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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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nouvelle existence. Après avoir pris possession de son logement de fonction, il trouva à Haibach, côté autrichien, un grand verger approprié pour ses ruches. Ceci réglé, il prit le train pour Vienne et, deux mois durant, il se familiarisa aux nouvelles taxes et aux nouvelles procédures.
    Contre toute attente, cette flatteuse promotion lui causa plus d’amertume que de satisfaction. Faute d’une éducation académique, il savait que cette promotion était la dernière de sa carrière, et il supportait mal de ne plus avoir d’autre perspective que celle de vieillir. Toute une vie d’efforts acharnés pour en arriver là ! Vous seriez moins pressé si vous saviez ce qui vous attend ! avait-il envie de crier aux jeunes douaniers ambitieux et dynamiques qu’il côtoyait chaque jour.
    ***
    Début septembre, la famille Hitler au complet – Aloïs (cinquante-cinq ans), Klara (trente-deux ans), Aloïs junior (dix ans), Angela (neuf ans), Adolf (trois ans) et Johanna (vingt-neuf ans) – emménagea dans un grand appartement du centre de Passau, proche de l’Office des douanes autrichiennes côté allemand.
    ***
    Il fallut un petit mois à Aloïs pour reconstituer le tissu d’habitudes tressé vingt années durant à Braunau.
    5 heures. À l’exception de Johanna levée dès 4 h 30 pour allumer le feu et préparer le Frühstück (omelette au lard et pot de café), tout le monde dormait dans l’appartement. Aloïs mangea en silence.
    À 5 h 30, la pipe au bec, il alla visiter son rucher côté autrichien, à une demi-heure à pied de Passau.
    Quand 7 heures sonnèrent à l’église, il retourna chez lui côté allemand. Klara et les enfants le saluèrent, il leur répondit brièvement en s’attablant en tête de table. Après avoir coincé la pointe de sa serviette entre col et cou, il attaqua son second petit déjeuner (patates à la graisse d’oie, saucisses et Seidel de trois décilitres pour se rincer la bouche).
    7 h 55, il passa son uniforme et sortit, la pipe au bec.
    Sur le chemin, il entra dans la Gasthaus Alte Heimat, il salua les habitués, prit le journal de Passau sur le comptoir, s’assit près de la fenêtre, chaussa ses lunettes, lut les nouvelles du Reich. Frida la servante posa devant lui un verre de vin blanc Nussberger.
    –  Guten Tag , Herr Hitler.
    –  Guten Tag , Fräulein Frida.
    Il s’intéressa à un article en troisième page qui racontait la journée historique du 28 octobre 1492 vécue par deux compagnons de Cristobal Colomb, Luis de Torres et Rodrigo de Xeres. Ils avaient à peine débarqué à Cuba quand ils virent de la fumée blanche sortir des lèvres des indigènes qui venaient à leur rencontre : ce jour-là, l’Europe découvrait le tabac (puff puff puff).
    8 h 20, Aloïs interrompit sa lecture, éteignit sa pipe, ôta ses lunettes, paya, sortit en coiffant son képi décoré de l’aigle à deux têtes.
    Cinq minutes plus tard, il franchissait le porche du bâtiment des Douanes et débutait sa journée au service de l’Empereur.
    12 h 30. Mittagessen . Aloïs junior et Angela étant à l’école, le petit Adolf ayant déjà mangé, ainsi que sa mère Klara et sa tante bossue Johanna (les enfants l’appelaient Hannitante), Aloïs mangea seul (bœuf bouilli et haricots en sauce).
    13 heures, pipe au bec, nouvelle halte à la Gasthaus Alte Heimat où il but un verre de vin blanc en échangeant quelques propos avec les habitués.
    13 h 25, il entra dans le bâtiment des Douanes et reprit son service.
    À 17 h 30, pipe au bec, il retourna inspecter son rucher pour la dernière fois du jour. Avec l’autorisation du propriétaire, il avait fait construire un abri en planches dans lequel il entreposait son matériel d’apiculteur ; un abri trop petit pour accueillir l’extracteur, le maturateur et le cérificateur qui lui manquaient. Aussi, il ne se passait pas un jour sans qu’Aloïs songeât à la propriété qu’il achèterait lorsqu’il prendrait sa retraite : une propriété qui l’adouberait gentleman farmer et servirait d’écrin à son rucher.
    18 h 45, pipe au bec, il quitta le verger et se rendit dans la Weinstube de Haibach Aux Trois Fleuves retrouver ses collègues autrichiens ainsi qu’une poignée de paysans du
coin. Détendu, enjoué, enfumé, un Krügel d’un demi-litre à la main, les joues rouges, Aloïs se montra sous son meilleur jour. Il lui arriva même de rire en se tapant sur les cuisses quand l’un d’eux

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