Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
Michel de Montaigne se trouvait dans la chambre de l’auberge qu’il
occupait, non loin du château. Il écrivait, assis à une table. Navarre était
parti, ainsi que ses capitaines. Lui-même quitterait Nérac dès que la voie
serait libre.
    On gratta à sa porte et un de ses hommes d’armes
qui lui servait aussi de valet entra.
    — Monsieur, une dame souhaite vous voir, annonça-t-il.
    — Une dame ? s’étonna Montaigne. A-t-elle
dit son nom ?
    — Non, monsieur.
    — Faites-la entrer.
    Une jeune femme entra couverte d’un épais
manteau. Grande, souple, blonde avec de longs cheveux bouclés, de beaux yeux
rieurs et une peau éblouissante. Elle avait un je-ne-sais-quoi qui lui
rappelait quelqu’un. Mais qui ?
    Il s’était levé et s’inclina.
    — Monsieur de Montaigne, je n’ai pas le
plaisir de vous connaître, fit-elle d’une voix ferme, mais mon père m’a souvent
parlé de vous. Il s’agit de monsieur de Mornay.
    — Vous êtes la fille de Mornay ? s’enquit-il,
étonné par l’absence de ressemblance.
    — En effet, monsieur.
    Il y eut un bref silence. Montaigne se
souvenait que Mornay disposait de neuf cent mille livres pour acheter des
mercenaires, d’où tenait-il cette somme ? Navarre avait seulement précisé
que cet argent venait de sa fille. Cette affirmation avait étonné Montaigne. Mornay
n’avait que trente-sept ans. Cette fille avait une vingtaine d’années. Elle n’était
pas de Charlotte Arbaleste… c’était donc une fille naturelle ? Mais d’où
venait sa fortune ? Il dissimula sa curiosité sous un masque de politesse.
    — Asseyez-vous, je vous prie, dit-il en
avançant la seule chaise de la chambre, tandis qu’il restait debout. Vous êtes
venue seule ?
    — Non, monsieur, monsieur Caudebec m’accompagne
toujours. Il attend dans la salle du bas.
    — Votre père a pris de bien gros risques
en vous proposant de l’accompagner depuis Montauban, mademoiselle.
    — Il ne me l’a pas demandé, monsieur, c’est
moi qui l’ai voulu, dit-elle en souriant. Je suis loin d’être un poids inutile
dans les chevauchées et mon père le sait. Monsieur Caudebec vous dira que je me
bats aussi bien que lui.
    Montaigne digéra la réponse. Durant ces
guerres, quelques femmes courageuses se battaient comme des hommes. Agrippa d’Aubigné [19] lui avait longuement parlé de Madeleine de Miraumont qui avait dressé
une compagnie de cavalerie de soixante gentilshommes qu’elle menait à la
bataille, et que l’on reconnaissait à ses cheveux dépassant de la salade lui
couvrant l’échiné. Mais s’il admettait que, par nécessité, un tel comportement
soit tolérable une fois ou deux, s’il reconnaissait le courage et l’énergie
physique et morale des femmes, Michel de Montaigne pensait que la place des
femmes n’était pas sur un champ de bataille, car il n’était pas bienséant de
voir une femme armée et vêtue comme un homme pratiquer ce qui allait à l’encontre
des qualités féminines. Les belles et honnêtes femmes devaient faire les femmes,
et non les capitaines.
    D’ailleurs, la femme n’était jamais qu’un
homme imparfait. Des hommes de science lui avaient même rapporté qu’une femme
qui pratiquait des actions convenant mal à leur genre pouvait se transformer en
homme et fabriquer des membres virils. On lui avait d’ailleurs cité de nombreux
cas en Italie. Le vrai avantage des femmes, c’était la beauté, et la plus
honorable occupation pour elles, c’était la science du ménage.
    — Je n’en doute pas, mademoiselle, fit-il,
en se demandant ce qu’elle lui voulait.
    — J’ai accompagné mon père, monsieur, car
j’espérais rencontrer ici une personne qui irait prochainement à Paris. Or, mon
père m’a parlé de vous ce matin.
    — En effet, je vais m’y rendre…
    — Porteriez-vous une lettre pour moi, monsieur ?
    — Pourquoi pas ? Votre père est-il
au courant ?
    — Non, monsieur, répondit-elle en se
mordillant les lèvres.
    — À qui cette lettre est-elle destinée ?
    — Un ami, un ami cher.
    Montaigne hésitait. Dans quelle histoire s’embarquerait-il
s’il acceptait ? Pouvait-il y avoir quelque espionnage ou trahison
là-dessous ? Déjà beaucoup l’accusaient de double jeu, prendre de tels
risques ne serait guère habile.
    — Il n’y a aucun homme plus honnête et
plus fidèle au roi, monsieur, assura Cassandre en devinant ses réticences. Je
viens de recevoir une lettre de lui et je

Weitere Kostenlose Bücher