Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La jeune fille à la perle

La jeune fille à la perle

Titel: La jeune fille à la perle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tracy Chevalier
Vom Netzwerk:
tandis
que Pieter père s’occupait de moi.
    « Bonjour, Griet, dit-il.
Je me demandais quand vous viendriez. »
    Je trouvai bien sot de sa part
de me dire cela vu que j’achetais la viande chaque jour à cette heure.
    Son regard ne croisa pas le
mien.
    Je décidai de feindre de
n’avoir pas entendu. « Trois livres de viande à pot-au-feu, je vous prie.
Auriez-vous encore de ces saucisses que votre père m’a vendues l’autre
jour ? Les filles les ont trouvées à leur goût.
    — Je crains qu’il n’en
reste plus. »
    Une cliente vint se mettre
derrière moi, elle attendait son tour. Pieter fils jeta un coup d’oeil dans sa
direction. « Pouvez-vous attendre un instant ? me demanda-t-il à voix
basse.
    — Attendre ?
    — J’aimerais vous demander
quelque chose. » Je m’écartai afin de le laisser servir la femme, ce que
je n’appréciai guère, vu l’état de confusion dans lequel je me trouvais, mais
je n’avais guère le choix.
    Dès qu’il eut terminé et que
nous nous retrouvâmes seuls, il me demanda :
    « Où habite votre
famille ?
    — Près de l’Oude Langendijck,
dans le Coin des papistes.
    — Non, non, votre famille
à vous. »
    Je me sentis toute gênée de mon
erreur.
    « Près du canal Rietveld,
non loin de la porte Koe. Pourquoi me demandez-vous cela ? »
    Son regard croisa enfin le
mien. « On a signalé des cas de peste dans ce quartier-là. »
    Je fis un pas en arrière, les
yeux écarquillés. « A-t-on décidé la quarantaine ?
    — Pas encore, ça devrait
être pour aujourd’hui. »
    Je compris après coup qu’il
avait dû se renseigner à mon sujet. S’il n’avait pas su où habitait ma famille,
il ne lui serait pas venu à l’idée de me parler de la peste.
    Je ne me revois pas revenant du
marché. Pieter fils dut mettre la viande dans mon seau. Je me souviens qu’à
peine de retour je laissai tomber mon seau aux pieds de Tanneke en disant :
« Il faut que je voie notre maîtresse. »
    Tanneke fouilla dans le seau.
« Pas de saucisses et rien pour les remplacer ! Voyons, qu’est-ce qui
t’arrive ? Retourne de ce pas au marché !
    — Il faut que je voie
notre maîtresse ! insistai-je.
    — Dis-moi, que se
passe-t-il ? » Tanneke flairait quelque chose. « Tu as fait
quelque sottise ?
    — Il est question que ma
famille soit mise en quarantaine. Je dois aller les trouver.
    — Oh ! » Tanneke
frémit, mal à l’aise. « Dans ce cas, je ne saurais que te dire. Il va falloir
que tu lui demandes. Elle est à côté avec ma maîtresse. »
    Catharina et Maria Thins
étaient dans la salle de la Crucifixion. Maria Thins fumait la pipe. Elles
s’arrêtèrent de parler dès que j’entrai.
    « Que se passe-t-il, ma
fille ? grommela Maria Thins.
    — Pardonnez-moi, Madame,
dis-je à Catharina, mais j’ai entendu dire que la rue où vit ma famille serait
peut-être mise en quarantaine, j’aimerais aller les voir.
    — Comment ça ! Pour
nous ramener la peste ? rétorqua-t-elle. Certes non ! Êtes-vous
folle ? »
    Je regardai Maria Thins, ce qui
ne fit qu’aviver la colère de Catharina. « J’ai dit non et c’est non,
déclara-t-elle, c’est à moi de décider ce que vous pouvez faire ou ne pas
faire. L’auriez-vous oublié ?
    — Non, Madame, répondisse
en baissant les yeux.
    — Vous ne retournerez pas
chez vous le dimanche tant que tout danger de contagion n’aura pas été écarté.
Et maintenant, filez, nous avons à parler sans que vous traîniez par
ici. »
    J’emportai la lessive dans la
cour et m’assis, tournant le dos à la porte pour ne voir personne. Je pleurai
en frottant une robe de Maertge, quand je sentis l’odeur de la pipe de Maria
Thins. Je m’essuyai les yeux mais ne me retournai pas.
    « Voyons, ma fille, ne
sois pas ridicule ! dit calmement Maria Thins derrière moi. Tu ne peux
rien faire pour eux et tu dois penser à toi. Tu es une fille intelligente, tu
peux comprendre ça. »
    Je ne répondis pas. Au bout
d’un moment, l’odeur de sa pipe avait disparu.
    Il entra le lendemain alors que
j’époussetais l’atelier.
    « Je suis navré d’apprendre
ce qui arrive à votre famille, Griet », dit-il. Je levai les yeux,
oubliant mon balai. Son regard était empreint de bienveillance. Je sentis que
je pouvais lui demander :
    « Monsieur, pourriez-vous
me dire si la quarantaine a été décidée ?
    — Elle l’a été, hier
matin.
    — Merci de me l’avoir

Weitere Kostenlose Bücher