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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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n’est pas de la magie, c’est un phénomène naturel comme la grêle ou le beau temps…
    August s’abstint de lui demander pourquoi Stefanie savait tout de lui alors qu’il ne savait rien d’elle ; Adolf était son seul ami, il ne voulait pas le perdre.
    Et puis, un jour, la catastrophe.
    – Je connais au Conservatoire un violoncelliste qui est vaguement lié avec le frère de Stefanie. Il m’a appris que son père a été un haut fonctionnaire et que sa veuve perçoit une belle pension… Il m’a dit aussi que Stefanie a beaucoup de soupirants et qu’elle aime danser… Pour preuve, il m’a dit que l’hiver précédent elle avait fréquenté tous les bals importants de la ville.
    Adolf était consterné. Ce goût immodéré pour la danse ne cadrait absolument pas avec sa Stefanie. L’imaginer, tout sourire, en train de virevolter aux bras d’un bon à rien en uniforme le mortifiait cruellement, révolutionnait son système digestif.
    – C’est fatal, si tu veux la séduire pour de bon, il faut que tu apprennes à danser.
    Adolf explosa.
    – Non, non, jamais ! Je n’apprendrai JAMAIS à danser, tu m’entends ?
    Adolf s’apaisa.
    – Suppose que tu sois sourd et que tu te trouves dans une salle de bal archicomble. Tu n’entends pas la musique qui met ces gens en mouvement. Observe alors leurs trémoussements insensés ; ces gens ne te paraissent-ils pas complètement ridicules ?
    Les mains dans le dos, Adolf arpenta sa petite chambre ; quatre pas aller, quatre pas retour.
    – D’ailleurs, Stefanie ne danse que parce que la société qu’elle fréquente l’y oblige. Mais tu verras, Gustl, tu verras, dès qu’elle sera devenue ma femme, elle n’aura plus aucune envie de danser !
    ***
    Chaque dimanche, les Kubizek assistaient à la grand-messe de 10 heures dans l’église des Carmélites, et chaque dimanche, Adolf, impeccablement vêtu, canne au pommeau en ivoire à la main, les attendait, faisant les cent pas sur le trottoir d’en face, ruminant dans son for intérieur combien il fallait être décérébré pour croire à de pareilles sornettes.
    – Mon bon Gustl, essaye de te représenter ce que signifie la Bible : Dieu crée les conditions du péché, puis, avec l’aide du diable, il réussit à faire pécher l’homme et à l’éjecter du paradis. Et après, il se sert d’une vierge pour mettre au monde un fils qui, en mourant, va racheter la faute d’Adam et du coup celle de l’Humanité ! Maintenant, je te le demande, Gustl, comment peut-on avaler une telle quantité d’âneries ?
    Embarrassé, August s’était tortillé pour répondre :
    – Tu as sans doute raison, Adolf, mais c’est ma mère qui veut que je l’accompagne. Elle est croyante… comme ta mère, d’ailleurs.
    August et ses parents sortaient de l’église lorsque Adolf traversa et vint à leur rencontre. Après avoir respectueusement salué Herr Kubizek, puis Frau Kubizek, il fit signe à son ami de le suivre jusqu’au carrefour Schmiedtoreck. Là, il lui désigna le grand café Baumgarten et la terrasse pleine de gens endimanchés.
    – Elle est à l’intérieur avec sa mère et un capitaine que je n’ai encore jamais vu. Gustl, je ne supporte plus cette situation… J’ai un plan.
    – Un plan ?
    – Je vais l’enlever, et tu vas m’aider.
    – Comment ça, l’enlever ?
    – Tout ce dont j’ai besoin, c’est que tu me trouves une échelle suffisamment haute pour atteindre la fenêtre du deuxième étage de son immeuble.
    August prit un air sincèrement préoccupé.
    – Tu es sûr que c’est la fenêtre de sa chambre ?
    – Oui, je le sens dans tout mon organisme, donc c’est impossible que je me trompe.
    – Alors une fois en bas de l’échelle, vous allez partir tous les deux en courant, c’est ça ton plan ?
    – Oui, pour une fois tu sembles avoir compris du premier coup !
    Piqué au vif, August insista.
    – Tu sais où l’emmener au moins ?
    La lueur qui traversa le regard d’Adolf déclencha un haussement d’épaules.
    – On ira où elle voudra.
    Le très prosaïque August ne s’avoua pas vaincu.
    – Avec quel argent vous allez vivre tous les deux ? Il en faut, tu sais.
    Adolf se mordit la lèvre inférieure.
    – Bah, l’argent ! Quand on s’aime vraiment il y a toujours une solution.
    Les jours passèrent : August ne trouvant pas d’échelle suffisamment longue pour atteindre le deuxième étage, Adolf proposa d’en fabriquer une en

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