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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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elle, déclara Mornay qui était d’un caractère plus
intransigeant. Cette femme est un démon.
    — Philippe, sourit Henri, un vrai
gentilhomme est le dernier à conseiller la guerre… et le premier à la faire.
    — Mais au bout de cette négociation, il y
a la conversion, sire, nuança Montaigne.
    — Monsieur de Montaigne, soupira Henri de
Navarre, catholique ou protestant, peu importe à mes yeux ! Dieu m’a fait
seulement naître chrétien et ceux qui suivent leur conscience sont de ma
religion. Quant à moi, je suis de celle de tous ceux qui sont braves et bons [17] … Pour l’instant, cela suffit !
    — … Et si tout cela n’était qu’un piège
de Guise ? suggéra Condé en regardant Montaigne de travers.
    — Guise me hait, monseigneur, il ne m’aurait
pas choisi, répliqua sèchement Montaigne.
    — Il nous hait tous ! grimaça Mornay.
    Il y eut un silence pénible car chacun savait
que l’avertissement de Condé était justifié. Montaigne était catholique, il
avait été maire de Bordeaux, il était l’ami de leur ennemi, le maréchal de
Matignon. Il venait de rencontrer leur pire ennemie, Catherine de Médicis, une
femme qui ne savait que trahir sa parole.
    Le seul qui ne paraissait pas préoccupé était
Navarre. Il se servit un grand verre de vin et remplit d’autorité celui de son
cousin Condé, puis celui de Turenne. Sans façon, il passa la bouteille à
Montaigne qui la prit en disant fort calmement :
    — J’encours les inconvénients que la
modération apporte. Au gibelin je suis guelfe, au guelfe je suis gibelin [18] . J’ai toujours ces suspicions muettes et je dois sans cesse me
justifier et m’excuser. J’agis pourtant en conscience, sans compromis. Maintenant,
pour vous rassurer, Guise n’est qu’un roseau peint en fer, m’a dit Catherine, ajouta
Montaigne. Il tient l’Est et la Champagne, mais à Paris, c’est la Ligue qui est
puissante. Et la Ligue, c’est maintenant la bourgeoisie parisienne. J’ajoute qu’avec
ma goutte, j’aurais souhaité éviter cette mission. Je ne l’ai acceptée que pour
vous, monseigneur.
    — Catherine a compris qu’elle faisait
fausse route avec moi, laissa tomber Henri. Elle va essayer autre chose… reste
à savoir quoi.
    — Catherine est obstinée, sire, le
prévint Mornay.
    — Elle est surtout mortellement
dangereuse, Philippe. Je le sais. Elle a tué ma mère. Je devine qu’elle ne veut
que me corrompre et, si elle n’y parvient pas, m’occire. Elle sait qu’en
abjurant je perdrai le secours de mes amis, mais vous, vous n’ignorez pas que
je préfère être parpaillot à Nérac que roi catholique à Paris, si c’est au prix
de ma conscience. Pour me faire disparaître, il faudrait que le piège préparé
soit adroit ! Monsieur de Montaigne, retournez la voir et donnez-lui mon
accord. Je veux une trêve sur la Saintonge, le Poitou, le Périgord, la Guyenne
et le Béarn, et je la veux avant l’été. Je verrai la Médicis au-dessous de la
Loire, je déciderai où à ce moment-là. N’oublions pas que nous n’avons pas que
des ennemis autour d’elle. Elle estime fort mon cousin, monsieur de Montpensier,
qui me fait les yeux doux.
    » Dans l’immédiat, Mornay, prépare une
nouvelle déclaration que tu feras imprimer et distribuer. Rappelle que Guise se
sert du prétexte de la religion pour me voler la succession qui m’appartient de
droit. Annonce que je ne demande pas mieux que d’être instruit dans la religion
catholique, et que je me soumettrai au jugement d’un concile libre. Nous
gagnerons du temps. Turenne l’a dit, c’est de temps que j’ai besoin pour l’affrontement
final. Il aura lieu bientôt, ici, je le sens, je le devine.
    Il se tut, laissant la parole à l’un ou l’autre,
mais devant leur silence, il se leva.
    — Nous partons dans une heure. Préparez-vous.
Mornay, vous êtes venu avec votre fille ?
    — Oui, monseigneur.
    — Attendez ici une dizaine de jours. Ce
sera plus sûr. Sitôt à Casteljaloux je ferai courir le bruit que je suis dans
le Languedoc. Ensuite, d’une façon ou d’une autre, Mayenne aura de nos
nouvelles. Ses hommes partiront d’ici pour nous poursuivre et vous pourrez
regagner Montauban avec votre escorte. Quant à vous, monsieur de Montaigne, vous
avez tous les laissez-passer nécessaires…
    — En effet, monseigneur.
    Le roi l’accola avec une sincère affection, puis
il fit de même avec Mornay.
    Dans l’après-midi de
ce même jour,

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