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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’améliorait et il aperçut sur sa gauche une housse aux couleurs vives
ainsi qu’un pied en cotte de mailles dans un gros étrier en cuir. Il donna un
coup d’épée, à travers la housse, dans le ventre du cheval. La bête fit un
écart. Thomas fut traîné par la lame qui était restée enfoncée mais il lui
donna une violente secousse qui la libéra et le fit reculer contre un écu
anglais.
    La charge n’avait pas brisé la ligne mais s’était brisée
contre elle comme une vague contre une falaise. Les chevaux reculèrent et les
hommes d’armes anglais avancèrent pour attaquer les cavaliers qui abandonnaient
leurs lances et tiraient leurs épées. Thomas fut poussé à l’écart par les
hommes d’armes. Il était pantelant, étourdi et aveuglé par la sueur. Sa tête
n’était que douleur. Devant lui, un archer était étendu mort, la tête écrasée
par un sabot de cheval. Pourquoi ne portait-il pas de casque ?
    Les hommes d’armes reculèrent car d’autres cavaliers
passaient entre les morts pour venir au combat. Tous se dirigeaient vers la
haute bannière du prince de Galles. Thomas frappa la tête d’un cheval avec son
bouclier, sentit un coup oblique sur son épée et embrocha le flanc de l’animal
avec son arme. Le cavalier se battait de l’autre côté. Thomas vit une petite
ouverture entre le haut pommeau de la selle et la cotte de mailles. Il enfonça
son épée dans le ventre du Français, entendit le grondement rauque de l’homme
se changer en cri aigu, puis il vit le cheval tomber sur lui. Il s’écarta
vivement, bousculant quelqu’un au passage, avant que la bête ne s’abatte en
agitant les sabots dans un grand bruit d’armure. Les hommes d’armes anglais
passèrent par-dessus l’animal agonisant pour aller à la rencontre de l’ennemi
suivant. Un cheval, avec une flèche de fer enfoncée profondément dans sa
cuisse, se cabrait et se battait à coups de sabots. Un autre cheval essaya de
mordre Thomas. Il le repoussa avec son bouclier puis frappa de l’épée son
cavalier. Mais celui-ci tourna bride et Thomas se mit frénétiquement en quête
d’un autre ennemi.
    — Pas de prisonniers ! cria le comte en voyant un
homme qui essayait de tirer un Français hors de la mêlée.
    Le comte avait jeté son bouclier et brandissait son épée des
deux mains, frappant comme un bûcheron et défiant chaque Français de venir
l’affronter.
    Ils relevèrent son défi. De plus en plus de cavaliers
entraient dans la mêlée. Il semblait qu’il en viendrait toujours. Le ciel était
empli de drapeaux et d’armes, l’herbe parsemée de fer et rendue glissante à
cause du sang. Un Français frappa le casque d’un Anglais avec le bas de son
écu, fit pivoter son cheval, enfonça son épée dans le dos d’un archer, pivota
encore et abattit l’homme encore étourdi par le coup d’écu.
    — Montjoie saint Denis ! cria-t-il.
    — Saint Georges !
    Le comte de Northampton, la visière levée et la face
éclaboussée de sang, enfonça son épée dans un chanfrein pour atteindre l’œil du
cheval. La bête se cabra et son cavalier fut désarçonné puis piétiné par le
cheval qui venait derrière lui. Le comte chercha le prince et ne put le
trouver, mais il lui fut impossible de continuer sa recherche car un nouveau
conroi portant des écus noirs marqués d’une croix blanche entra dans le combat
en écartant de son chemin amis comme ennemis et en dirigeant les lances vers
l’étendard du prince.
    Thomas vit une lance munie d’un déflecteur venir sur lui. Il
se jeta à terre, se mit en boule et laissa passer les lourds destriers.
    — Montjoie saint Denis ! criaient les hommes du
comte d’Astarac au-dessus de lui en fonçant vers leur objectif.
     
    Messire Guillaume n’avait jamais rien vu de tel. Et il espérait
bien ne jamais le revoir. Une grande armée était en train de se briser sur une
ligne d’hommes à pied.
    À vrai dire, la bataille n’était pas perdue et messire
Guillaume était parvenu à se convaincre qu’elle pouvait encore être gagnée,
mais il avait aussi pris conscience qu’il y avait chez lui un manque d’énergie
qui n’était pas naturel. Il aimait la guerre. Il adorait le déchaînement de la
bataille. Il lui plaisait d’imposer sa volonté à l’ennemi et il avait toujours
tiré avantage du combat, et pourtant il sentait brusquement qu’il n’avait pas
envie de charger sur cette colline, comme si l’endroit était marqué par

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