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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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pas la peine d’aller dormir chez Weber ce soir, il est prévenu aussi !

25
    Und willst du nicht mein Bruder sein, so schlag ich dir den Schädel ein.
    (Et si tu ne veux être mon frère, je te casse le crâne.) Vieille promesse celte
    Obdachlosenasyl (Asile pour indigents).
    District de Meidling, Vienne.

    Les portes de l’asile de nuit s’ouvrirent et les miséreux se précipitèrent dans le hall d’accueil. Des employés en blouse bleue et casquette noire repoussèrent alors le trop-plein dans la rue puis refermèrent les portes sur les retardataires qui protestèrent énergiquement. Les heureux élus se mirent en rang sous un grand portait à l’huile de Herr Künast, le fondateur de l’établissement, puis ils défilèrent le long d’un couloir où on leur remit un carnet de sept coupons donnant droit à sept nuits : passé ce délai, on était prié de laisser la place à un autre nécessiteux.
    Reinhold Hanisch souffla sur ses doigts pour les réchauffer : il était resté deux heures à faire le pied de grue sur le trottoir et il aurait donné cher pour un verre de schnaps. Son voisin, un jeune type qui n’avait même pas de manteau,
pouvait à peine tenir le porte-plume pour signer sa fiche d’entrée.
    – Dortoir 4, lit 268, dit l’employé en dévisageant sévèrement le visage tuméfié du jeune homme : un flamboyant cocard lui fermait presque l’œil gauche. Je te préviens qu’ici on veut pas de bagarre. Au moindre problème, raus  ! Allez, allez, au suivant !
    Hanisch vit le dos du jeune type se raidir sous son veston élimé.
    – De quel droit me tutoyez-vous ? Nous n’avons pas gardé les cochons ensemble !
    – C’est parce que tu les gardais tout seul ! Maintenant, tu prends ta carte et tu la fermes, sinon j’appelle Peau de vache. J’ai dit AU SUIVANT !
    Hanisch s’approcha.
    – Encore toi, Fritz Walter ! Je croyais que tu avais trouvé un emploi, lui dit l’employé d’une voix morne.
    Hanisch sourit de toutes ses dents jaunes.
    – La place n’était pas assez bonne, mein Herr .
    Un autre employé au faciès de vieux boxeur, vêtu d’une blouse verte et coiffé d’une casquette de cuir, les conduisit par groupes de vingt jusqu’au vestiaire jouxtant une salle de douche d’une propreté scrupuleuse.
    – Tout le monde à poil ! Faites passer vos guenilles pour la désinfection par ce guichet ! Schneller ! Schneller !
    Tout en se déshabillant, Hanisch s’amusa de l’extrême embarras de son voisin au fur et à mesure qu’il dévoilait des sous-vêtements en laine crasseux, des bottines ressemelées avec du carton d’emballage, des côtes saillantes, une peau blafarde mouchetée d’innombrables piqûres de punaises, certaines infectées pour avoir été trop grattées. Il gardait les yeux obstinément baissés, et quand il fut nu, il cacha son sexe dans ses mains en conque avant d’entrer dans la salle des douches.
    Une fois propres et secs, leurs vêtements leur furent restitués vierges de tout parasite, mais encore humides et dégageant une odeur entêtante de désinfectant. Le même employé les mena dans un vaste réfectoire éclairé électriquement où on leur servit une soupe de légumes et un morceau de pain de cent grammes. Le tchèque dominait nettement le brouhaha des voix.
    Hanisch s’assit entre un vieux qui malgré la douche sentait encore l’oignon frit et le jeune blanc-bec au cocard de tout à l’heure.
    La soupe était brûlante et épaisse, comme d’habitude, mais elle était fade. Hanisch sortit sa réserve de sel qu’il gardait dans du papier journal. Il vit le regard de son voisin. Il se servit puis lui tendit le sachet :
    – Servez-vous, je vous en prie, ils n’en donnent jamais ici, il faut avoir le sien.
    – Je vous remercie, monsieur.
    – C’est tout naturel… Permettez-moi de me présenter : Fritz Walter, de Berlin.
    Posant sa cuillère, son voisin redressa la mèche qui lui barrait le front et se présenta à son tour :
    – Adolf Hitler, artiste peintre, ancien élève des Beaux-Arts.
    Hanisch opta pour une mimique approbative.
    – Je suis moi-même graveur et il m’arrive de taquiner le pinceau.
    Ceux qui avaient terminé leur soupe rendaient l’assiette et la cuillère et se rangeaient dans le couloir.
    – Dépêchez-vous au lieu de jacasser comme des mémères, y en a qui attendent votre place ! les apostropha l’employé à la casquette en cuir et au nez cassé.
    Adolf allait pour se

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