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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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qu’il y ait bataille à l’extérieur, les deux comédiens n’auraient
pas à risquer leur vie.
    — Les trois autres groupes se répartiront
la maison, poursuivit-il. Un à droite, un à gauche, et un qui servira d’appoint.
Je vous l’ai dit, pas de merci pour les guisards, mais que personne ne touche à
la duchesse ou à ses serviteurs, sauf s’ils se défendent. Pas de pillage, je
vous l’ai déjà dit. Il y a aussi un homme d’une quarantaine d’années, boiteux, ayant
une main en moins et portant une barbe grise ou blanche. Il est très dangereux,
mais je le veux vivant. Il y aura dix écus pour sa capture. Par ailleurs, vous
savez que ma fille est enfermée ici. Dix écus pour ceux qui la trouveront. Ceux-là
resteront ensuite auprès d’elle pour la protéger. Qu’ils se fassent tuer si on
l’approche. Il ne faut en aucun cas la sortir de la pièce où elle est enfermée,
elle y restera en sécurité pendant la bataille.

21.
    La nuit tombée, des guetteurs ayant été placés,
quatre soldats de Mayenne, choisis parmi les plus vigoureux, commencèrent à
creuser une tranchée au pied de l’échauguette de Garde-Épée. Ils étaient
éclairés dans leur travail de terrassement par des flambeaux que tenaient
Maurevert et les deux spadassini. L’écuyer de Maurevert était resté dans
la maison forte.
    Les soldats travaillèrent ainsi une grande
partie de la nuit. Vers deux heures du matin, ils avaient terminé et il ne
restait qu’à faire disparaître les traces du terrassement.
    Au même moment, dans les sous-sols de la
maison forte, deux lansquenets s’étant relayés à retirer les clous et à desceller
les gonds de la porte de fer ils parvenaient à la déplacer sans la faire tomber
en arrière.
    La troupe qui attendait derrière entra à leur
suite dans la cave, une longue salle voûtée en grosses pierres de taille et de
médiocre hauteur. Immédiatement, la nausée les prit à la gorge : l’odeur
était ce mélange de mort et de déjections qu’ils connaissaient tous. Heinz, Mornay
et Poulain, lanternes en main, firent le tour de la pièce. Il y avait quelques
barriques et, sur des planches, des pommes et des poires, mais ce n’étaient pas
les fruits qui sentaient. Même habitués aux horreurs de cette époque, ils
furent pris d’un frisson en découvrant les cadavres d’hommes et de femmes
entassés, dénudés et brisés, en bas d’un escalier qui montait vers le
rez-de-chaussée de la maison.
    — Si nous cherchions une confirmation que
la duchesse de Montpensier et ses gens ont pris Garde-Épée, nous l’avons
trouvée, dit Poulain sombrement. Ils auraient pu simplement enfermer ces
pauvres gens ici, au lieu de les éventrer.
    Il donna ordre aux lansquenets de transporter
les corps dans un coin de la pièce, ce qu’ils firent rapidement, car les hommes
d’armes qui avaient eu froid dans le souterrain avaient hâte de se réchauffer
en commençant le massacre.
    Pendant ce temps, Poulain grimpa précautionneusement
l’escalier. Il était fermé en haut par un loquet qu’il fit jouer. La porte s’écarta
légèrement. Ceux qui occupaient les lieux n’imaginaient pas que le danger
puisse venir de la cave où il n’y avait que leurs victimes.
    En bas, Caudebec et les lansquenets allumaient
des torches. Poulain redescendit pendant que Mornay, à voix basse, rappelait
ses ordres aux hommes regroupés autour de lui.
    — Messieurs Gouffier et Venetianelli, ainsi
que vous cinq – il désigna un groupe que Heinz avait choisi – vous passerez en
tête pour vous rendre droit à la porte d’entrée. Vous la briserez et sortirez
dans la cour. Ensuite, vous savez que faire. Caudebec et Antoine, vous prendrez
chacun trois lansquenets. Dirigez-vous dans la partie gauche de la maison, en haut
de cet escalier. Nous autres, avec Heinz et Olivier, nous irons vers la droite.
    Mornay ne voulait pas mettre Olivier en danger.
En le gardant avec lui, il le protégerait.
    — Les autres, tuez tous les gens de
Mayenne que vous verrez, sauf la duchesse et ses femmes. Maintenant, que Dieu
soit avec nous. N’oubliez pas : c’est avant tout ma fille qu’il faut
sauver !
    Heinz monta le premier, ouvrit la porte et fit
passer le premier groupe, puis les suivants. Tous s’éparpillèrent, pistolet, épée
ou miséricorde aux mains. Plusieurs avaient des arquebuses à rouet dont le
canon se prolongeait d’une lame ; ainsi, le coup tiré, ils disposaient
encore du poignard pour

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