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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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voix parut ranimer Catherine beaucoup plus efficacement que tous les cordiaux de dame Shoolbred, et la pâleur de ses joues se dissipa pour faire place aux plus belles et aux plus vives couleurs. Elle repoussa son amant avec ses deux mains que jusqu’à cet instant sa faiblesse ou son affection, éveillée par les événemens de la matinée, avait presque abandonnées à ses caresses. Henry Smith, timide comme nous le connaissons, manqua de tomber en se relevant ; et tous avaient leur part de confusion, à l’exception pourtant de dame Shoolbred qui saisit un prétexte pour se détourner, afin de se procurer la jouissance de satisfaire à leurs dépens une envie de rire qu’il lui était absolument impossible de contenir, et à laquelle le gantier, dont la surprise quoique grande fut de courte durée, prit sincèrement part.
    – Et de par saint Jean ! dit-il, je croyais que le spectacle que j’ai vu ce matin me guérirait de l’envie de rire, au moins jusqu’à ce que le carême fût passé ; mais voici qui dériderait mon front quand je serais à la mort. Ah ! ah ! ah ! Je vois là l’honnête Henry Smith, qu’on pleurait comme mort et qu’on carillonnait du haut de tous les clochers de la ville, qui me paraît se porter à merveille si j’en juge d’après son teint rubicond, frais et animé ; il ne songe pas plus à mourir que le plus vigoureux gaillard de l’endroit. Et voilà ma chère fille qui hier ne parlait que de la perversité des mauvais sujets qui fréquentent les lieux profanes et protègent les filles de joie, oui, ma fille, qui défiait tout à la fois saint Valentin et saint Cupidon, la voilà transformée elle-même en fille de joie, autant que j’en puis juger. Parbleu ! je suis charmé de voir, ma bonne dame Soolbred, que vous qui ne prêtez la main à aucun désordre, vous soyez de cette partie d’amourette.
    – Vous me faites injure, mon très cher père, dit Catherine comme si elle était prête à pleurer. Je suis venue ici dans des intentions bien différentes de celles que vous supposez. Je suis venue parce que… parce que…
    – Parce que vous vous attendiez à trouver un amant mort, dit son père ; et vous en avez trouvé un en bonne santé qui peut vous rendre vos caresses. Parbleu ! si ce n’était pas un péché, je crois que je remercierais le ciel du fond du cœur de ce que ma fille a été amenée enfin à convenir qu’elle était femme. Simon Glover n’était pas digne non plus d’avoir une sainte pour sa fille. Allons, allons, ne me jetez pas des regards si piteux et n’attendez pas de moi des condoléances. Seulement je tâcherai de modérer mes transports si vous voulez avoir la bonté de sécher vos larmes, ou d’avouer que ce sont des larmes de joie.
    – Dût ma vie dépendre d’un pareil aveu, dit la pauvre Catherine, je ne saurais quel nom leur donner. Tout ce que je vous demande, mon cher père, et ce que je demande à Henry, c’est de bien croire que je ne serais jamais venue ici, si… si je…
    – Si vous n’aviez cru que Henry ne pouvait venir chez vous, dit son père. Et à présent donnez-vous la main en signe de paix et de bonne intelligence, et soyez ensemble comme de véritables Valentins. C’était hier le mardi-gras, Henry. Nous tiendrons pour certain que tu as fait l’aveu de tes folies, que tu as obtenu l’absolution, et que tu es déchargé de tous les crimes qui t’étaient imputés.
    – Quant à cela, mon père, dit l’armurier, maintenant que vous êtes assez de sang-froid pour pouvoir m’entendre, je vous jure sur l’Évangile et je prends ma nourrice Shoolbred à témoin, que…
    – Allons ! allons ! dit le gantier, à quoi bon réveiller des querelles qui doivent être toutes oubliées ?
    – Holà ! Simon ! Simon Glover ! crièrent d’en bas plusieurs voix.
    – En effet, mon fils Smith, dit le gantier d’un ton sérieux, nous avons à nous occuper d’autre chose. Il faut que vous et moi nous nous rendions sur-le-champ au conseil. Catherine restera ici avec dame Shoolbred qui en prendra soin jusqu’à notre retour ; et alors, comme la ville est sens dessus dessous, nous la porterons à nous deux chez moi, Henry, et ils seront hardis ceux qui voudront nous barrer le passage.
    – Savez-vous, mon cher père, dit Catherine en souriant, que vous usurpez les fonctions d’Olivier Proudfute, ce vaillant citadin, le frère d’armes de Henry ?
    La figure de son père se rembrunit.
    – Vous

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