La Guerre Des Amoureuses
de la Loire, en
particulier le départ du maréchal de Biron. En contrepartie, promettait-il, il
voulait bien se faire mieux instruire sur la religion catholique. La reine mère
rétorqua qu’elle n’avait pas le pouvoir de rappeler Biron, aussi Navarre
suggéra-t-il tout simplement de faire la paix, et de réunir un concile national
pour rapprocher les deux religions. Mais en même temps, ses capitaines menaient
des coups de main en Saintonge qui lui permettait de contrôler un vaste
territoire dans lequel les protestants faisaient la loi.
La reine mère suspendit donc un temps les
pourparlers tandis que La Marsillière, le secrétaire particulier du Béarnais, venait
à Paris rencontrer Henri III pour lui proposer plus simplement une
alliance contre Guise et la Ligue. C’était une nouvelle tentative de la
négociation qu’avait déjà conduite – sans succès – Maximilien de Rosny. Mais
comme le roi faisait retraite dans un couvent, il refusa de le rencontrer.
Pourtant Henri III souhaitait une telle
alliance, mais il ne pouvait publiquement s’y déclarer favorable sous peine de
provoquer des émeutes qui soulèveraient Paris. Guise me tient par le collet !
répétait-il à ses proches, dans un mélange de rage et de honte.
La Marsillière repartit donc avec une réponse
si froide qu’Henri de Navarre reprit les négociations avec la reine mère. Les
courriers se succédèrent, bien que le roi de Navarre n’envisageât nullement de
se rendre à Chenonceaux. Informé de la lenteur des tractations, le roi se prit
à espérer qu’elles n’aboutiraient pas et que sa mère ne parviendrait pas à ses
fins. Villequier lui proposa d’ailleurs un moyen infaillible pour faire échouer
les pourparlers : faire violence aux derniers huguenots vivant dans Paris,
ce qui contraindrait Navarre à céder à ceux de ses conseillers qui voulaient
rompre les discussions. Cependant la méthode déplut tellement au roi qu’il la
refusa, tout en promettant pourtant d’y réfléchir.
C’est que, chaque jour, Henri III perdait
un peu plus son royaume. Ses fidèles l’abandonnaient et il se jetait dans la
religion et la prière pour oublier les humiliations qu’il subissait. Seul son
désir sincère de soulager les souffrances de son peuple l’incitait à ne pas
abandonner le royaume aux Guise et aux ligueurs.
Au début du mois de juillet, il partit à
Saint-Maur faire retraite mais dut revenir précipitamment pour s’enfermer dans
le Louvre, car on venait d’afficher dans Paris un libelle annonçant que deux
cents conjurés avaient juré sa mort s’il ne retirait pas les édits fiscaux qu’il
avait imposés.
Dans les jours suivants, la capitale et le
palais se couvrirent de pamphlets séditieux contenant des injures et des
menaces tant contre lui que contre sa mère et le chancelier.
Pour ces raisons, le roi et sa mère décidèrent
de quitter Paris plus tôt que prévu.
Trois jours avant le
départ des deux cours, Richelieu fit venir Il Magnifichino à son hôtel
pour lui remettre un paquet cacheté et lui donner ses dernières instructions.
— Monsieur Venetianelli, j’ai identifié
au moins une des personnes – car rien n’indique qu’il n’y en ait pas plusieurs
– qui approchera le roi de Navarre pour lui causer du tort. Il s’agit de Mme Sardini.
Il Magnifichino marqua sa surprise, car il connaissait le banquier de nom et le savait très
proche du roi.
— Dois-je…
— Non, il suffira de lui faire porter ce
paquet juste avant que la Cour n’arrive à Chenonceaux. Ce pli contient un ordre
de Sa Majesté. Le roi demande à Mme Sardini de rentrer immédiatement à
Paris et de se rendre au Louvre où il la recevra.
— Pourquoi ne pas tout simplement l’empêcher
de partir avec madame la Reine Mère, monsieur ?
— Le roi serait contraint de donner des
explications, et ceux qui veulent du mal au roi de Navarre auraient le temps de
la remplacer.
Richelieu n’avait bien sûr pas informé Il
Magnifichino que l’éventuel complot contre Navarre venait de la mère du roi.
— Supposons, monsieur le grand prévôt, que
Mme Sardini n’obéisse pas à l’ordre du roi…
— C’est impensable ! Si cela
arrivait toutefois, vous n’auriez qu’une chose à faire : l’empêcher de
partir à Chenonceaux par tous les moyens…
À cet ordre, Venetianelli se sentit mal à l’aise.
Il devinait que M. de Richelieu ne lui disait pas tout, et qu’il
pourrait payer cher
Weitere Kostenlose Bücher