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La jeune fille à la perle

La jeune fille à la perle

Titel: La jeune fille à la perle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tracy Chevalier
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caverneuse.
Juste un peu encombrant. »
    Parvenus en haut de l’escalier,
ils pénétrèrent dans l’atelier. J’entendis refermer la porte. « Sont-ils
là-haut ? siffla Catharina.
    — Ils sont dans l’atelier,
Madame, répondis-je.
    — Parfait. Maintenant,
aidez-moi. » Catharina me tendit la main, je l’aidai à se relever. Je me
disais que pour peu qu’elle grossisse encore, elle ne pourrait plus marcher.
Elle avança dans le couloir tel un bateau aux voiles pleines, serrant bien fort
son trousseau de clefs pour qu’il ne tinte pas, puis elle disparut dans la
grande salle.
    Je demandai plus tard à Tanneke
pourquoi Catharina s’était esquivée.
    « Oh ! parce que Van
Leeuwenhoek était ici, gloussa-t-elle. C’est un ami de notre maître. Elle a peur
de lui.
    — Pourquoi ? »
    Tanneke rit de plus belle.
« Elle a cassé sa boîte ! Elle a voulu regarder à l’intérieur et elle
l’a fait tomber. Tu sais comme elle est maladroite ! »
    Je revis le couteau de ma mère
en train de tournoyer par terre. « Quelle boîte ?
    — Il a une boîte en bois
dans laquelle on regarde et on voit des choses.
    — Quelles choses ?
    — Toutes sortes de
choses ! » répliqua Tanneke avec impatience. Manifestement, elle ne
voulait pas parler de la boîte. « La jeune maîtresse l’a cassée, du coup
Van Leeuwenhoek ne veut plus la voir. Voilà pourquoi notre maître refuse de la
laisser entrer dans l’atelier en son absence. Sans doute s’imagine-t-il qu’elle
va faire tomber un de ses tableaux. »
    Je découvris ce qu’était cette
boîte le lendemain matin, le jour où il me parla de choses qu’il me fallut de
nombreux mois pour comprendre.
    En arrivant pour nettoyer
l’atelier, je remarquai que le chevalet et le tabouret avaient été poussés sur
le côté. Débarrassé de ses papiers et de ses gravures, le bureau les avait
remplacés. Une boîte en bois de la taille d’un coffre de rangement était posée
au-dessus. Une autre boîte, de plus petite dimension, la prolongeait, un objet
rond en ressortait.
    Je n’avais pas idée de ce que
c’était, je n’osais pas y toucher. Je fis le ménage, en lui jetant de temps en temps
un coup d’oeil, comme si j’allais soudain en trouver l’usage. Après avoir
épousseté l’angle de la pièce, j’achevai le ménage, mon chiffon effleurant à
peine la boîte en bois. Je rangeai le débarras, je lavai le sol. Ayant terminé,
je me plantai devant la boîte, les bras croisés, puis j’en fis le tour pour
l’étudier.
    Je tournais le dos à la porte,
mais je sentis tout à coup qu’il était là. J’hésitai, valait-il mieux me
retourner ou attendre qu’il m’adressât la parole ? Sans doute fit-il
grincer la porte car je me retournai alors tout naturellement et me retrouvai
face à lui. Il était là, dans l’embrasure de la porte, une longue robe noire
recouvrait ses vêtements. Il me considérait avec curiosité, mais sans paraître
s’inquiéter pour sa boîte.
    « Aimeriez-vous voir ce
qu’il y a dedans ? » me demanda-t-il. C’était la première fois qu’il
m’adressait la parole depuis qu’il m’avait questionnée au sujet des légumes,
des semaines plus tôt.
    « Oui, Monsieur,
répondis-je sans savoir ce à quoi je m’engageais. Qu’est-ce que c’est ?
    — C’est ce que l’on
appelle une chambre noire. »
    Ces mots ne voulaient rien dire
pour moi. Je m’écartai et le regardai pousser un loquet puis soulever une
partie du couvercle à charnière qu’il cala, laissant la boîte entrouverte.
J’entrevis au-dessous une plaque de verre. Il se pencha, regarda dans le vide
entre le couvercle et la boîte, puis il toucha la partie circulaire, à
l’extrémité de la plus petite boîte. On aurait cru qu’il observait quelque
chose, même si, à mon avis, il ne devait pas y avoir grand-chose dans cette
boîte qui fût digne d’un tel intérêt. Il se releva, regarda un instant le coin
de la pièce que je venais de nettoyer avec tant de soin, puis il tendit la main
et ferma les volets de la fenêtre du milieu de sorte que la pièce n’était plus
éclairée que par la fenêtre située dans l’angle.
    Il retira alors sa robe noire.
    Mal à l’aise, je me balançais
d’un pied sur l’autre.
    Il ôta son chapeau, le posa sur
le tabouret près du chevalet, puis il se couvrit la tête de la robe noire et se
pencha à nouveau au-dessus de la boîte. Je reculai d’un pas et jetai un coup
d’oeil vers la

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