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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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fakir en transe. Leurs regards se croisèrent le temps d’un battement d’ailes de colibri ; Adolf crut lire de la surprise dans celui de sa bien-aimée ; ses jambes fléchirent, le souffle lui manqua, le baromètre de ses intestins passa de beau temps fixe à orage et tonnerre. Ça y est, elle sait, elle m’a vu ! Les joues blêmes, les mains moites, la mèche en bataille, il retourna sous le porche reprendre son souffle et lâcher un pet.
    ***
    Peu de temps après l’étonnante et euphorique découverte de l’état amoureux, Adolf découvrit la jalousie, son incontournable corollaire.
    Un après-midi de juin, les deux amis étaient au carrefour Schmiedtoreck lorsque Stefanie apparut sur le pont en compagnie d’un élégant jeune homme d’une vingtaine d’années, au sourire facile, aux dents très blanches. Adolf dut s’adosser contre un mur ; jamais encore August ne l’avait vu si pâle.
    – Gustl, dis-moi que je fais un cauchemar ! Qui est ce ricanant bellâtre ? Et où est madame sa mère ? Pourquoi n’est-elle pas là ?
    – C’est sans doute un ami de la famille, ou un parent…
    – Dans ce cas, où est sa mère ? Pourquoi n’est-elle pas là ?
    August ne sut que répondre. Quand Stefanie et son cavalier approchèrent, Adolf leur tourna le dos et se plaça face au magasin de chaussures, suivant leur passage dans le reflet de la vitrine.
    – Ça ne va pas ? s’inquiéta August.
    – Elle ne m’a même pas vu… Tout est fini.
    – Mais tu lui tournais le dos, elle n’a pas pu te voir !
    – Ce n’est pas une raison. Je me sens très fatigué tout à coup, je rentre chez moi. Rends-moi un ultime service, suis-les et passe à la maison me raconter.
    ***
    À son pas traînant, à son œil vide, Klara devina que quelque chose n’allait pas.
    – Tu as mal quelque part ?
    – Je suis juste fatigué et c’est normal, j’ai étudié toute la journée, marmonna-t-il sans conviction.
    Il ne cessait de voir et de revoir Stefanie et son jeune homme chic passer devant lui en se souriant. Quelque chose empoigna son cœur et le malaxa comme de la terre glaise.
    Klara s’approcha et posa une main sur son front.
    – Mais tu brûles, tu as de la fièvre ! Va te coucher, et toi, Paula, cours chercher le docteur Bloch, Adi est malade !
    Adolf protesta d’une voix agacée. Pour la première fois sa mère ne lui était d’aucun secours. Pire, sa sollicitude le mettait mal à l’aise.
    – Je te jure sur la tête de Richard Wagner que je me sens bien. Juste fatigué et c’est normal puisque, comme je viens de te le dire, j’ai étudié toute la journée.
    – Étudié ? Mais je ne t’ai pas vu de l’après-midi !
    – J’ai étudié en plein air. J’ai trouvé un banc bien orienté dans le Turmleiten et j’en ai fait mon cabinet de travail.
    – Tu étudies en plein air ? !
    Il lui aurait affirmé qu’il lisait sous l’eau ou qu’il peignait en faisant le poirier que Klara n’eût pas été plus surprise.
    –  Warum nicht ? Le principal quand on étudie c’est la concentration, pas l’endroit où on se trouve. Et sur ce banc, je me concentre bien.
    Sceptique, Klara désigna le râtelier à pipes conservé comme une relique au-dessous de la photographie d’Aloïs à cinquante-neuf ans en uniforme.
    – Je me demande ce que ton père pense de tout ça.
    Des coups résonnèrent contre la porte d’entrée.
    – C’est Gustl ! Je vais lui ouvrir ! dit Adolf en bondissant dans le vestibule.
    – Alors ?
    – C’est son frère ! dit August, le souffle raccourci par les trois étages.
    Le changement chez Adolf fut remarquable : ses joues rosirent, son corps se détendit, son regard retrouva son éclat.
    – Je le savais, dit-il avec une touchante mauvaise foi.
    Il s’effaça pour le laisser entrer, mais August refusa.
    – Je n’ai pas encore dîné, mes parents m’attendent. Je sais aussi qu’elle s’appelle Jansten, qu’elle a dix-sept ans comme toi et qu’elle a passé son Abitur l’année dernière. Elle vit seule avec sa mère qui est veuve.
    – Et le frère ?
    – Il étudie le droit à Vienne.
    – Comment le sais-tu ?
    – Un coup de chance. Après ton départ ils sont passés devant la terrasse du café Baumgartner et je les ai vus saluer un ami de mon père. J’ai attendu qu’ils se soient éloignés pour aller le questionner.
    Les deux amis se serrèrent la main.
    –  Bis morgen , Gustl.
    –  Bis morgen , Adolf.
    Il

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