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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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voisin qui, sans condition, accepta la course.
    Au 28 de la Löwengasse vivaient les Prinz, des cousins germains des Pölzl de Spital. Pour trente Heller par jour, Johann Prinz lui loua une chambre si petite que le locataire devait ouvrir la fenêtre pour passer sa veste.
    Le lendemain, ses meilleurs dessins et peintures sous le bras, guidé par un plan de la capitale prêté par Herr Prinz, Adolf se rendit en priorité à l’Hofoperntheater situé entre l’Operngasse et la Kärtnerstrasse. Il entreprit une inspection du bâtiment construit dans le goût des premiers temps de la Renaissance française : il eut beau chercher, il ne trouva rien à changer ; toute modification aurait été superflue. Il en fut secrètement soulagé et se détendit quelque peu.
    À un vendeur ambulant il acheta le feuillet bleu du programme de la semaine et il connut une première bouffée de chaleur en découvrant que Tristan und Isolde était programmé pour le mardi 8 mai ; la distribution donnait le
tournis : il y avait le ténor Erich Schmedes dans le rôle de Tristan, la soprano Anna von Mildenburg dans celui d’Isolde, le baryton Richard Mayr dans celui du roi Marke, le metteur en scène n’était autre qu’Alfred Roller et le chef d’orchestre Gustav Mahler : une meilleure affiche était indisponible dans tout l’Univers connu. Et ce même programme annonçait pour le 9 Le Vaisseau fantôme  !
    La lecture du tarif des places lui donna une nouvelle bouffée de chaleur jointe à un début de désordre intestinal : quatorze Kronen pour les baignoires et premières loges, dix Kronen pour les deuxièmes loges, huit Kronen pour les troisièmes loges, de neuf à quinze Kronen pour les stalles de parterre, de huit à neuf Kronen pour le parterre, de deux à sept Kronen pour les stalles de la troisième galerie, deux Kronen pour le parterre debout.
    Sa visite suivante fut pour le Kunsthistorisches Hofmuseum qui bornait au sud-est la place Marie-Thérèse. Là encore, il examina sous tous les angles possibles la façade Renaissance italienne et ne trouva rien à redire ; un édifice doté d’une coupole centrale que couronnait une gigantesque statue de Minerve de soixante-quatre mètres trente-deux ne pouvait être que parfait.
    Il recueillit auprès d’une secrétaire revêche les informations nécessaires à l’inscription au concours d’automne et se vexa lorsqu’elle refusa d’examiner ses œuvres.
    Les visites se faisant de 9 heures à 13 heures, Adolf sacrifia provisoirement la visite du rez-de-chaussée pour aller directement au premier étage entièrement dédié à la peinture. La confrontation avec une aussi grande quantité de chefs-d’œuvre au mètre carré fut éprouvante, voire décourageante. Accablé, il quitta le musée en traînant les pieds, usant deux fois plus vite la semelle de ses chaussures.
    Il déjeuna d’un gros morceau de pain et d’une bouteille de lait, puis il consacra son après-midi à arpenter le Ring de long en large.
    Il rentra chez les Prinz à l’heure pile du dîner. Il mangea de bon appétit, il se coucha, ferma les yeux et s’endormit.
    ***
    Adolf était à Vienne depuis une semaine quand August reçut une carte postale de la Karlsplatz : une croix tracée à l’encre noire signalait le toit du Musikverein, l’endroit même où il rêvait d’étudier un jour.
    Lundi 7 mai
    Cher Gustl,
    En t’envoyant cette carte, je dois m’excuser de ne pas t’avoir donné de mes nouvelles depuis si longtemps. Je suis bien arrivé, comme tu peux t’en rendre compte, et j’ai beaucoup circulé. Demain je vais voir Tristan à l’Opéra, après-demain ce sera Le Vaisseau fantôme . Je me trouve très bien ici, mais Linz me manque.
    Salutations de ton ami.
    Adolf Hitler.
    Amitiés à tes parents.
    August soupira. Il aurait donné cher pour voir Tristan et Iseult en sa compagnie : quatre heures et demie de pure extase. Il relut la carte, ému aux larmes ; après tout, c’était la première fois qu’il recevait du courrier.
    La porte de l’atelier s’ouvrit, son père apparut.
    –  Was machst du ? Ça fait un quart d’heure que je t’attends. Tu sais bien que je ne peux pas carder ce fauteuil tout seul !
    – Je viens, papa.
    Il rangea la carte postale avec l’intention de la relire plus tard et il rejoignit son père dans l’atelier qui sentait la colle forte, la vieille poussière, la sueur. Il reprit son marteau et
emboucha une poignée de clous, se répétant que,

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