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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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jour à quel point
Philippe de Mornay avait l’âme bien trempée du soldat et du stratège, mais
aussi combien il était homme de science. À toutes ces qualités s’ajoutaient une
rigueur morale et surtout une foi qu’Olivier lui enviait, car lui ne l’avait
plus. Si M. de Mornay ne désirait rien d’autre que faire son devoir, il
ne craignait que Dieu, et la Bible était son arme autant que son épée.
    Après avoir assisté plusieurs fois à l’entraînement
d’Olivier, après avoir froissé l’épée avec lui et lui avoir appris tout ce qu’il
savait sur l’artillerie et l’usage des poudres, Mornay jugea que le jeune homme
était capable de l’accompagner en chevauchée pour combattre les catholiques. Il
le convoqua en avril à une réunion des capitaines.
    Le pape des huguenots avait décidé d’attaquer
un petit village à trente lieues de Montauban. Olivier n’en comprit pas bien le
nom, sinon qu’il finissait par « gnac », comme beaucoup de lieux en
Quercy et en Périgord.
    Plusieurs officiers jugeaient la place de
médiocre intérêt. C’était une longue chevauchée, par un temps glacial, pour
tenter de s’emparer d’un bourg bien fortifié, mais sans importance, remarquèrent-ils.
Et comme ce n’était pas la première fois que M. de Mornay leur
proposait cette équipée, l’un d’eux lui rappela que le roi de Navarre avait
déjà déconseillé cette expédition en disant qu’il ne fallait pas s’embarquer
sur de mauvais vaisseaux.
    — J’ai choisi cette place malgré vos
réserves, répondit Mornay avec le sourire, parce que celui qui la possède est
maître des communications entre le Quercy et le Languedoc…
    Sur une carte qu’il avait préparée, il leur
montra alors les routes vers le sud, et combien ce bourg permettait de les
contrôler. Les plus réticents en convinrent et l’entreprise fut décidée. À la
fin de la réunion, Philippe de Mornay annonça à Olivier qu’il en serait.
    Ils partirent le lendemain et arrivèrent sur
place deux jours plus tard. Le bourg n’était qu’un petit village fortifié au
sommet d’une butte, mais ses impressionnantes murailles le rendaient
apparemment imprenable. Olivier était équipé de son casque et de la cuirasse de
cuivre gagnée à Garde-Épée, ainsi que de l’épée et de la main gauche que
Poulain lui avait conseillé de prendre. Sous son manteau, il tremblait autant
de froid que d’inquiétude, car c’était son premier assaut comme soldat. Certes,
il s’était déjà battu, notamment pour délivrer celle qu’il aimait ou encore
lors de combats imposés par les circonstances, mais cette fois, il allait
prendre la vie à des gens inconnus sans raison autre que de faire la guerre.
    Ils attaquèrent la nuit, alors qu’il gelait à
pierre fendre. Les murailles étaient cernées par un profond fossé et, pour ne
pas paraître poltron, Olivier s’était porté volontaire dans le groupe qui
portait les échelles, celui qui prenait le plus de risques.
    Comme il descendait dans le fossé avec ses
compagnons, il entendit la sentinelle crier :
    — Qui va là ?
    Chacun retint son souffle, puis la voix
retentit à nouveau après qu’un autre garde eut interrogé :
    — Ce n’est rien ! Je pensais avoir
entendu quelque bruit.
    Passée cette alerte, les assaillants s’avancèrent
contre les murailles, hautes de trente-six à quarante pieds, pour y planter
leurs échelles emboîtées les unes dans les autres. Aussitôt qu’elles furent
installées, ils montèrent à la file sur les murailles et les premiers arrivés
tuèrent la sentinelle. Le capitaine qui dirigeait Olivier, suivi de son
détachement, descendit au corps de garde, situé contre la porte du bourg. Ils y
surprirent dix ou douze pauvres gens qui veillaient pendant que les riches
dormaient dans leurs lits. Comme ils acceptèrent de faire silence, ils n’eurent
point de mal. C’étaient les ordres de M. de Mornay qui voulait
limiter les massacres inutiles. Mais comme ceux-là n’avaient pas les clefs des
serrures – celles-ci étant remises chaque soir à leur colonel –, un des soldats
monta sur la muraille et s’écria :
    — Au pétard ! Au pétard !
    Aussitôt, on fit jouer la mine qui rompit la
porte, et on en mit une autre contre le pont-levis de la ville. Malgré un
passage fort étroit, Mornay entra parmi les premiers, suivi de Caudebec et d’Antoine.
Rejoint par Olivier, leur groupe fila rapidement vers la halle et

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