement, graissa la mèche et entreprit de la rallumer. Enfin, la flamme
jaillit et il put examiner ce qui s’était passé.
En heurtant les pierres, il avait fait
effondrer un muret dissimulant une cache. Les objets n’étaient pas en fer ou en
étain, comme il l’avait pensé, mais en or et en argent. C’étaient des vases
religieux, des ciboires, des calices, des chandeliers. Probablement le trésor
de l’abbaye
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