Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
Vom Netzwerk:
sonnait à la pendule du presbytère : la bonne apparut, annonçant le Mittagessen .
    La discussion roula bientôt sur le darwinisme. Le père Raedecker l’abominait tandis qu’Aloïs admettait avoir quelques faiblesses pour certaines de ses théories.
    – Dieu nous a créés à Son image. Diriez-vous que Dieu ressemble à un singe ?
    – Sauf votre respect, Dieu n’est pas crédible dans cette fable, dit Aloïs en mâchant, et il ne l’est guère plus dans la Genèse.
    Il pointa sa fourchette vers son vis-à-vis.
    – Comment pouvez-vous faire le monde et tout ce qu’il y a dessus en six jours ? Quand on sait combien de temps met un arbre à pousser !
    – Mais, Herr Hitler, Dieu n’est pas concerné par le Temps, puisque c’est lui qui l’a créé.
    – Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié.
    ***
    Le Traité d’apiculture de Sirand ouvert devant lui, Aloïs recopiait la conclusion de sa lettre-réponse.

    « Aux ignorants qu’on fasse bonne guerre
    N’y manquez pas savants apiculteurs
    Moquez-vous de tous ces étouffeurs
    Qu’ils disparaissent de la terre. »

    Il posa son porte-plume, ôta ses lunettes, prit sa pipe éteinte dans le cendrier. Sa montre marquait 21 h 10. Il
faisait chaud malgré les deux fenêtres ouvertes sur la Salzburgerstrasse et aucun souffle d’air ne venait rafraîchir la moiteur de la chambre. Sa pipe ranimée, Aloïs tira dessus et suivit des yeux les épaisses volutes odoriférantes qui s’élevaient vers le plafond.
    Sa lettre était terminée : sans mâcher ses mots, il avait répliqué point par point aux spécieuses justifications des Étouffeurs, les traitant de vils ingrats, allant jusqu’à les accuser de basse cupidité.
    Les Étouffeurs étaient des apiculteurs professionnels pour qui seule la production de miel comptait. Chaque année, ils asphyxiaient leurs ruches au soufre, détruisant des dizaines de milliers d’abeilles pour ne pas devoir leur abandonner un tiers de la récolte, le minimum indispensable à la survie d’une ruche durant l’hivernage. Cette technique existait depuis l’Égypte ancienne et ne devait sa persistance qu’à l’existence des innombrables essaims sauvages qu’il suffisait de capturer pour repeupler les ruches sans bourse délier.
    Dans un post-scriptum un poil péremptoire adressé au rédacteur en chef de la revue, Aloïs exigeait que sa lettre-réponse fût publiée dans le numéro suivant.
    Coinçant le tuyau de sa pipe entre ses dents pour libérer ses mains, il chaussa ses lunettes, regroupa les feuillets épars sur le bureau, puis, le front plissé par la concentration, il se relut.
    Jugeant son introduction moyenne, il rajouta en exergue : « Que penser d’un arboriculteur qui couperait ses arbres pour en cueillir les fruits ? »
    Attiré par la flamme de la lampe à pétrole, un papillon de nuit vola au-dessus du verre et s’abattit en grésillant. Au même instant, la porte de la chambre s’ouvrit sur Klara qui serrait contre elle une robe bleu ciel à fleurs blanches. Elle plaqua le vêtement contre ses seins alourdis par les grossesses.
    – Qu’en penses-tu, mon oncle ?
    Soupir agacé de l’intéressé.
    – Combien de fois faut-il te dire de ne plus m’appeler oncle ?
    Ignorant la rebuffade, Klara sourit.
    – C’est la robe que je vais porter demain à la messe. Tu en penses quoi ?
    Le tout-Braunau serait présent pour le cinquante-huitième anniversaire de Sa Majesté impériale et royale, aussi Klara voulait-elle faire bonne apparence. Après tout, elle était l’épouse de la troisième notabilité de la ville. Même le directeur de l’école gagnait moins que son époux.
    – Hum, hum… eh bien… elle te va à ravir… c’est très bien.
    Il n’avait pas le cœur de lui dire qu’elle ressemblait à ce qu’elle était : une jeune godiche endimanchée.
    Comme elle ne partait pas, il eut un regard sévère.
    – Quoi encore ?
    L’émotion aidant, elle le vouvoya.
    – Je pensais que vous pourriez engager une bonne.
    – Une bonne, pour quoi faire ?
    – Anna et Fanni en avaient bien une !
    Klara trouvait injuste de ne pas bénéficier du même avantage. Une bonne la déchargerait du plus gros des travaux domestiques et lui laisserait le loisir de se socialiser avec les autres épouses. Elle pourrait même apprendre à jouer au whist !
    Aloïs soupira. Lui expliquer qu’elle ne serait jamais acceptée dans le cercle des femmes de notables était sans

Weitere Kostenlose Bücher