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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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vous, monsieur.
    — C’est normal, madame, car je suis mort.
    — Mort ? frémit-elle.
    — Pas vraiment, rassurez-vous ! sourit
Le Vert, dévoilant des dents gâtées. Seuls vos deux frères et mon écuyer que
vous venez de voir savent que je suis encore en vie. Que me voulez-vous ?
    Elle hésita. Quelle confiance pouvait-elle
avoir dans cet inconnu ?
    Il devina son indécision.
    — Puis-je moi-même être certain que c’est
Mgr de Mayenne qui vous envoie ? persifla-t-il.
    — Voici la lettre qu’il m’a fait parvenir.
Elle est chiffrée, mais j’ai écrit au dos ce qu’il me faisait savoir.
    Il prit la missive qu’elle lui tendait et la
lut attentivement. Bien que le sceau soit celui de Mayenne, cette lettre ne
prouvait rien, se dit-il quand il eut terminé, mais il connaissait la duchesse
et il savait qu’elle avait la réputation de défendre, encore plus que ses
frères, les ambitions de sa famille.
    — Je me nomme Charles de Louviers, seigneur
de Maurevert, madame, dit-il simplement.
    — Maurevert… balbutia-t-elle, celui qui…
    — À assassiné l’amiral de Coligny, ou
tout au moins l’a blessé. Oui, madame.
    — Mais, vous êtes mort…
    — C’est ce que je vous ai dit, madame, fit-il
dans un sourire sans joie.
    Comme tout le monde, la duchesse savait que
Maurevert, caché dans une maison de la rue des Fossés-Saint-Germain appartenant
à un familier de son frère avait tiré avec une arquebuse sur l’amiral le
vendredi 22 août alors que celui-ci sortait du Louvre. Mais il ne l’avait que
blessé et l’attentat avait entraîné le massacre des protestants de Paris.
    — Après la Saint-Barthélemy, votre frère
m’a protégé et je lui en suis reconnaissant. Diable ! C’est que les
parpaillots voulaient ma peau ! Ils m’ont pourtant retrouvé, il y a trois
ans. Avec Paul, mon écuyer, nous avons été agressés par une troupe de spadassins,
près de la Croix-des-Petits-Champs. On m’a percé le ventre de plusieurs coups d’épée
et pour tout le monde, je suis mort dans la nuit. En réalité, j’ai survécu et
votre frère m’a caché ici.
    Alors qu’il s’expliquait ainsi, la duchesse l’examinait.
Maurevert avait visiblement une main raide, elle avait aussi remarqué qu’il
boitait. Comment cet invalide pourrait-il tuer Henri de Navarre ? Elle
était venue ici pour rien. Son expression ne cachait pas sa déception et
Maurevert s’en rendit compte.
    — Vous me croyez fini, madame ? C’est
vrai, je boite, et j’ai une main en moins, mais on ne m’a pas surnommé le Tueur
des rois pour rien. Vos deux frères le savent. Que voulez-vous de moi ?
    — C’est une tâche impossible, soupira-t-elle.
    — Je n’accepte que les tâches impossibles,
madame ! fanfaronna-t-il. À l’épée ou au mousquet, je ne crains personne, et
surtout je sais faire passer à trépas discrètement, soyez-en certaine.
    — Après tout… Si mon frère vous fait
confiance… Vous croyez-vous capable de tuer l’homme le mieux protégé du royaume ?
    — Le roi ?
    — Non.
    Maurevert réfléchit un instant avant de
proposer :
    — Navarre ?
    — Oui.
    — Dites-m’en plus…
    — La reine mère va rencontrer Navarre à
Chenonceaux. J’y serai.
    Maurevert hocha lentement la tête.
    — C’est un défi qui me plaît, madame. Je
pense en être capable.
    — Nous verrons, répliqua-t-elle, toujours
dubitative. Pouvez-vous me rejoindre à Orléans ?
    — Je peux partir à l’instant.
    — Je vous y attendrai dans une semaine. Je
serai dans notre maison de la rue de Recouvrance, celle qui a une tourelle d’angle.
Prenez une chambre dans une hôtellerie et envoyez-moi un billet. Le gentilhomme
qui m’accompagne vous laissera une cinquantaine d’écus pour vos frais. Engagez
aussi deux ou trois hommes dont vous pourriez avoir besoin.
    » Bien sûr, si vous parvenez à assassiner
Navarre, votre fortune sera faite, ajouta-t-elle, après une hésitation.
    — Ce n’est pas pour l’argent que je tue, madame,
mais pour rester dans l’Histoire, répliqua-t-il gravement.
    Entre Henri de
Navarre et Catherine de Médicis, les négociations, ou plus exactement les
marchandages, battaient leur plein. Certaine de l’accord du duc de Guise, la
reine lui avait proposé une trêve de quelques jours pour qu’il vienne la
retrouver à Chenonceaux. Il avait rétorqué qu’une trêve était fort insuffisante
et il exigeait l’évacuation des troupes royales autour

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