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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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ces exclamations du désespoir, et en jouit comme d’une indemnité des sarcasmes et des reproches que lui avait adressés le prince par suite de l’aversion qu’un mouvement d’instinct lui inspirait contre ce scélérat. Lorsque le malheureux jeune homme épuisé et perdant tout espoir garda le silence, le barbare résolut de se présenter aux yeux de son prisonnier ; il tira les verroux, détacha la chaîne et ouvrit la porte. Rothsay se souleva autant que ses fers le lui permettaient ; une lueur rouge qui se répandit dans le caveau lui fit d’abord fermer les yeux, et quand il les rouvrit, ce fut pour reconnaître la figure sauvage d’un être qu’il avait tout lieu de regarder comme mort ; il se laissa retomber sur sa paille avec horreur. – Je suis jugé et condamné, s’écria-t-il, et le plus abominable démon de l’enfer est envoyé pour me tourmenter.
    – Je vis, milord, dit Bonthron, et pour que vous viviez et que vous jouissiez de la vie, mettez-vous sur votre séant, et mangez votre déjeuner.
    – Délivre-moi de ces fers, dit le prince ; tire-moi de ce cachot, et quelque scélérat que tu sois, tu seras l’homme le plus riche d’Écosse.
    – Quand vous me donneriez en or le poids de vos fers, répondit Bonthron, j’aimerais mieux vous en voir chargé que de posséder ce trésor. – Mais regardez, vous aimiez à faire bonne chère, voyez celle que je vous ai préparée. À ces mots le misérable, avec un sourire infernal, prenant un paquet qu’il portait sous le bras, écarta un morceau de cuir qui le couvrait, et faisant passer à plusieurs reprises la lumière de sa lampe devant l’objet qu’il apportait, il montra au malheureux prince la tête d’un bœuf récemment séparée du corps, ce qui est connu en Écosse comme étant une annonce de mort inévitable ; il la plaça au pied du lit, ou plutôt de la litière où le prince était étendu. Ménagez bien ces vivres, ajouta-t-il, car il est probable qu’il se passera du temps avant que vous ayez un autre repas.
    – Dites-moi seulement une chose, misérable, dit Rothsay ; Ramorny sait-il de quelle manière je suis traité ?
    – Sans cela, comment t’aurait-on attiré ici ? répondit le meurtrier ; pauvre bécasse, tu t’es laissé prendre au piége !
    À ces mots il ferma la porte, poussa les verrous, et laissa le prince infortuné dans les ténèbres, la solitude et le désespoir. – Ô mon père ! mon père ! s’écria-t-il, tu as véritablement été prophète ! Le bâton sur lequel je m’appuyais est devenu un javelot. – Nous ne nous étendrons pas sur les heures et les jours qu’il passa ensuite en proie à toutes les souffrances et à tous les tourmens du corps et de l’esprit.
    Mais la volonté du ciel n’était pas qu’un si grand crime fût commis avec impunité.
    Catherine Glover et la chanteuse, quoique négligées par les autres habitans du château qui semblaient n’être occupés que de la situation du prince, ne purent cependant obtenir la permission d’en sortir avant qu’on eût vu comment se terminerait cette maladie alarmante, et si elle était réellement contagieuse. Forcées de se faire société l’une à l’autre, ces deux femmes isolées devinrent compagnes, sinon amies, et leur union se resserra davantage quand Catherine eut appris que c’était précisément la chanteuse à cause de laquelle Henry Smith avait encouru son déplaisir. Elle entendit avec transport cette jeune femme justifier complètement son protecteur, et lui donner toutes les louanges que méritait sa conduite ; d’une autre part Louise, qui sentait la supériorité de la condition et du caractère de Catherine, insistait volontiers sur un sujet qui paraissait lui plaire, et elle prouvait sa reconnaissance pour le brave armurier en répétant souvent la chanson du Bleu Bonnet, qui fut long-temps une chanson favorite en Écosse.
     
    Ô Bleu Bonnet, toujours fier et fidèle,
    De ta parole esclave en paladin,
    Toi dont le cœur est loyal pour ta belle,
    Comme ta tance est ferme dans ta main,
    Donne à mes chants un sacré caractère ;
    Puis-je en trouver un plus digne sujet ?
    J’ai parcouru l’Europe entière,
    Je n’ai trouvé qu’un Bleu Bonnet.
     
    Levant l’épée et brandissant la lance,
    Mes yeux ont vu la fleur des chevaliers
    De l’Allemagne et de la belle France
    Se couronner des plus nobles lauriers.
    J’ai vu les fils de la libre Angleterre,
    Sans se tromper, au but lancer un

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