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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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manger.
    Il croisa des écoliers revenant du parc d’amusement, et son cœur se serra : l’un d’eux en Lederhosen tenait dans ses mains Le Prisonnier du désert , le livre même qui l’avait initié au Far West… Que penserait Winnetou en le voyant en aussi piteux état ? Ne jugerait-il pas sévèrement sa présente apathie, son manque total d’initiative ?
    Il redressa sa mèche et serra les poings pour mieux se houspiller.
    – Je dois réagir, je dois m’organiser, mais avant je dois manger.
    Après s’être assuré que personne ne le voyait, il dissimula sa sacoche dans un épais fourré proche de la Rotonde, puis
il retourna dans la Hauptallee et chercha un vendeur ambulant : ils étaient nombreux à sillonner dans les deux sens la grande avenue qui traversait le Prater.
    – Une bratwurst, bitte , dit Adolf à un Serbe mal rasé qui poussait sa boutique à bras devant lui.
    – Avec ou sans moutarde ? demanda le vendeur, piquant avec sa fourchette une saucisse qu’il glissa dans un morceau de pain.
    – Avec.
    L’homme enveloppa la bratwurst dans une feuille de journal et la lui tendit.
    Adolf s’en saisit et détala dans la première contre-allée en vue, courant sans se retourner, le pouls à cent cinquante. Il s’arrêta lorsqu’il fut certain de ne pas être pourchassé.
    Son souffle retrouvé, il dévora son larcin en quelques bouchées, se reprochant amèrement de ne pas en avoir commandé deux. Quand il retrouva le fourré dans lequel il avait dissimulé sa sacoche, celle-ci n’y était plus. Lui qui pensait avoir atteint le fond du malheur mesurait son erreur : il y avait toujours pire que le pire. Il pleura en songeant à la photographie de sa mère qui le suivait depuis Steyr.
    La nuit tomba, l’air se refroidit encore un peu, le Prater se vida lentement de ses promeneurs et bientôt il fut seul à errer dans les allées, regrettant son manteau, mais aussi sa malle dans laquelle, présentement, il aurait volontiers dormi.
    Faute de mieux, il passa sa première nuit à la belle étoile sur un banc de la Rotonde. Vers 3 heures du matin, la pluie tomba, l’obligeant à s’abriter sous les arcades. Il ne put se rendormir.
    Au lever du jour, courbaturé, toujours fatigué, mais plutôt fier d’avoir survécu tel un authentique Mescalero, il se mira dans l’une des fontaines pour se raser et se coiffer. Tout en égalisant ses moustaches, il songea à son père, à sa mère, à Leo, à tous ceux qui lui avaient prédit cette échéance s’il
ne terminait pas ses études. Il les imaginait hochant la tête, l’air navré : Nous t’avions pourtant prévenu, mon garçon, mais tu n’as pas voulu nous écouter !
    Il sortit du Prater et consacra sa journée à chercher de la nourriture. S’inspirant des techniques apaches de vol de chevaux qui consistaient à repérer les lieux mais aussi les voies de repli, Adolf commit au nom des circonstances une série de rapines qui lui valurent quelques émotions fortes. Il vola ainsi à l’étalage deux pommes du Féralas, une carotte de Durotar, une grappe de raisin d’Azéroth, et une miche de pain noir d’Arethi qui lui cala l’estomac pour le reste de la journée.
    En début de soirée, il avisa un chantier près du canal ; il escalada péniblement la palissade et s’introduisit à l’intérieur d’une cahute abritant du matériel de maçonnerie. Quand Josef Weber le gardien et son chien Wolf le découvrirent, Adolf grelottait de froid entre deux piles de sacs de ciment. Bien que son devoir exigeât qu’il le remette à la police, le gardien préféra l’inviter d’une voix bourrue à se réchauffer dans sa cabane.
    – Tu es maigre, c’est vrai, mais tu es jeune, alors pourquoi tu ne travailles pas ? lui demanda Josef Weber en réchauffant un fond de soupe aux haricots sur le poêle.
    Adolf haussa les épaules, affolé par le fumet dégagé par la soupe dans la casserole.
    – Je n’ai pas de diplôme, je ne sais rien faire d’autre que peindre et dessiner.
    – Tout ce qu’il faut pour être manœuvre, c’est du cœur à l’ouvrage, rien d’autre ! Si tu veux, demain je te présente au contremaître, c’est mon beau-frère. Je suis certain qu’il te trouvera quelque chose à faire… De toute façon, tu n’as pas le choix, tu ne peux pas rester comme ça !
    Après la soupe aux haricots, Weber lui offrit du pain et du fromage de chèvre qu’il engloutit en grognant de bonheur.
    – Il y a des toilettes

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