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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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si Adolf parvenait à convaincre son père de le laisser tenter l’inscription au Conservatoire, ce serait un haut fait digne de Siegfried neutralisant le dragon Fafner, rien de moins.
    ***
    Le 16 mai, Adolf était de retour.
    Prévenu par sa dernière carte postale (il en avait reçu quatre), August l’attendait à la descente du train.
    – Comment va Stefanie ? Tu l’as vue ? Tu lui as parlé ? Qu’as-tu répondu quand elle t’a demandé où j’étais ?
    – Le temps a été mauvais depuis que tu es parti et il a beaucoup plu, aussi je ne l’ai vue que trois fois, et de loin… Elle était avec sa mère, comme d’habitude…
    – Elle ne t’a donc pas vu ?
    – Non.
    Adolf se détendit.
    – Voilà pourquoi elle ne t’a pas demandé de mes nouvelles.
    August changea de sujet.
    – Dis-moi, Tristan à l’Hofopera, c’est aussi bien qu’on le dit ?
    Adolf se composa un air solennel.
    – Désormais, pour moi, plus rien ne sera pareil.
    – À ce point ? Qui dirigeait ?
    Adolf prit un air songeur qui, selon l’éclairage, lui allait plus ou moins bien.
    – Gustav Mahler !
    August hocha la tête à plusieurs reprises.
    – Tu étais bien placé ?
    Adolf exhiba les talons des tickets.
    – Première loge, qu’est-ce que tu crois ? J’étais si bien placé que lorsque Tristan agonise j’ai eu l’impression que c’était sur mes chaussures !
    – Oh !
    Adolf prit la pose et poussa un profond soupir ressemblant à s’y méprendre à celui poussé par Anna dans Les Maîtres chanteurs , lorsqu’elle apprend que le vieux barbon Beckmesser va peut être gagner le concours de chant et ainsi l’épouser.
    – Dans Tristan , Richard utilise le langage chromatique pour signifier le monde de l’intuitif et de l’irréel, et il utilise le langage diatonique pour illustrer le monde du réel et du rationnel… tu me suis ? Il a ainsi créé un monde sonore où j’ai eu l’impression de voir à travers ce que j’entendais, l’état d’âme de chaque personnage. Je te le dis comme je le pense, Gustl, cet homme est un pur génie.
    Pour toute réponse, August tendit une main vers la valise.
    – Si tu veux, je te la porte.
    Adolf voulut et August eut tout le temps de le regretter. On eût dit que son ami avait rempli sa valise avec des pierres tant elle pesait.
    – Tu y retournes à l’automne ?
    – Non… j’ai décidé d’étudier une année de plus. Je me présenterai l’année prochaine. Je ne peux pas me permettre d’échouer.
    Malgré la joie évidente de sa mère qui le serra longuement contre elle en l’embrassant plusieurs fois sur le front et les deux joues, Adolf perçut quelque chose d’infiniment triste dans sa voix comme dans sa physionomie… quelque chose qui n’y était pas avant, qu’il ne s’expliquait pas et qu’il s’empressa de chasser de sa mémoire.

20
    « Se lancer dans la tentative de comprendre Hitler, de comprendre tous les processus qui ont transformé cet enfant innocent en un tueur féroce, c’est courir le risque de rendre ses crimes compréhensibles, et par conséquent, admettre la possibilité illicite d’avoir à lui pardonner. Comprendre c’est pardonner, dit l’adage. »
    Ron Rosenbaum, Pourquoi Hitler ?
    Humboldsrasse 31.
    14 janvier 1907.

    Onze jours après le quatrième anniversaire de la disparition d’Aloïs, Klara se rendit dans la Landstrasse où se trouvait le cabinet de consultation du docteur Eduard Bloch. Elle se plaignit d’une douleur lancinante dans la poitrine qui, depuis deux jours, l’empêchait de dormir. L’examen révéla une importante tumeur au sein gauche.
    – Frau Hitler, vous n’êtes pas raisonnable ! Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Cela doit faire des mois que vous souffrez !
    – Je pensais que ça passerait… C’est donc grave ?
    – Ça peut le devenir si vous ne vous faites pas opérer.
    Klara manqua d’air. L’idée de subir une intervention chirurgicale la terrifiait.
    – Je peux en mourir, docteur ?
    Le médecin protesta, le regard fuyant.
    – Vous n’avez que quarante-six ans et vous êtes d’une constitution plutôt robuste… Seulement, avec un sarcoma pectoris de cette taille il ne faut plus attendre.
    Consultant son agenda, il se composa un air détaché pour dire :
    – Je vous recommande le docteur Urban. C’est un excellent chirurgien, vous ne sentirez absolument rien. Je peux vous prendre un rendez-vous pour… disons… cet

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