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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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ici ?
    – Oui, bien sûr. Suis-moi, je vais te montrer.
    Ensuite, le gardien lui offrit une couverture et le regarda s’allonger sur le plancher, au pied du poêle, non loin du gros chien qui l’accueillit d’un coup de langue sur la main.
    Le lendemain, dès la première heure, Adolf devenait manœuvre de quatrième catégorie (trois  Kronen journalières) pour le compte de la société de construction Hermann-Waldeck. En peu de temps, il comprit pourquoi aucun diplôme n’était exigé ; il suffisait d’obéir à Rico Bicou, le contremaître italien, qui aboyait dans un mauvais allemand les ordres de soulever, tirer, pousser, poser. La journée terminée, Adolf fit la queue et reçut trois pièces de une  Krone qu’il regarda comme jamais encore il n’avait regardé trois pièces de une Krone . Trois Kronen pour des paumes écorchées, des muscles surchauffés, des doigts gonflés, trois ongles cassés… et une grosse fatigue qui lui brouillait les idées.
    Il dîna dans la cabane du gardien de nuit et ce dernier lui offrit une copieuse Mehlspeise préparée par son épouse qu’il ne put terminer tant son estomac s’était rétréci ces derniers temps.
    Son veston roulé en boule comme oreiller, il se coucha au pied du poêle en compagnie de Wolf et s’endormit.
    ***
    La pause-déjeuner allait prendre fin quand un couvreur sudète et un maçon hongrois prirent place sur la poutre qui lui servait de siège. Aimablement, avec des sourires entendus et des gestes apaisants, ils lui donnèrent une quantité de bonnes raisons pour rejoindre au plus vite leur syndicat. Flatté qu’on lui prête attention après toutes ces semaines de grande solitude, Adolf les laissa parler sans les interrompre, et quand ce fut fini, il refusa, expliquant qu’il
ne voulait pas être astreint à une cotisation, ni participer à des réunions ou distribuer des tracts. Sans se formaliser, les deux délégués lui donnèrent une semaine de réflexion, abandonnant sur la poutre un exemplaire de l’ Arbeiterzeitung , l’organe des sociaux-démocrates, bête noire des lecteurs de l’ Alldeutsches Tagblatt .
    En soirée et malgré sa fatigue, il parcourut le journal syndical et trouva de quoi s’indigner, énervant le chien qui gronda en direction de son mollet.
    ***
    Le délai d’une semaine écoulé, les deux délégués vinrent s’asseoir près du jeune homme qui mâchait avec application du pain et du fromage.
    – Alors, camarade, as-tu réfléchi à notre proposition ?
    Adolf se leva et fit quelques pas en prenant l’air concerné de celui qui pèse ses mots. Après leur avoir dressé un récapitulatif du rôle de premier plan joué dans le passé par ce qu’il appelait les Germains d’Autriche, il leur décrivit brièvement la lutte sans merci que devaient livrer les dix millions de Germains autrichiens pour ne pas être culturellement, économiquement et racialement étouffés par les quarante-deux millions de Magyars, de Croates, de Tchèques, d’Italiens, etc.
    – Étant moi-même de pure souche allemande, vous comprendrez, messieurs, que je ne peux décemment adhérer à un syndicat dont la réussite politique sonnerait le glas de ma chère communauté.
    Pointant l’index vers le ciel nuageux, il allait ajouter un post-scriptum à sa réponse quand le sifflet de la reprise du travail l’interrompit.
    – On en reparlera, promirent les délégués en retournant à leur poste, la tête et les idées bourdonnant encore de ce qu’ils venaient d’entendre.
    – Pour un peu il m’aurait convaincu ! dit le couvreur sudète. Après tout, moi aussi je suis de souche allemande et les Tchèques ne sont pas tendres avec nous…
    – C’est pour ça que ce type est dangereux. Ce soir, à la réunion, je demande son expulsion du chantier.
    Le lendemain, Adolf fut sommé d’adhérer ou de prendre le risque de dégringoler d’un échafaudage. Il explosa d’une voix claire et qui portait loin :
    – Ah ! Elle est belle, votre social-démocratie !
    Avant qu’il ait pu dire un mot de plus, les deux délégués se jetèrent sur lui et le rouèrent de coups de poing puis, lorsqu’il fut à terre, de coups de pied et de talon. Personne ne lui porta secours. Il rampait vers la sortie quand le maçon hongrois le mit en garde.
    – Si tu as l’intention de te plaindre à la police, n’oublie pas que nous avons ici vingt témoins qui jureront sur l’honneur que tu as été pris à voler… et ce n’est

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