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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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approcher et entendit le bruit des moteurs. Il s’abstint d’avertir Vaso Cubrilovic et Cvetko Popovic à une cinquantaine de pas (C’est moi qui le tuerai !). Il vérifia une fois de plus la présence de la bombe et de la capsule de cyanure, puis il s’avança vers Mehmedbasic avec l’intention de lui voler la vedette.
    À l’entrée du pont Cumburja, les deux lycéens trépignaient d’impatience sur leur trottoir respectif. Avant de disparaître, Danilo Ilic leur avait ordonné de se tenir prêts au cas où Mehmedbasic et Cabrinovic auraient besoin d’assistance (Et si tout va mal, avalez votre poison !).
    Vaso Cubrilovic soupçonnait la présence de policiers en civil mêlés à la foule, aussi évitait-il de regarder dans la direction de son camarade Cvetko. Pour l’instant, il examinait ses chaussures en réfléchissant au choix de l’arme : laquelle devait-il utiliser ? Le pistolet ou la bombe ? La bombe le répugnait pour sa délicate manipulation et pour les dégâts imprévisibles sur les innocents ; quant au pistolet, Vaso s’était montré médiocre lors des tirs d’entraînement dans la forêt…
    Sur le trottoir opposé, devant une boutique de mode fermée, Cvetko Popovic broyait du noir. Il aurait voulu être ailleurs… dans sa chambre, par exemple, couché en position
fœtale… Il entendit des vivats, des applaudissements, des bruits de moteur. Regardant Vaso, il le vit fixant des yeux le trottoir, comme perdu dans ses pensées… Le moment était mal choisi !
    La voiture de tête n’était plus qu’à une trentaine de mètres de Mehmedbasic. Ce dernier vit le fanion flottant sur le capot de la deuxième voiture. N’y tenant plus, il traversa à grandes enjambées le quai et disparut dans la rue longeant le café Mostar.
    Le couard, il s’enfuit, j’en étais sûr, se félicita Cabrinovic. Désormais, il n’avait plus qu’à suivre son plan à la lettre. Tandis que la première voiture le dépassait, il dévissa la bombe, l’amorça en brisant le détonateur contre le réverbère près duquel il se tenait, et la lança fumante sur la deuxième voiture du cortège d’où dépassait le plumet vert de l’archiduc, criant aussi fort qu’il le pouvait : « Vive la Serbie libre ! »
    Sans vérifier la justesse de son lancer, il fit demi-tour, avala sa capsule et sauta le parapet en criant : « Je suis un héros serbe ! » On était en juin et les eaux de la Miljacka étaient basses. Cabrinovic tomba dans vingt centimètres d’eau et se fit très mal sur les cailloux parsemant le fond de la rivière. Au lieu de le tuer, le cyanure périmé le rendit épouvantablement malade ; les yeux révulsés, il se mit à vomir en se tordant.
    ***
    Depuis le départ de la gare, Franz Urban, le chauffeur de la Gräf und Stift, conduisait sur le qui-vive. Il n’aimait pas ce qu’il voyait des deux côtés du quai Appel : trop de gens en fez, trop de Serbes à la grise mine, pas assez de policiers et pas un seul militaire.
    – Attention ! cria le lieutenant-colonel comte Harrach en se dressant.
    Franz Urban vit sur sa droite un grand jeune homme à casquette lancer dans leur direction un projectile de couleur noire. Il aplatit la pédale de l’accélérateur, faisant bondir la limousine.
    Au lieu d’atterrir sur la poitrine médaillée de François-Ferdinand, la bombe dépassa sa cible, ricocha sur la capote repliée, rebondit sur le bitume et explosa sous la roue de la troisième limousine. Il y eut des cris de terreur, de douleur, de fureur, le tout ponctué d’un vigoureux : « Vive la Serbie libre ! »
    Tandis que la Gräf und Stift s’éloignait à grande vitesse, la confusion régnait sur le quai Appel. Une douzaine de civils gisaient çà et là tandis que l’on s’affairait autour des occupants de la troisième voiture. Deux aides de camp de l’archiduc étaient blessés : le lieutenant-colonel von Merizzi et le comte Boos-Waldeck. Quelqu’un lança :
    – Il faut les transférer dans la dernière voiture et les transporter à l’hôpital.
    ***
    Vaso Cubrilovic sursauta au bruit de l’explosion. Sa première pensée fut de s’interroger sur l’identité du héros : Mehmedbasic ou Cabrinovic ? Au même instant, la voiture de tête passa devant lui, suivie par la Gräf und Stift, avec l’archiduc, indemne, accompagné d’une femme en toilette blanche qui tenait un bouquet de fleurs à la main. Enfer et damnation ! Celui qui avait lancé sa bombe

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